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Le grand invité Afrique

F.-A. Touadéra: «C’est avec une grande fierté que la RCA retrouve sa place dans l’Union africaine»

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En Centrafrique, les deux derniers présidents, Michel Djotodia et Catherine Samba-Panza, ont été interdits de sommet à l’Union africaine. Mais le président actuel, Faustin-Archange Touadéra, vient d’être reçu avec tous les honneurs au 27e sommet de l’UA à Kigali. C’est la conséquence logique de son élection démocratique au début de cette année. Faustin-Archange Touadéra est un homme heureux, et il ne le cache pas, au micro de notre envoyé spécial à Kigali, Christophe Boisbouvier.

Faustin-Archange Touadéra sur le perron de l'Elysée, le 20 avril 2016.
Faustin-Archange Touadéra sur le perron de l'Elysée, le 20 avril 2016. REUTERS/Jacky Naegelen
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RFI : Après trois ans d’absence, la République centrafricaine est de retour à l’Union africaine. Quel est votre sentiment aujourd’hui ?

Faustin-Archange Touadéra : C’est un sentiment de fierté parce que depuis trois ans, la République centrafricaine était suspendue. Et aujourd’hui, c’est avec une grande joie et une grande fierté que la République centrafricaine retrouve sa place dans l’Union africaine, suite au retour à l’ordre constitutionnel. Donc c’est un moment important.

Comment cela s’est passé pour vous-même ? Il y a quelques mois, vous étiez encore inconnu pour beaucoup. Comment avez-vous été reçu par vos nouveaux pairs, chefs d’Etat africains ?

J’ai été, pour ainsi dire, félicité et encouragé. Donc, j’ai été très bien accueilli par mes pairs qui aujourd’hui ont beaucoup d’espoir pour la République centrafricaine.

Le report de l’élection du président de la Commission de l’Union africaine, vous vous y attendiez ou pas ?

Comme vous le dites, c’est un vote. Il y a eu des candidats et malheureusement, compte tenu de règlement intérieur de notre Union, on n’a pas pu dégager un président pour la Commission pour cette fois-ci. Mais je pense qu’après le débat, nous avons bon espoir qu’en janvier, nous aurons donc un nouveau président ou une présidente pour la Commission.

Sans être trop indiscret, est-ce que votre délégation avait plutôt voté pour l’un des trois candidats ou s’était plutôt abstenue ?

Nous avons voté pour ainsi dire aujourd’hui, c’est le retour de la République centrafricaine. Nous devions voter pour exprimer vraiment la position claire de la République centrafricaine. Nous avons voté.

Donc, vous ne vous êtes pas abstenus ?

Non.

Et on peut savoir pour qui vous avez voté ?

C’est le vote.

Le 9 juillet, lors de votre discours pour vos cent jours, vous avez déclaré « La patrie est en danger avec des régions entières contrôlées par des groupes armés ». C’est un langage fort que vous avez tenu, mais en même temps, est-ce que ce n’est pas un aveu d’impuissance ?

Non, c’est interpeller, mobiliser, et aussi dire aux Centrafricains que nous devions, tous, nous mobiliser pour faire la paix. Et aujourd’hui, cela vient après que nous ayons rencontré l’ensemble des responsables des groupes armés, et où nous avons indiqué comment nous entendons mener le processus du désarmement. Et pour la plupart, ils ont adhéré à cela.

Vous avez en effet ouvert votre porte à tous les groupes armés depuis votre élection. Et pourtant, le 5 juillet 2016, il y a eu à nouveau des combats meurtriers à Bambari entre deux factions de la Seleka. Est-ce que cela veut dire que finalement, le dialogue ne fait pas avancer les choses et qu’il faut peut-être plutôt employer la force ?

Pour l’instant, nous prônons le dialogue. Hélas, ce sont des conflits intergroupes.

Oui, mais meurtriers.

Oui, oui. Evidemment, nous déplorons. Aujourd’hui, la République centrafricaine n’a plus besoin de ça. Mais nous avons confiance parce que nous avons échangé avec beaucoup de ces responsables de groupes armés. Ils sont dans cette logique. Et n’oublions pas aussi que c’est la période des transhumances. Alors tous ces faits sont peut-être liés aussi au grand banditisme qu’à des activismes politiques.

Vous dites que la plupart des groupes armés sont ouverts au dialogue. Mais est-ce qu’il n’y a pas des irréductibles comme Noureddine Adam [l'ancien numéro deux de l’ex-Seleka], qui est réfugié au Tchad ?

Nous maintenons le dialogue. Et je pense qu’il y aura un effet puisque la structure que nous avons mise en place au niveau de la présidence a déjà lancé des invitations pour la représentation de tous les groupes armés. Je pense que ceux dont vous parlez pourraient revenir au bon sentiment pour que nous puissions vraiment désarmer toute la République centrafricaine.

Et il pourrait revenir à Bangui ?

Pourquoi pas ? On a signalé sa présence vers Ndélé. Je pense que dans les cas de discussion du DDR [désarmement-démobilisation- réinsertion], nous verrons tout cela.

Le départ des militaires français de l’opération Sangaris en octobre prochain vous préoccupe ?

Cela nous préoccupe. Nous l’avons déjà demandé, lors des rencontres que nous avons eues avec le président Hollande, mais pour des questions peut-être intérieures et d’autres questions, le dispositif Sangaris va être levé d’ici le mois d’octobre, d’après ce qu’on nous a dit. C’est une préoccupation, mais nous avons la Minusca, la force des Nations unies qui est encore sur place. Donc nous allons continuer à travailler pour ramener la paix en République centrafricaine.

La différence peut-être avec vos prédécesseurs, c’est que vous avez la légitimité démocratique.

Je ne veux pas parler de ces situations. Ce qui est sûr, c’est que le peuple centrafricain est allé massivement voter. Et aujourd’hui, nous avons retrouvé l’ordre constitutionnel. Vous savez, les dernières élections, le taux d’inscription sur la liste électorale est très élevé. Cela signifie que les Centrafricains veulent tourner la page de ces conflits-là. Alors moi, j’ai confiance.

Est-ce que vous avez offert une synthèse entre un homme d’expérience, ancien Premier ministre, et en même temps un homme qui ne s’était pas sali les mains ?

En tout cas, les Centrafricains m’ont fait confiance pour tout ça parce que je suis connu, contrairement à ce que vous avez dit que j’étais inconnu, non. J’ai été enseignant à l’université, et ancien Premier ministre pendant cinq ans. Cela compte.

Les cours de mathématiques à l’université de Bangui, c’est fini ou pas ?

J’ai quelques cours que je dispense. Malheureusement, pas de manière régulière, mais je continue.

Que vous assurez une fois tous les combien ?

Quand je suis libre et je programme les cours et je pense que ça ira très vite.

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