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Aujourd'hui l'économie

Le «non» des Italiens, un défi à la zone euro

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Le résultat du référendum italien va-t-il contraindre la zone euro à changer de politique ? La Commission souhaite rompre avec l’orthodoxie budgétaire qui suscite un rejet croissant de l’Europe, mais le calendrier électoral complique un éventuel changement de cap.

Matteo Renzi, en conférence de presse, le 5 décembre 2016, après le rejet du référendum constitutionnel.
Matteo Renzi, en conférence de presse, le 5 décembre 2016, après le rejet du référendum constitutionnel. REUTERS/Alessandro Bianchi
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On a beaucoup évoqué avant le référendum le risque de crise bancaire en Italie et par ricochet de contagion dans toute la zone euro. Un tel risque est aujourd’hui relativisé par les marchés comme dans les réactions de la classe politique, les ministres participant à l’eurogroupe ont tous écarté cette hypothèse. En revanche, le risque d’une remise en cause profonde et très politique de la zone euro rejaillit de plus belle à la faveur du « non » des Italiens, car derrière le rejet de Matteo Renzi et de sa politique pointe le rejet de l’euro.

Beppe Grillo, le leader du mouvement populiste 5 étoiles, espère des élections rapides et un référendum sur cette question. D’après un sondage effectué à la mi-novembre, 48 % des Italiens souhaitent sortir de la zone euro. L’adhésion à la monnaie unique a été vécue dans la péninsule comme une fête. Mais depuis, les Italiens déchantent. Ils constatent que le produit intérieur brut a stagné et que la dette publique s’est envolée ; elle représente 130 % du PIB. 

Il y a un lien de cause à effet entre les difficultés économiques de l’Italie et son appartenance à l’euro ?

L’Italie souffre de plaies antérieures à la création de l’euro que la crise a aggravées, et que la monnaie unique n’a en rien guéries. Le fossé entre le Nord prospère et le Sud sous-développé perdure, et les maux sectoriels jamais traités comme la sous-capitalisation des banques sont toujours entiers. Les banques ont distribué du crédit à gogo, ce sont maintenant des créances douteuses, c’est-à-dire des pertes sèches potentielles susceptibles d’entrainer leur chute.

Les réformes effectuées au début des années 2010 sous la pression de Bruxelles pour alléger le déficit ont appauvri les Italiens. Celles mises en œuvre par Matteo Renzi pour résoudre le problème du chômage ont aussi échoué à changer la donne. L’austérité et les réformes structurelles sont devenues aujourd’hui des mots repoussoirs en Italie comme dans de nombreux autres pays européens où les populistes ont le vent en poupe.
 
La zone euro est-elle prête à changer de politique ?

Après les injonctions du FMI, de l’OCDE, la Commission européenne a elle-même fini par recommander à la zone euro de renouer avec la dépense publique. Après le choc du Brexit, elle a compris que le plus grand danger pour l’Europe et en particulier pour la zone euro serait de susciter le rejet des citoyens.

Pour concrétiser cette rupture avec l’orthodoxie budgétaire, Pierre Moscovici, le commissaire à l’Economie suggère une expansion budgétaire de 0,5 % du produit intérieur brut. Il y a peu de chances que l’eurogroupe endosse aujourd’hui cette proposition.

À cause de l’opposition de l’Allemagne ?

Les Allemands, mais aussi les Néerlandais, ont déjà réagi, en estimant sans surprise qu’une telle décision ne relevait pas de la Commission. C’est une position de principe, mais qui est aussi téléguidée par le calendrier électoral. L’an prochain, les Néerlandais, les Français puis les Allemands sont appelés aux urnes. Et dans tous ces pays, les populistes anti-européens constituent une menace pour les partis républicains, mais avec des exigences bizarrement contradictoires.

En France, le Front national rejette cette Europe de l’austérité tandis qu’aux Pays-Bas et en Allemagne, les partis extrémistes ne veulent plus de cette Europe qui oblige leur pays à plus de solidarité. La zone euro est aujourd’hui piégée par les intérêts nationaux qu’elle n’a pas réussi à transcender.

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