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Économie

[Décryptage] La Chine lance son Nasdaq

L’effervescence s’est emparée lundi du « STAR Market  , la nouvelle place boursière dédiée aux valeurs technologiques à Shanghai, calquée sur le Nasdaq new-yorkais. Les 25 premières entreprises cotées, toutes chinoises, ont vu leur valeur grimper de 140% en moyenne à l’issue de la première séance. Une frénésie très courante sur les marchés financiers chinois. Dominique Jolly, directeur de la School and Technology of Business de la Webster University à Genève, décrypte les enjeux de ce nouveau marché.

Les entreprises cotées sur le "STAR Market", le nouvel indice chinois amené à rivaliser avec le Nasdaq new-yorkais, ont connu une envolée au premier jour de cotation sur cette nouvelle plateforme de la Bourse de Shanghai, le 22 juillet 2019.
Les entreprises cotées sur le "STAR Market", le nouvel indice chinois amené à rivaliser avec le Nasdaq new-yorkais, ont connu une envolée au premier jour de cotation sur cette nouvelle plateforme de la Bourse de Shanghai, le 22 juillet 2019. REUTERS/Stringer
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RFI : Comment analysez-vous le succès de la première séance hier à Shanghai ?

Dominique Jolly : Il est normal de voir une telle agitation le premier jour. Au démarrage, les gens sont toujours très enthousiastes. On ne peut exclure que l’enthousiasme ait pu être exacerbé par les tensions en cours avec États-Unis, dans un réflexe nationaliste assez commun en Chine.

D’ailleurs, les entreprises étrangères ne peuvent prétendre être cotées au « STAR Market » et peu d’investisseurs étrangers ont investi hier. C’est un marché sino-chinois ?

Il y a l’idée de donner la possibilité à des entreprises locales – chinoises – d’accéder à des fonds qui se trouvent en Chine. Les investisseurs qui sont visés, c’est la centaine de millions de boursicoteurs chinois qui ont de l’argent. Depuis 20 ans, il y a de nombreux Chinois qui sont devenus millionnaires, et mêmes milliardaires. Ces gens-là cherchent des investissements. Le fait significatif, c’est que le montant minimum requis pour investir est assez bas, autour de l’équivalent de 60 000 euros. Par ailleurs, on donne la possibilité aux entreprises qui n’ont pas encore généré de profits de se financer. C’est évidemment le cas des start-up. C’est un pari sur le futur.

C’est d’ailleurs le président chinois lui-même qui avait annoncé le lancement du STAR Market. Dans le contexte actuel de tension avec les États-Unis, c’est aussi une façon de s’affirmer comme puissance technologique.

Ce n’est pas seulement le fruit des tensions. Il faut replacer ça dans un temps plus long. Dans le passé, il y a déjà eu ChiNext (un marché dédié aux entreprises innovantes qui a disparu en 2015, ndlr) qui avait déjà cette ambition. Dans la Bourse de Shenzhen, un compartiment est dédié aux valeurs technologiques. Ça fait quinze ans que la Chine opère un changement radical de son économie pour s’imposer sur la carte de la recherche et développement mondiale. Désormais, il y a tous les ingrédients : des parcs scientifiques, des universités, des publications en recherche fondamentale, des dépôts de brevets. Des dépenses considérables sont investies dans la recherche et le développement. Cette année, on pense que la Chine va même dépenser plus que les États-Unis en valeur absolue dans ce domaine. On est dans un contexte où il est bien normal de s’occuper du financement de cet écosystème, de toutes ces entreprises chinoises innovatrices.

Les marchés financiers chinois ne rassurent pas les investisseurs en général, pourquoi ?

Pour les étrangers, le ticket d’entrée est difficile à obtenir. Il faut passer par un « Qualified Foreign Institutional Investor ». J’ai mentionné l’exemple de ChiNext qui a disparu à force de spéculations excessives et de violations des règles. Mais un problème qui concerne les marchés financiers en général en Chine, c’est leur extrême volatilité. À Shanghai, en 2007, l’indice avait frôlé les près de 7 000 points puis s’était effondré à 2 000 quelques mois après. Du délire. Ces évènements sont encore dans l’esprit des millions de boursicoteurs. Il y a eu beaucoup de perdants, des revenus modestes qui n’ont pas une connaissance aiguë du tissu économique. Les Bourses chinoises n’ont rouvert qu’au début des années 1990. C’est donc encore très récent. Bref, je pense qu’il faut attendre un peu, pour voir si les investisseurs rentrent sur le STAR Market, s’ils restent raisonnables. S’il n’y a pas de bulle comme on a pu voir dans le passé.

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