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Fespaco / Cinéma / Burkina Faso

Fespaco: le Burkina Faso entre en compétition avec «Mémoire en fuite»

Avec Hakilitan ou Mémoire en fuite, le premier des trois films du Burkina Faso, le pays est entré en compétition au Festival panafricain du cinéma (Fespaco). La fiction du Burkinabè Issiaka Konate évoque l'inondation catastrophique des archives de la Cinémathèque africaine de Ouagadougou en 2009. La première de Hakilitan a eu lieu lundi 25 février au soir au Ciné Burkina, sous l’applaudissement du président et du public. Entretien avec le réalisateur.

Le réalisateur burkinabè Issiaka Konate entouré de son équipe lors de la présentation de «Hakilitan» ou «Mémoire en fuite» au Ciné Burkina, au 26e Fespaco.
Le réalisateur burkinabè Issiaka Konate entouré de son équipe lors de la présentation de «Hakilitan» ou «Mémoire en fuite» au Ciné Burkina, au 26e Fespaco. Siegfried Forster / RFI
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RFI : Hakilitan ou Mémoire en fuite, est-ce le cri d’un cinéaste ?

Issiaka Konate : Je dirais oui. Quand la cinémathèque a été inondée, c’était très dramatique. D’où ce film sur la mémoire. Comment peut-on, aujourd’hui, transmettre la mémoire ? Aujourd’hui, c’est aussi ça, le vrai drame.

Quand vous titrez Mémoire en fuite, de quelle fuite parlez-vous ?

Ce film est à la limite de notre mémoire qui, par moment, peut être aussi incohérente. La mémoire joue à un moment un rôle biologique sur notre évolution. Mais, on voit aussi, avec les technologies, qu’il y a une nouvelle mémoire à l’œuvre. Aujourd’hui, avec les nouvelles technologies, on confie cela à des appareils hors de nos têtes – à des téléphones, à des ordinateurs, des disques durs, etc. Cela fait que cette nouvelle génération est plus extérieure. Ces outils technologiques sont devenus des organes biologiques chez eux. C’est en quelque sorte notre évolution. C’est aussi ça l’idée dans le film : partir de l’homme du marais, primordial, qui se trouve dans ce marais de l’inconnaissance. Après, petit à petit, il va acheminer vers la lumière…

« Mémoire et avenir des cinémas africains » est le thème de cette 26e édition du Fespaco. Est-ce aussi le thème de votre film ?

Absolument. Mais moi, j’avais déjà commencé depuis neuf ans ! Depuis, il y en a eu trois Fespaco. Quand j'ai terminé le film, c’est tombé sur cette édition avec exactement le même thème.

Votre film, un mélange entre documentaire et fiction, arrive aussi à un moment où le Fespaco va pour la première fois valoriser le genre documentaire avec un Etalon d’or de Yennenga, donc au même titre que la fiction.

Oui, j’ai déjà élargi le genre. J’aborde la création et la création reste entière. Je ne distingue pas entre toutes les aides. J’ai commencé par un documentaire. Je me suis filmé d’abord. Mais, petit à petit, la fiction est venue, parce que le chantier autour du siège a repris, donc je voulais inclure le chantier. Ensuite, je me suis dit : il serait bien d’avoir un personnage qui se réveille amnésique et qui ne sait pas pourquoi sa vie remonte comme ça, par morceaux. Cela est devenu la trame du film. Il y a aussi l’incohérence de notre mémoire. J’ai pris cette structure de l’incohérence comme structure pour raconter mon histoire.

Le genre documentaire devient-il de plus en plus important au Burkina Faso ?

Oui, et c’est très bien. Je me réjouis qu’on ait instauré l'attribution des Etalons pour le documentaire, un genre qu’on avait tout le temps méprisé. On a toujours valorisé la fiction, mais le documentaire, c’est du vrai cinéma.

Vous êtes né en 1959, dix ans avant le premier Festival panafricain du cinéma. A l’époque, il n’y avait pratiquement pas de films burkinabè (ou voltaïque). Aujourd’hui, il y en a trois en lice pour l’Etalon d’or. Une bonne nouvelle pour le cinéma burkinabè ?

Il y a une évolution. Et c’est aussi incontestable que le Burkina héberge la capitale du cinéma à Ouagadougou. C’est un pays qui fait beaucoup d’efforts par rapport à cela. Aujourd’hui, on célèbre le cinquantenaire du Fespaco et je pense que cela est un tournant très important, avec pas mal de films burkinabè en compétition ou présents au Festival. Mon film, Hakilitan, est un nouveau point de départ d’une autre approche cinématographique. Jusqu’ici, les professionnels et le public sont habitués à un certain type de cinéma. Aujourd’hui, on est en rupture par rapport à cela. Pour ceux qui ont une culture cinématographique, je ne me fais pas de souci. Mais pour le public, il va falloir que les critiques de cinéma fassent un véritable travail. On doit être patient et prêt à vivre une expérience cinématographique ou personnelle avec ce film.

Comment avez-vous vécu la « rupture » aujourd’hui avec le public dans la salle ?

Moi, je trouve que dans la salle, cela était bien accueilli. Je me réjouis fortement de cela. Cela veut dire, quelque part, que c’est un film qui va cheminer.

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