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Arabie saoudite / Pétrole

Que cache le changement à la tête du groupe pétrolier Aramco?

La plus grande compagnie pétrolière au monde, Saudi Aramco, change de tête. Khaled al-Falih, l'actuel ministre de l'Énergie, perd son poste au profit de Yassir al-Roumayyan, le patron du Fonds d'investissement public. Un choix qui interroge de la part du prince héritier Mohammed ben Salman alors que le géant saoudien prépare une entrée en Bourse très attendue. Elle pourrait se faire entre la fin 2020 et le début 2021. Que cache cette décision ? Pierre Terzian, directeur de la revue Pétrostratégies, explique.

Un réservoir de pétrole Aramco sur le site de production du champ pétrolifère Shaybah de Saudi Aramco en Arabie saoudite, le 22 mai 2018.
Un réservoir de pétrole Aramco sur le site de production du champ pétrolifère Shaybah de Saudi Aramco en Arabie saoudite, le 22 mai 2018. REUTERS / Ahmed Jadallah
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Les décisions du pouvoir saoudien préparent-elles la voie à la prochaine entrée en bourse d'Aramco ?

Pierre Terzian : Le remplacement de Khaled al-Falih à la tête de la société nationale pétrolière saoudienne s’explique principalement par cet objectif. Une introduction en bourse qui devrait être très minoritaire, 5%, dit-on. Mais qui oblige cette entreprise à suivre une gestion plus financière. Alors que jusqu’à maintenant, elle était plutôt dirigée selon les considérations politiques et industrielles. Le deuxième point à noter, c’est que le Fonds d’investissement public, dont le chef prend la présidence d’Aramco, va être le récipiendaire des sommes que l’introduction en bourse va dégager. C’est aussi ce fonds-là qui va investir ces sommes dans les projets de développement que le prince héritier, Mohammed ben Salmane, appelé par ses initiales MBS, envisage de lancer pour préparer son plan Vision 2030.

À lire aussi : Saudi Aramco, l'entreprise la plus rentable du monde en 2018

Quel rôle sera-t-il confié au secteur minier dans le cadre de ce plan ?

Selon MBS, le secteur minier doit représenter une part de plus en plus importante des revenus de la nation et de l’État saoudien. Or, semble-t-il, il était mécontent de l’avancement des choses dans ce secteur. Un secteur qui dépendait de Khaled al-Falih jusqu’à peu. Vendredi 30 août, le ministère de l’Énergie a été scindé en deux : d’un côté l’Énergie qui reste sous sa houlette, et de l’autre le portefeuille de l'industrie et des mines qui a été confié à quelqu’un d’autre. Avec l’espoir, sans doute, pour MBS que ce nouveau ministre va mettre davantage l’accent sur le développement du secteur minier.

Le remplacement d’al-Falih à la tête d’Aramco cache-t-il un désaveu du pouvoir saoudien vis-à-vis de ce ministre puissant  ?

Le fait qu’il a été dessaisi de la moitié de ses attributions ministérielles, et que la présidence d’Aramco lui échappe, est certainement un acte de désaveu de la part du prince héritier envers quelqu’un qui pourtant lui était très proche jusqu’à présent. On explique cela, d’une part par les résultats non satisfaisants dans le secteur minier, comme je l’ai dit, mais il semblerait que l’opposition de Khaled al-Falih au projet d’introduction en bourse d’Aramco ait fini par agacer MBS qui veut à tout prix réaliser cette opération. Il faut souligner aussi que le ministère de l’Énergie, ainsi que l’équipe dirigeante d’Aramco ne sont pas très favorables à l’entrée en bourse de cette société. De plus, ils pensent que le moment est mal choisi parce que les prix du pétrole sont à la baisse. Et les chiffres mirobolants que le prince héritier a avancés lorsqu’il avait annoncé la première fois cette opération financière ne seront très certainement pas réalisés. Donc, oui, il y a une part de désaveu du prince héritier dans le changement à la tête d’Aramco.

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