Italie: 1000 hommes à la poursuite de «Igor le Russe», Rambo de l’Émilie-Romagne

Depuis plus de dix jours maintenant, une épique chasse à l’homme se poursuit dans le nord de l’Italie, en Émilie-Romagne, entre la province de Ferrare et celle de Bologne, au milieu des vastes marais du delta du Pô. L’ennemi numéro 1 c’est un quadragénaire aux airs de Rambo que toute la presse italienne appelle « Igor le Russe ». Auteur de deux meurtres, entre le 1er et le 8 avril, il serait armé jusqu’ aux dents. Plus de 1000 hommes sont désormais à ses trousses.

-Igor Vaclavic ou le fugitif « Igor le Russe» (capture d'écran). youtube.com

Un tel déploiement de forces pour un seul homme est pratiquement sans précédent, en termes de nombre de policiers, carabiniers et corps d’élite anti-mafia et anti-terroriste mobilisés autant de jours. Ils sont accompagnés de chiens renifleurs, travaillent avec l’auxiliaire d’appareils très sophistiqués et de drones. Mais impossible de mettre la main sur « Igor le Russe », homme aux 10 profils différents sur Facebook, qui, d’après le commandant des carabiniers le général Tullio Del Sette, serait un Serbe âgé de 41 ans, arrivé en Italie en 2005.

Inculpé pour divers vols avec violences en 2011, cet individu a passé 4 ans en prison à Ferrare. ll en est sorti en 2015 avec une feuille d’expulsion qu’il a soigneusement déchirée. Depuis, tantôt il vivait dans la campagne bolognaise comme un voleur de poules. Tantôt, il se rendait en Espagne pour gagner de l’argent en tant que gigolo.

De voleur de poules à meurtrier

L'affaire remonte au 1er avril : le visage cagoulé, il a tenté de braquer la caisse d’un bar près de Bologne et a abattu le patron d’une balle en plein cœur, avec un révolver calibre 9 qu’il avait, bien sûr, volé. Là, il a fait perdre ses traces. Sept jours après, nouveau meurtre : « Igor le Russe » tue un garde-pêche. Sa planque, ce seraient les vastes marais de l’Émilie-Romagne, avec flore foisonnante, chevreuils, sangliers et lièvres. Il en connait tous les secrets : entre forêts de bambous, champs cultivés, granges à l’abandon et canaux d’irrigation.

La police possède quelques indices qui permettent de penser que le truand est toujours dans les marais : notamment des lambeaux de vêtements retrouvés dans une grange et tâchés de sang dont l’ADN correspond à celui du fugitif, qui serait donc blessé.

Entraîné aux situations de survie

Par ailleurs, une barque a été dérobée à un paysan et serait utilisée par ce véritable Rambo, pour ses déplacements la nuit. Il faut dire que le sujet est parfaitement entraîné aux situations de survie. Avant d’être incarcéré, il semait la terreur dans les alentours de Bologne avec sa machette, son arc et ses flèches. Durant son séjour en prison, il effectuait chaque jour « 10 000 pompes » selon son compagnon de cellule, à qui il racontait qu’il pouvait se nourrir de tout : « herbes sauvages, animaux morts » et qu’il « savait respirer sous l’eau à l’aide d’une paille ».

Bref, un personnage de film, avec un probable passé militaire et certainement aux multiples facettes. Ainsi en prison, il participait, doux comme un agneau, aux cours de catéchisme et avait sympathisé avec l’aumônier carcéral. Don Antonio Bentivoglio l’avait d’ailleurs baptisé en lui donnant ce prénom biblique : Ézéchiel, qui signifie en hébreu « Force de Dieu ».