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Revue de presse des hebdomadaires français

A La Une: Fillon, fin de parcours?

Publié le :

AFP
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C’est Le Journal du Dimanche qui lâche ce matin cette bombe sur la campagne électorale de la présidentielle française. Selon Le JDD, le parquet national financier « opterait pour des poursuites contre les époux Fillon », et lesdites poursuites judiciaires devraient « intervenir cette semaine ». Cet hebdomadaire ajoute que « même les proches de l’ancien Premier ministre semblent désormais écarter l’hypothèse d’un classement sans suite ».

Bombe en effet, car François Fillon avait lui-même convenu qu’il se retirerait s’il était mis en examen. Et, manifestement, il persiste et signe puisqu’il se confie ce matin à ce-même JDD. En tournée électorale sur l’île de La Réunion, François Fillon déclare : « je l’ai dit. Je n’ai pas changé d’avis ».

Que peut-il se passer maintenant. Etant précisé qu’à l’heure où nous parlons, le toujours candidat de la droite n’est pas mis en examen, Le Journal du Dimanche brosse les perspectives judicaires de l’enquête. « Deux scénarios seraient à l’étude, énonce Le JDD : soit l’ouverture d’une information judiciaire […] ; soit une citation directe devant le tribunal correctionnel. Dans le premier cas, l’information serait ouverte contre personnes dénommées et non “contre X” ; il appartiendrait alors aux magistrats instructeurs de convoquer les intéressés pour les mettre en examen. […] Dans le second cas […] une citation directe pourrait donner lieu à un procès en correctionnelle dans un délai de onze jours – donc la dernière semaine de février ou la première de mars », détaille ce confrère.

Dans ce cas, la question du calendrier électoral se poserait. Etant rappelé que la date butoir pour le dépôt des candidatures à l’élection présidentielle est fixée au 17 mars, l’hypothèse de la citation directe évoqué par cet hebdomadaire conduirait à une audience qui « pourrait durer plusieurs jours et le délibéré avant la décision, plusieurs semaines », remarque-t-il. Le délai du 17 mars serait alors forcément dépassé. Toutefois, la justice « peut choisir ou non d’observer une “trêve électorale” et s’interdire toute poursuite avant le scrutin », complète Le JDD.

Fillon : moi ou le chaos

Ces prédictions ne sont pour l’heure que des informations de presse. Mais elles hissent assurément le pouvoir judicaire en première ligne. Tel Jules César en 49 avant Jésus-Christ, la justice franchira-t-elle le Rubicon dans la semaine ? C’est manifestement pour l’en dissuader que les quatre principaux dirigeants parlementaire de la droite française lui lancent ce matin un « appel » dans Le Journal du Dimanche pour l’enjoindre à ne pas « s’aventurer sur le terrain de la politique et des médias ». Christian Jacob, Bruno Retailleau, Philippe Vigier et François Zocchetto, respectivement présidents du groupe Les Républicainsà l’Assemblée nationale et au Sénat, ainsi que des groupes centristes dans ces mêmes institutions, prescrivent aux juges de respecter la « séparation des pouvoirs », déplorant que l’élection présidentielle ait, selon eux, été prise en « otage ».

François Fillon envisage-t-il lui-même l’hypothèse de son éventuel retrait de la course à l’Elysée ? La réponse est manifestement « oui », dans la mesure où il confesse ce qui suit au JDD : « Cela aboutirait à priver un courant de pensée qui est majoritaire en France, de candidat crédible », dit-il, avant d’évoquer la « colère » qui serait alors celle de l’électorat de droite. « Avec à la clé des voix supplémentaires pour le FN mais aussi selon lui une absence de majorité à l’Assemblée nationale », ajoute Le Journal du Dimanche, dans les colonnes duquel François Fillon prévient : « On se retrouverait dans une crise de régime ».

Fillon : dure, dure, mais c’est la loi des médias

Du reste, ces derniers jours, le regard de la presse a évolué sur « l’affaire Fillon ». Le contraste est saisissant. En début de semaine, François Fillon ne quittait plus les Une de la presse magazine, avec la mine grave des mauvais jours. Sur celle de L’Express, son profil droit apparaît tellement en gros plan qu’on devine sans peine les pores de sa peau. En sueur. Sur celle du magazine Le Point, l’intéressé, de trois-quarts face, n’est pas davantage à la fête.

Mais c’est sur celle de L’Obs que François Fillon est le plus durement croqué. Regard chafouin, affublé d’une perruque de théâtre, ça n’est plus le triomphal vainqueur de la primaire de la droite, c’est cet imposteur de « Tartuffe », personnage de Molière tout d’hypocrisie et de rouerie, faux dévot qui, rappelons-le, finit dans la pièce du grand dramaturge français par être chassé de la maison après que ses manigances aient été éventées. Tout est dans le titre, Tartuffe, un titre dont la fulgurante concision fait mal. Forcément. Qui, en France en effet, ne connaît pas « Le Tartuffe », cette pièce de théâtre de Molière, classique des classiques tout à la fois ancré dans la culture générale, apprise au collège, et dans l’inconscient collectif des Français ? Fillon-Tartuffe ? En un mot, tout est dit. Ici la presse hebdomadaire écrit comme on tire à la carabine.

En tout cas de nombre d’entre eux. De la primaire de la droite jusqu’à aujourd’hui, après avoir successivement léché, lâché et lynché Fillon, c’est donc à se demander si une bonne partie de la presse a fini par mesurer les conséquences de cette affaire, comme rattrapée par l’ombre de Marine Le Pen.

A la Une d’un des derniers hebdomadaires à paraître en kiosque, Marianne en l’occurrence, le changement est saisissant. On y voit Macron, Fillon, Hamon et Mélenchon et ce titre : « pourquoi ils peuvent la faire gagner ». « La », c’est bien sûr la candidate du Front national, tout sourire, les bras en croix en signe de triomphe. Attention, prévient en effet Marianne, après avoir « engrangé à la pelle le soutien des frustrés de la gauche » durant le quinquennat de François Hollande, Marine Le Pen « pourrait engranger les voix des déçus de la droite qui franchiront le Rubicon par dégoût ». Le Rubicon, tiens, tiens, le revoilà… cette fois-ci, nous y sommes.

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