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TURQUIE

G20 réuni à Ankara: les pays émergents dans la tourmente

Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des 20 plus importantes économies du monde se réunissent deux jours, vendredi 4 et samedi 5 septembre, à Ankara en Turquie. En avril dernier, lors de leur dernière réunion, ils exprimaient un certain soulagement pour l’économie mondiale. Mais le constat est bien différent, cette fois-ci, en particulier pour les pays émergents.

Les ministres des Finances et les gouverneurs de banques centrales réunis en G20 à Ankara, le 3 septembre 2015.
Les ministres des Finances et les gouverneurs de banques centrales réunis en G20 à Ankara, le 3 septembre 2015. AFP PHOTO/ADEM ALTAN
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Le but de cette réunion est clairement affiché : calmer les marchés, sur fond de chaos chinois, de ratés dans les pays émergents et d'angoisses monétaires. Les marchés émergents sont particulièrement affectés par le ralentissement de la Chine et les incertitudes liées à la remontée possible des taux par la Réserve fédérale américaine, notamment les pays exportateurs comme le Brésil, la Russie ou le Nigeria, où il y a la chute des cours du pétrole. L'économie de nombreux émergents est basée sur l'exportation des matières premières. Leurs prix chutent, car on anticipe déjà la baisse des commandes chinoises. Même si dans son ensemble, la demande chinoise ne baisse pas encore, elle ne progresse plus comme avant.

Des goulots d’étranglement

Tous ces facteurs extérieurs n'ont fait qu'accentuer les fragilités structurelles des pays émergents. « Avant la crise financière de 2008, une conjonction particulière a bénéficié à l’ensemble des économies, en particulier aux économies émergentes », rappelle Agnès Chevallier, économiste au Centre de recherche français dans le domaine de l'économie internationale, le CEPII. « Cette vague-là, avec la crise financière et, maintenant, le ralentissement chinois, est retombée. Tout cela fait émerger un certain nombre de problèmes structurels qui n’ont pas été traités pendant la phase de forte croissance », estime-t-elle.

En effet, poussé par la forte demande chinoise et celle des autres pays émergents, le Brésil a renforcé sa spécialisation dans les industries primaires. « Le jour où ce mouvement se retourne, avec la baisse des prix et de la demande, cela prend en porte-à-faux le renforcement de la spécialisation d’un pays comme le Brésil dans ces produits primaires », dit Agnès Chevallier. C’est sans compter sur les dérives dans les finances publiques, les scandales de corruption à répétition et l’inflation, la plus forte depuis douze ans.

L'inflation touche aussi la Russie. Mais ce pays doit également composer avec les problèmes politiques liés à la crise ukrainienne. L’Afrique du Sud, au contraire, est prisonnière du chômage et des problèmes d’approvisionnement en électricité. Des goulots d’étranglement qui empêchent ce pays de progresser. La conjonction de tous ces facteurs extérieurs et intérieurs a fait qu’en 2015, la Russie et le Brésil sont entrés en récession. L'Inde résiste, mais elle abaisse ses prévisions de croissance à 7 %, et l'Afrique du Sud doit se contenter de seulement 1,3 % au premier trimestre.

La fuite des capitaux

La contraction d'activité a été doublée d'une crise des monnaies. A l'origine de cette crise, la fuite des capitaux commencée bien avant la dévaluation du yuan. « C’est près de 1 000 milliards de dollars qui sont sortis des marchés émergents et qui se sont redirigés vers les économies développées », estime Sylvain Barthélémy, directeur général de TAC Economics.

A l’origine de cette fuite : l’annonce faite par Ben Bernanke, l’ancien président de la Réserve fédérale des Etats-Unis, que la politique monétaire ultra-accommodante de cette institution allait cesser. « Cela a suscité chez les investisseurs l’idée qu’à partir du moment où la Fed arrêtait de déverser les liquidités massives sur l’économie américaine, il fallait commencer à rapatrier son argent des marchés émergents pour compenser cette baisse anticipée de l’offre de liquidités », dit-il.

Des vases communicants

Et maintenant ? Le ralentissement des BRICS aura sans doute un impact négatif sur l’économie mondiale. Les émergents assurent 30 % de la croissance du PIB de la planète. Leur panne signifie que la croissance mondiale sera plus faible que prévu. Pour 2015,le FMI prévoit 3,3 %. Mais le risque de turbulences n'est jamais loin, surtout quand les marchés s'affolent.

Ces derniers jours, c’est « l’incertitude que le ralentissement n’a, peut-être, pas atteint son point bas », dit Agnès Chevallier. « D’un autre côté, on avance des perspectives plus optimistes. Tout peut être facteur d’inquiétude ou d’incertitude. On reconsidère la croissance des économies émergentes sur un fonds sur lequel s’inscrivent des événements que l’on ne sait pas trop comment interpréter. Et qui peuvent donner lieu, par exemple sur les marchés financiers, à des réactions fortes », estime-t-elle.

Dans un environnement fait de marchés surexcités et d'une conjoncture mondiale faible, les réformes dont ont besoin les émergents seront d’autant plus difficiles à réaliser.

→ À relire :Au G20, trois dossiers qui ont marqué le sommet

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