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Danse / Culture

Kader Attou fait «un break à Mozart» à la pyramide du Louvre

Kader Attou, le passeur de corps.Figure de la danse urbaine et contemporaine, il est le premier chorégraphe français hip-hop à avoir été nommé à la tête d’une institution. Directeur du Centre chorégraphique national de La Rochelle, sa compagnie Accrorap, qui a fêté ses 30 ans d’existence, présente les 12, 13 et 14 juillet « Un break à Mozart », à l’occasion de la troisième décennie de la pyramide du Louvre. Rencontre.

« Un break à Mozart », chorégraphie de Kader Attou.
« Un break à Mozart », chorégraphie de Kader Attou. ©Xavier Léoty
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S’il fallait définir l’univers du danseur-chorégraphe Kader Attou, ce serait d’abord celui d’une signature. Celle d’une ouverture au monde où la danse se mêle aux multiplicités artistiques : « j’essaie à travers le mouvement d’intégrer toutes les poésies possibles », explique le chorégraphe qui précise qu’au fond, ce n’est pas tant le mouvement qui le questionne, mais ce qu’il raconte. Trente ans donc que l’artiste et sa compagnie Accrorap interrogent l‘art du mouvement.

Fondée à l’origine avec la complicité de copains d’enfance, Eric Mezino, Chaouki Saïd, Mourad Merzouki* et Lionel Frédoc, le chorégraphe célébrait en juin dernier, à La Rochelle, les 30 ans de la compagnie. Deux journées où près de 600 personnes étaient conviées gratuitement à des rendez-vous dansés, au cœur de la chapelle Fromentin et à des bals hip-hop.

« Replonger dans notre histoire »

Aussi, trois générations de danseurs de la compagnie Accrorap étaient présentes pour l’évènement ainsi que des scénographes, des techniciens lumières, des costumières, des musiciens et tous ceux qui ont fait émerger la compagnie. « Ce fut un moment intense en émotion de replonger dans notre histoire », dit le chorégraphe.

Jamal et Hosni M’hanna, danseurs et chorégraphes de la compagnie varoise Par-Allèles, se souviennent de leur première rencontre avec Kader Attou : « C'est quelqu’un de charismatique qui travaille tout le temps. Pour nous, cette rencontre a été déterminante dans notre parcours de chorégraphes. Et puis c’est quelqu’un qui est toujours à l‘écoute », assurent les danseurs.

Une enfance simple, mais heureuse

C’est à Saint-Priest, dans la banlieue lyonnaise, que Kader Attou voit le jour dans une famille modeste, travailleuse et généreuse. « J’ai grandi dans un microcosme où toutes les nationalités étaient représentées, dit-il. Tout le monde vivait ensemble et on ne se posait pas de question quant aux origines des uns ou des autres. »

Comme beaucoup de ses copains du quartier, le jeune Kader est inscrit dans un centre qui dispense des cours d’arts martiaux et des activités circassiennes. C’est à cette époque qu’il fait la connaissance d’un autre gamin, Mourad Merzouki, devenu lui aussi une « pointure » : « Avec Mourad, on est des amis d’enfance, on se connait depuis toujours », dit le chorégraphe.

Le chorégraphe Kader Attou.
Le chorégraphe Kader Attou. © Julien Chauvet

Le hip-hop, un électrochoc

Un dimanche alors qu’il est installé devant son poste de télévision, Kader découvre, médusé, l’émission phare H.I.P.H.O.P., conçue et présentée par l’animateur Sidney. Pour la première fois, la France découvre à la télé la culture hip-hop : « je voyais des danseurs complètement désarticulés qui s’exprimaient avec une énergie incroyable. J’étais complètement séduit ». Après l’émission, comme un rituel, Kader et des jeunes du quartier s’entrainent à reproduire les mouvements vus sur le petit écran : « Le hip-hop nous transportait dans une force positive. Et puis on y croyait », assure le chorégraphe.

De persévérance en énergie, les jeunes danseurs créent en 1989 leur compagnie : Accrorap. Puis, cinq ans plus tard, le collectif se professionnalise et est programmé dans le cadre de la Biennale de la danse de Lyon : « C’est un moment majeur pour nous, assure Kader. On passait de la rue à la scène. Pourtant, à nos débuts, on nous disait souvent : « ah, c’est bien ce que vous faites ! Mais restez sur le bitume… »

Se faire un nom

Au fil du temps, le chorégraphe se fait un nom et enchaîne d’année en année les créations. En 2008, Kader Attou est nommé directeur du Centre chorégraphique national de La Rochelle. Aujourd’hui, l’homme à une quinzaine de spectacles à son acquis, à l’échelle nationale et internationale…

Et si certains amis ont fait cavalier seul en montant leur propre compagnie, ils ne sont jamais très loin. L’amitié a été scellée dès l’enfance à Saint-Priest. Aussi les collaborations vont bon train. En juin dernier, à la Grande Halle de La Villette, Kader Attou et Mourad Merzouki, complices depuis toujours, proposaient Danser Casa, une aventure singulière avec de jeunes danseurs marocains de Casablanca.

Le Louvre, le hip-hop et …Mozart

Pour célébrer les 30 ans de la pyramide du Louvre, Kader Attou présentera sa création Un break à Mozart. Un spectacle lumineux qui mêle la danse hip-hop contemporaine et la musique classique et qui fait dialoguer dix danseurs contemporains et dix instrumentistes de l’Orchestre des Champs-Élysées : « C’est une partition chorégraphique », explique Kader.

En fait, je ne me suis jamais posé la question de savoir si mon esthétique peut aller avec une autre esthétique, explique-t-il.Pour moi, l’important c’est le processus de création. Celui qui permet créer du lien ensemble. Que ce soit dans la danse, la musique ou dans tous les arts… »

*Mourad Merzouki est directeur du Centre chorégraphique national de Créteil et du Val-de-Marne / Compagnie Käfig et il dirige le Centre chorégraphique Pôle Pik.

Un break à Mozart, les 12,13 et 14 juillet, à 22h30, au musée du Louvre, parvis de la Pyramide, entrée libre, réservation obligatoire.

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