Accéder au contenu principal
Le grand invité Afrique

Lambert Mendé: «Nous récusons les procès d'intention»

Publié le :

En RDC, le gouvernement condamne la prise de position des évêques. Jeudi sur RFI Monseigneur Fridolin Ambongo de la Conférence épiscopale nationale congolaise a réitéré son opposition à toute modification de la Constitution qui permettrait au président Joseph Kabila de se représenter. Les évêques s'inquiètent en particulier d'un éventuel déverrouillage de l'article 220 qui empêche toute révision du nombre de mandat présidentiel.Anthony Lattier interroge Lambert Mendé, porte-parole du gouvernement congolais.

Lambert Mende, porte-parole du gouvernement de RD Congo
Lambert Mende, porte-parole du gouvernement de RD Congo DR
Publicité

RFI : Sur RFI, jeudi, Monseigneur Fridolin Ambongo de la Conférence épiscopale des évêques, a déclaré qu’il était devenu clair que le gouvernement congolais voulait changer l’article 220 de la constitution. A t-il raison ? Le gouvernement va t-il modifier oui ou non cet article ?

Lambert Mendé : Je pense que le problème ne se pose pas pour nous en ces termes-là, parce que nous récusons des procès d’intention : le gouvernement va-t-il faire ? Nous nous gérons des choses qui sont advenues, concrètes. La question eut été : le gouvernement a-t-il introduit l’initiative ? Oui, nous avons introduit l’initiative de révision de la constitution, mais elle ne porte pas du tout sur ce dont Monseigneur Ambongo a parlé, l’article 220 de la constitution. L’initiative de la révision porte sur l’article 197 qui n’est pas du tout verrouillé par la constitution. Cet évêque essaie de jeter dans les esprits dans une confusion délibérée, on ne sait pas trop pourquoi, parce qu’il n’y a aucune initiative institutionnelle en ce qui concerne l’article 220 et nous déplorons cela.

Mais le gouvernement va-t-il respecter cet article 220 qui stipule notamment que certains points, en particulier la limitation des mandats, ne peuvent pas être discutés ?

La question ne se pose même pas pour nous parce que nous sommes un gouvernement comme vous l’avez dit. Nous aimerions être interpellés, jugés sur des actes que nous posons, pas sur des choses que nos adversaires politiques imaginent que nous allons poser. Demain ne m’appartient pas, demain n’appartient pas à Monseigneur Ambongo ou à qui que ce soit. Les initiatives de révision constitutionnelle sont reconnues au gouvernement bien sûr, mais pas au gouvernement seulement : il y a le président de la République qui peut prendre des initiatives, il y a 50 députés qui peuvent prendre des initiatives, 100 000 citoyens peuvent prendre des initiatives. Pourquoi la question se poserait au gouvernement seulement. Les évêques n’ont pas à venir ici ériger des tribunaux pour juger des intentions futures des uns et des autres. Cela nous le contestons et nous condamnons ces pratiques.
 

Vous dites procès d’intention mais il y a des déclarations politiques. Le porte-parole de la majorité présidentielle, par exemple, déclare que « La constitution de 2006 est dépassée, qu’il faut une nouvelle constitution dans notre République ». Alors le gouvernement a-t-il oui ou non l’intention de changer cette constitution ?

La majorité présidentielle est un rassemblement de partis… et à ma connaissance, les opinions sont libres en République Démocratique du Congo. Ce ne sont pas les évêques qui vont venir limiter la liberté des gens à émettre des opinions même sur l’article 220. Le problème c’est que l’on nous interpelle nous, nous institutions, sur des opinions qui sont émises par des personnes qui agissent en tant que fait privé.

La révision constitutionnelle est un débat que la majorité a elle-même ouvert, l’église participe à ce débat, alors pourquoi le gouvernement s’agace t-il de voir que ce débat intéresse une partie de la société civile ?

Nous sommes agacés lorsque l’on nous adresse des critiques sur des choses que nous n’avons pas entreprises : on s’adresse à nous en qualité de gouvernement, on met en cause le président de la République qui est une institution et qui n’a pris aucune initiative. Nous disons que la confusion des genres c’est une façon de mettre de l’huile sur le feu. Nous sommes encore un pays encore extrêmement fragile, et ce n’est pas de la part des évêques que nous pouvons attendre des pratiques qui peuvent aboutir à opposer les citoyens congolais à leurs institutions.

Nous nous rappelons que dans notre histoire, l’église catholique n’a pas toujours joué un rôle de qualité dans le processus historique qui nous a conduit à l’indépendance. Ils ont combattu Lumumba avec les même procès d’intention : c’était un dangereux communiste qui prendra vos femmes pour tout le monde, qui prendra vos biens pour tout le monde et on a vu ce qu’il est advenu de Patrice Lumumba ; nous ne voulons plus revivre cette expérience là.

Cela veut dire que l’église ne doit pas donner son avis sur la vie publique ?

Elle doit donner son avis mais pas avec des arguments d’autorité. Son avis ne doit pas être assaisonné de menaces d’apocalypse.

La conférence épiscopale a suspendu sa participation à un comité religieux pour suivre la préparation des élections aux côtés de la commission électorale, la Ceni. Est-ce que cela veut dire que le processus électoral est mis à mal ?

Je ne pense pas que le processus électoral ne dépende de la Conférence épiscopale nationale du Congo. La conférence épiscopale comme les partis politiques, vous avez cité la majorité présidentielle, ce ne sont que des faits privés. Et donc ces structures, que l’on a mis en place pour faciliter le travail de la commission, ne sont pas des structures qui sont légalement obligatoire.

Les Congolais attendent leur nouveau gouvernement depuis bientôt un an, vont-ils attendre encore longtemps, monsieur le Ministre ?

Je pense qu’il n’y en a plus pour très longtemps. S’il faut en croire les signaux qui partent de la présidence de la République, je ne pense pas que l’attente puisse durer très longtemps.
Un nouveau gouvernement dans les prochains jours ? Dans les prochaines semaines ?
Je pense dans les prochains jours, dans les prochaines semaines, le gouvernement sera annoncé. Nous ne savons pas de quoi il sera composé, le président seul tient le secret de sa composition.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.