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Chronique des médias

Introspection médiatique après la victoire de Trump

Publié le :

La victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle du 8 novembre suscite une réelle introspection médiatique aux Etats-Unis mais aussi en France. 

La victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine à la Une du «New York Post», ce mercredi 9 novembre 2016.
La victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine à la Une du «New York Post», ce mercredi 9 novembre 2016. REUTERS/Shannon Stapleton
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« Les médias ne voulaient pas croire que Trump pouvait gagner. Donc, ils ont regardé dans l‘autre direction ». C’est par ces mots que Margaret Sullivan, du Washington Post, résume ce qui apparaît aux Etats-Unis comme le plus grand loupé médiatique depuis la guerre en Irak et ses prétendues armes de destructions massives. Un loupé ou plutôt un aveuglement qui -jusqu’au dernier moment- a privilégié l’entre soi d’une conviction raisonnable à la vérité d’une colère populaire : « la colère bouillante, écrit Jim Rutenberg dans Le New York Times, d’une grande partie de l’électorat américain, qui se sent négligée par une récupération sélective, trahie par des accords commerciaux considérés comme des menaces à leurs emplois et méprisée par l’establishment de Washington, de Wall Street et des médias traditionnels ».

C’est d'abord toute une croyance envers l’infaillibilité du chiffre qui est aujourd’hui remise en cause. Les journalistes ont suivi le baromètre du New York Times, fondé sur un algorithme, qui donnait encore le jour de l’élection 84% de chances à Hillary Clinton de battre son rival. Si les experts savaient que la dynamique de la courbe de Trump dans les sondages en faisait un possible vainqueur, l’analyse prédictive imposée par la donnée disait le contraire. « Ce soir les données sont mortes » a déclaré sur CNBC Mike Murphy, un stratège républicain. Trump, pourtant, ne s’est pas privé de recourir aussi à la data pour mieux cibler son action, à travers une firme de Cambridge.

L’examen de conscience porte aussi sur l’incapacité d’une caste journalistique, sociologiquement homogène, à prendre le pouls des classes populaires blanches. Sont pointés les effets de bulle alimentés par les réseaux sociaux qui maintiennent artificiellement les journalistes dans une actualité conditionnée par une élite alors même que les internautes sont de plus en plus orientés sur ces réseaux sociaux non par des médias d’influence mais par des proches. Convaincu que le vote Le Pen est du même ordre, le directeur de l’information de France Télévisions, Michel Field, insiste sur la nécessité de revoir les capteurs médiatiques en allant sur le terrain, en régions, plutôt que par la médiation des outils numériques ou des sondages. Ce souci du terrain aurait peut-être permis de prendre conscience que Trump le showman, que les journaux ne prenaient pas au sérieux et dont ils suivaient les déclarations tonitruantes de façon littérale, était à l’inverse pris au sérieux par ses électeurs sur ses intentions de faire revenir les emplois, sur sa volonté anti-immigration ou anti-terroriste mais… peut-être pas de façon littérale, à travers un mur avec le Mexique ou l'interdiction du pays aux musulmans.

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