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Le grand invité Afrique

A.G. Dologuélé: «L’essentiel, c’est la feuille de route de transition»

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Les graves violences de cette semaine à Bangui ; l'affaire du don angolais de 10 millions de dollars ; les ambitions de la présidente Samba Panza... Autant de sujets sur lesquels réagit l'une des figures de la classe politique centrafricaine.L'ancien Premier ministre Anicet-Georges Dologuélé dirige l'Union pour le renouveau centrafricain, l'URCA. De passage à Paris, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier.

L'ancien Premier ministre centrafricain, Anicet-Georges Dologuélé (capture d'écran).
L'ancien Premier ministre centrafricain, Anicet-Georges Dologuélé (capture d'écran). tv5.org
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RFI : Anicet-Georges Dologuélé, est-ce que vous faites encore confiance à Madame Catherine Samba Panza pour diriger la transition?

Anicet-Georges Dologuélé : C’est la présidente de transition. Elle a été élue par le CNT et jusqu’à preuve du contraire, c’est encore elle la présidente de transition.

Jeune Afrique a révélé que sur les dix millions de dollars offerts il y a six mois par l’Angola, un quart, c'est-à-dire deux millions et demi de dollars, n’ont jamais été transférés sur le compte du Trésor centrafricain à la BEAC, la Banque des Etats d’Afrique Centrale. Est-ce que les autorités de transition sont encore crédibles?

Les autorités ont promis de donner des explications à la nation à travers l’interpellation du CNT. Donc nous attendons tous. Ce qui est sûr c’est que bien entendu ces fonds auraient dû rentrer d’abord au Trésor avant d’être dépensés. Mais au-delà de ça à quoi ont-ils-été dépensés? Il faut attendre de voir.

Mais vous, Anicet-Georges Dologuélé, qui avez commencé votre carrière à BEAC, vous qui avez été nommé ministre des Finances avant d’être Premier ministre, comment vous réagissez au fait qu’un quart de cette somme n’ait pas été versé Trésor?

C’est pourquoi je vous dis, logiquement tout devait être versé au Trésor, même si après une partie est transformée en fonds politique.

Et le fait que le ministre centrafricain des Finances n’ait pas été impliqué dans ces versements, ça vous choque ou pas?

Ce n’est pas habituel, surtout que c’est l’ordonnateur unique de l’Etat. Mais je pense que là aussi des explications seront données.

Dans un communiqué, les partis de l’AFDT, dont celui de Martin *Ziguélé*, estiment que cette affaire entame la crédibilité des autorités de la transition. Est-ce que vous êtes d’accord avec eux?

Ce qui est sûr c’est qu’il y a beaucoup de chantiers qui ont besoin de beaucoup de ressources. Et quand les ressources sont accordées par des pays amis, il faut les utiliser à bon escient. Je trouve que dans ce dossier il y a beaucoup de crispations des autorités que je ne comprends pas. Il faut donner des explications simples, claires, pour assurer tout le monde. C’est ce dont on a besoin.

Il y a six mois on disait que la transition devait s’achever par des élections au début de 2015. Maintenant on parle de la fin 2015. Est-ce que ces élections auront lieu un jour ou pas?

J’espère qu’elles auront lieu. Il faut donner à l’autorité nationale des élections les moyens de travail, notamment opérer le choix de savoir ; est-ce qu’on va à la biométrie ou pas ? Est-ce qu’on regroupe les élections ou pas ? Ça permettra de définir un nouveau calendrier et d’en définir le coût des élections.

Depuis près d’un an des centaines de milliers de Centrafricains, notamment de confession musulmane, vivent en exil à l’étranger. Est-ce qu’on pourra faire des élections sans eux?

Mais il n’y a pas seulement les Centrafricains de confession musulmane, il y a les chrétiens aussi. Et puis vous voyez, de temps en temps, il y a des accès de violence. Il se passe des choses qui sont graves et qui sont dues à la disparition de l’Etat, à l’impuissance de l’Etat. Alors je voudrais profiter de votre tribune pour présenter mes condoléances à toutes les familles qui ont vu un des leurs tomber sous ces actions de violence de ces derniers jours à Bangui. Ma sympathie va à tous ceux qui ont été blessés, tous ceux qui ont perdu leurs biens, tous ceux qui ont dû encore sortir de chez eux pour aller sur des sites de réfugiés. Et je voudrais en profiter pour dire à mes compatriotes que ce n’est pas en voulant faire justice soi-même qu’on réussira à résoudre les problèmes. Dire au gouvernement que la police et la gendarmerie précisément, devraient commencer à faire le travail, poursuivre les auteurs de ces actes-là, pour que la population soit rassurée.

Est-ce que vous dites : pas d’élections avant le retour de ces déplacés et de ces réfugiés?

Le retour doit être provoqué. On ne va pas attendre comme ça, que ceux qui sont partis veillent bien revenir un jour. Donc c’est la première priorité du gouvernement. Et pour y arriver, il faut évidemment la sécurité. Mais il faut commencer maintenant !

Et pensez-vous comme certains, que la présidente Catherine Samba Panza souhaite modifier la charte constitutionnelle de transition afin de pouvoir se présenter à la prochaine présidentielle?

Mais vous savez, dans toutes ses déclarations, elle dit qu’elle respectera les règles du jeu. Je crois que nous devons tous la croire.

Mais cette fondation CSP pour Catherine Samba Panza créée par sa fille Christelle Sappo, est-ce que ce n’est pas le signe que peut-être demain il y aura un parti Catherine Samba Panza pour aller à cette présidentielle?

Elle a le droit d’avoir une fondation simplement en tant qu’autorité de transition pour les prochaines élections, elle s’est engagée à ne pas se présenter et nous n’avons aucune raison de ne pas la croire.

Vous êtes certain que personne dans son entourage ne l’encourage à faire changer la charte?

C’est normal. C’est humain. Mais en tant que femme d’Etat elle doit résister.

Depuis quelques semaines c’est la guerre ouverte entre le président du Parlement de transition Alexandre Ferdinand Nguendé et la présidente Catherine Samba Panza. Est-ce que ce conflit ne nuit pas à la bonne marche des affaires?

Bien sûr. Nous avons déjà les Seleka et les anti-balaka qu’il faut réconcilier et aujourd’hui ce problème est de trop. Il y a quelques mois, Djotodia et Tiangaye ne s’entendaient pas. Vous avez vu comment ça fini. Donc vraiment j’invite ces autorités-là à s’entendre sur l’essentiel. C'est-à-dire la feuille de route de la transition. Il faut que nous donnions l’impression à la Communauté internationale que nous voulons que notre pays avance. Il faut éviter de la lasser.

Toute la partie est et nord-est de votre pays échappe au contrôle des autorités centrafricaines et de la force internationale. Est-ce que vous ne craignez pas une partition de fait?

La partition, personne ne l’acceptera comme vous le savez. Et nous demandons aux forces internationales de veiller à ce qu’il soit mis fin à cet état de choses et ça doit se faire.

Vous dites que ça doit se faire, mais pour l’instant ça ne se fait pas !

Malheureusement. Mais je pense qu’à force de traîner on permet à ces forces de se renforcer et d’être plus nocives. Je vois qu’elles se divisent, je vois que tantôt on change de nom, tantôt on annonce un gouvernement… Donc il y a beaucoup de choses qui se passent, qui montrent que les ex-Seleka ne savent pas où ils veulent aller. Eh bien qu’ils rentrent dans la République ! Nous avons besoin d’eux dans la République en tant que citoyens !

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