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Art / Indonésie / France

«Java - Art Energy», l’art contemporain indonésien à Paris

Par le nombre de croyants et fort de ses 264 millions d'habitants, l’Indonésie s'impose comme le nouveau centre de gravité des cultures d’islam. « Java - Art Energy » est la première grande exposition en France consacrée à l’art contemporain indonésien. Jusqu’au 24 février, 17 artistes de l'île indonésienne Java (qui compte près de 150 millions d'habitants) déploient leurs œuvres – dont cinq spécialement créées pour l’Institut des cultures d’islam (ICI) de Paris - sous forme de photographies, peintures, installations, vidéos, bandes dessinées pour questionner l’urbanisation sauvage, l’islam et la société, le colonialisme, la nature et la spiritualité. Entretien avec Stéphanie Chazalon, directrice générale de l’ICI.

« High Tea », installation d’art contemporain indonésien de Mella Jaarsma dans l’exposition « Java – Art Energy » à l’Institut des Cultures d’Islam (ICI) à Paris.
« High Tea », installation d’art contemporain indonésien de Mella Jaarsma dans l’exposition « Java – Art Energy » à l’Institut des Cultures d’Islam (ICI) à Paris. Siegfried Forster / RFI
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RFI : Quelle est la promesse de Java  Art Energy ?

Stéphanie Chazalon : L’exposition Java - Art Energy est la première incursion de l’Institut des cultures d’islam (ICI) qui est un établissement de la Ville de Paris vers le nouveau centre de gravité de ces cultures d’islam, c’est-à-dire l’Asie. Donc, nous sommes allés vers l’Indonésie qui est le premier pays musulman au monde par le nombre de croyants et plus précisément vers l’île de Java, le centre artistique de ce gigantesque archipel où se concentrent vraiment les cultures d’Islam.

L’Indonésie, est-elle devenue le centre des cultures d’islam ?

C’est un centre. Je parlais plutôt de l’Asie comme nouveau centre de gravité des cultures d’Islam. Après, dans cette Indonésie qui est le premier pays musulman au monde, on s’est concentré sur l’île de Java, parce que c’était compliqué de traiter toute la diversité de l’Indonésie, selon les décomptes, il y a entre 13 000 et 17 000 îles. Java est vraiment le centre artistique et culturel de l’Indonésie par lequel transitent la plupart des artistes pour leur formation ou leur exposition.

En quoi l’exposition Java  Art Energy est-elle inédite ?

C’est la première exposition collective de cette envergure sur l’art contemporain javanais à Paris. L’institut ICI essaie de montrer la diversité des cultures d’islam à travers le monde. L’art indonésien est assez peu connu à Paris, il était donc assez important pour nous de pouvoir valoriser la création, la vitalité et le dynamisme de cette création artistique à Java.

Stéphanie Chazalon, directrice générale de l’Institut des Cultures d’Islam, devant « Si Tintin était né en Indonésie » d’Adhya Ranadireksa.
Stéphanie Chazalon, directrice générale de l’Institut des Cultures d’Islam, devant « Si Tintin était né en Indonésie » d’Adhya Ranadireksa. Siegfried Forster / RFI

Ici, on est à l’Institut des cultures d’islam. De quelle façon, cet art contemporain qui utilise des supports occidentaux comme la photo, la peinture, le street art, est-il relié à l’islam ?

On voit dans cette exposition que les artistes trouvent leur inspiration dans un tas de sujets d’actualité pour Java et pour l’Indonésie. Il y a bien évidemment, par exemple, la place prépondérante de l’islam dans l’espace public. Il y a aussi le sujet de la montée des groupes radicaux que connaît aujourd’hui l’Indonésie, mais, il y a aussi plein d’autres sujets : la surexploitation des ressources naturelles, la préservation de l’environnement, une section dans l’exposition parle de la nature et de la spiritualité. Et puis, par l’art contemporain, les artistes reviennent sur le passé de l’Indonésie, en particulier le passé de la colonisation néerlandaise, japonaise, et également toute cette époque de dictature avec le massacre communiste ou présumé communiste dans les années 1965-67.

Qu’est-ce que fait Tintin dans une exposition sur l’art indonésien ?

Cette œuvre de l’artiste Adhya Ranadireksa s’appelle Si Tintin était né en Indonésie. Vous allez découvrir dans d’autres espaces de l’exposition la manière avec laquelle l’artiste détourne les couvertures d’Hergé qui sont connues partout dans le monde et en particulier en Indonésie où Hergé est très populaire, pour faire passer des messages sur ses craintes face à la montée d’un islam radical.

C’est la première exposition en France sur l’art contemporain indonésien. En Indonésie, le premier musée d’art contemporain a ouvert ses portes en novembre 2017. Qu’est-ce que le MACAN (Museum of Modern and Contemporary Art in Nusantara) a changé pour les artistes ?

L’art contemporain est extrêmement dynamique à Java et il est important qu’il y ait un lieu institutionnel qui puisse reconnaitre la place de cet art. Et il y a aussi une biennale d’art contemporain tout à fait important qui a été partiellement initiée par des artistes présents ici à Paris.

« Seke / Waterspring » (détail) (2018), peinture/installation de Muhammad Zico Albaiquni dans l’exposition « Java – Art Energy » à l’Institut des Cultures d’Islam (ICI) à Paris.
« Seke / Waterspring » (détail) (2018), peinture/installation de Muhammad Zico Albaiquni dans l’exposition « Java – Art Energy » à l’Institut des Cultures d’Islam (ICI) à Paris. Siegfried Forster / RFI

Java - Art Energy, exposition sur l’art contemporain indonésien à l’Institut des Cultures d’Islam (ICI) à Paris, jusqu’au 24 février 2019, accompagnée d’un très riche programme d’arts de la scène (danse, marionnettes, musique, théâtre d’ombres), de cinéma, de débats, de conférences, de lectures...

► Lire aussi : La plus ancienne peinture figurative connue vient d'Indonésie, rfi, 8/11/2018

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► Lire aussi : La décolonisation de l'Indonésie, le tabou aux Pays-Bas, rfi, 27/1/2017

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