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Le grand invité Afrique

Samba-Panza: la RCA «a besoin d’un messager de paix et d’espérance»

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Bangui et la Centrafrique se préparent à la visite du pape François programmée les 29 et 30 novembre, visite entourée d'interrogation tant la situation sécuritaire à Bangui est volatile. Qu'attend la Transition de cette visite papale? Pourquoi la sécurité ne revient-elle pas à Bangui? Les élections peuvent-elles se tenir en décembre si la situation sécuritaire ne s'améliore pas ? La présidente de la Transition centrafricaine, Catherine Samba-Panza répond à Pierre Pinto avec Manu Pochez.

Catherine Samba-Panza, présidente de la Transition centrafricaine, le 27 septembre 2014 à la 69e Assemblée générale des Nations Unies à New York.
Catherine Samba-Panza, présidente de la Transition centrafricaine, le 27 septembre 2014 à la 69e Assemblée générale des Nations Unies à New York. DR
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Catherine Samba-Panza, pourquoi la visite du pape François est-elle aussi importante pour la Centrafrique aujourd’hui ?

Catherine Samba-Panza : La Centrafrique aujourd’hui est un pays qui a souffert de divisions intercommunautaires et qui a presque touché le fond en termes de cohésion sociale. La Centrafrique a besoin de repères, a besoin d’un messager qui apporte un message de paix, d’espérance, de réconciliation.

Le pape est une figure emblématique dont les messages sont diffusés dans le monde entier et dont les messages sont perçus, compte tenu de sa stature. Donc cette visite va être certainement un point de départ, en tenant compte des messages de paix, de réconciliation et de pardon que le pape va véhiculer.

La visite du pape est assez ambitieuse en termes de format. Beaucoup envisagent la possibilité de revoir ce format. C’est à dire réduire un peu la durée, les endroits visités. Est-ce que ce serait difficile pour la Centrafrique ?

Oui, ce serait très catastrophique. Vous avez dû sentir une certaine mobilisation, une certaine allégresse, dans l’attente de cette visite. Les communautés, toutes obédiences religieuses confondues, attendent que le pape rende visite à leurs communautés, communautés catholiques, protestantes et musulmanes. Nous espérons de tout notre cœur que le pape va respecter le programme qui a été prévu pour la République centrafricaine, qui a bien besoin de cette visite dans le format qui avait été prévu.

Et si un malheur survenait, est-ce que ce ne serait pas contreproductif ?

Pourquoi voulez-vous être négatif en pensant tout de suite à un malheur ? Vous savez, le pape est un personnage emblématique. Où qu’il se trouve, le problème de sa sécurité se pose. Et nulle part il n’y a un risque zéro.

Depuis deux mois la situation sécuritaire s’est considérablement tendue à Bangui, mais aussi en province, depuis quelque temps. Pourquoi cette situation ne s’améliore-t-elle pas, nous ne parvenons pas à revenir à la normale sur le plan sécuritaire en Centrafrique ?

Pendant les vingt premiers mois de ma gouvernance nous avons fait beaucoup d’efforts dans le domaine de la sécurité. Il y avait une accalmie, même si nous savions que la situation était très fragile. Mais depuis le 26 septembre, date de tentative de coup de force qui a eu lieu, la situation s’est dégradée. Nous comprenons cette dégradation par l’approche des élections, où les acteurs commencent à vouloir s’affirmer sur le terrain, à avoir des ambitions personnelles et à ne pas vouloir aller au processus électoral.

Vous le dites, il y a une partie des acteurs qui refusent le processus tel qu’il a été conçu et enclenché. Est-ce que finalement leur capacité de nuisance ne met pas en péril ce processus ?

Le processus avance bien. Je pense qu’on ne peut pas ramer à contre-courant de ce processus qui est devenu irréversible. Nous sommes en démocratie. Il y a des acteurs qui manifestent leur désapprobation. C’est tout à fait normal.

Les acteurs prônent une troisième transition. Est-ce que finalement la solution qu’ils proposent n’est pas de moins en moins inacceptable, compte tenu du contexte sécuritaire ?

C’est une proposition qui n’a jamais été acceptée, ni par la Communauté nationale, ni par la Communauté internationale. La transition n’a pas vocation à durer. Je ne comprends pas que certains veuillent demander dix-huit mois de transition, alors qu’en allant aux élections ces acteurs auront la possibilité de gouverner pendant cinq ans !

Il y a quelques semaines vous avez eu des propos assez critiques sur l’action de la Minusca. Est-ce que vous maintenez aujourd’hui ces propos ?

Grâce à l’appui de la Communauté internationale nous avons fait beaucoup de progrès. Seulement, la question sécuritaire demeure un souci. La question de la protection des populations civiles demeure un souci. Nous avons simplement demandé qu’il y ait un renforcement de la présence des forces des Nations unies et de leur capacité à défendre les populations civiles. De là à dire que j’ai été très critique… J’ai exprimé des besoins et des attentes de la population centrafricaine en détresse.

Vous avez appelé aussi à une plus grande implication des forces de défense et de sécurité dans la sécurisation de Bangui et du pays. Où en est-on de ce processus-là ?

Il n’y a pas de problème en ce qui concerne les forces de sécurité intérieures, c’est-à-dire la police et la gendarmerie. Nous avons pensé qu’aux côtés des forces internationales il était important de déployer nos forces de défense et de sécurité.
Je suppose que vous faites allusion à ma demande de voir les FACA plus impliqués sur le terrain. Tous les FACA ne sont pas mauvais. Il y a des FACA loyaux, il y a des FACA qui ont été bien formés. Les Centrafricains attendent beaucoup de leur force de défense et de sécurité. C’est une question de fierté nationale.

Mais vous comprenez que la Communauté internationale soit toujours très méfiante vis-à-vis des FACA ?

Tout à fait. Parce que nous avons besoin de refonder, de restructurer les FACA pour les rendre plus opérationnelles, plus professionnelles et plus républicaines. En attendant, nous avons des FACA sur les bras. Nous avons 7 500 hommes. Il faut quand même les utiliser dans le cadre de la sécurisation du pays. C’est pour ça que nous demandons à la Communauté internationale de nous accompagner pour rendre rapidement opérationnelles nos FACA.

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