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Cinéma

Alain Cavalier, la vie en «Six portraits XL»

Ils s’appellent Guillaume et Léon. L’un commence à prendre en main son destin professionnel avec une nouvelle boutique de boulangerie et pâtisserie. L’autre prépare la fermeture de sa petite cordonnerie qu’il a tenue pendant 46 ans dans un quartier parisien. Deux histoires issues des « Six portraits XL » filmés par Alain Cavalier dans l’intimité avec une toute petite caméra. Le résultat de cet amateur de visages sort ce mercredi 17 octobre en salles.

Léon dans le premier épisode de « Six portraits XL » d’Alain Cavalier.
Léon dans le premier épisode de « Six portraits XL » d’Alain Cavalier. Tamasa Distribution
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Il a tourné avec Romy Schneider, Jean-Louis Trintignant et Alain Delon, empoché le prix du Jury au Festival des Cannes pour Thérèse avant de prendre de la distance avec le cinéma traditionnel. Âgé de 87 ans, devenu réalisa-rêveur, il n’arrête pas de nous émouvoir et tracer sa route. Après nous avoir envoyés au Paradis et épatés avec l’ovni cinématographique Pater, Alain Cavalier persiste et signe. Dans la suite de ses célèbres 24 portraits publiés en 1987 et 1991, il s’est à nouveau emparé de sa caméra pour s’infiltrer dans la vie des gens par leur métier.

« N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures », dit un proverbe tzigane. Mais c’est bien ce qu’Alain Cavalier entreprend pour nous émerveiller avec l’histoire de Léon. Les 70 ans passés, il s’apprête à fermer son magasin, après 46 ans de bons et loyaux services auprès de ses clients, souvent devenus des amis. Avec chaque chaussure, soit-elle en croco ou en cuir simple, leur vie arrive sur son comptoir, devenu un peu crade avec toute la colle et la poussière accumulées pendant des décennies.

Rosette et Mebus

Lui, avec son tablier en cuir, il se retrouve dans son lieu bordélique, un fourre-tout chaleureusement organisé autour de sa personne attachante. Les lunettes au bout du nez de son visage d’autour, il s’emploie à changer les semelles, les patins, les doubles, les premières intérieures, à réparer le cuir, à amuser et satisfaire ses clients. À midi, la douce « Rosette » prépare à manger à son mari qui adore croquer les gousses d’ail. Après, le bonhomme - qui a fait son « certif’ » à Dieppe, en 1945, à l’âge de 13 ans, et commencé à travailler à l’âge de 14 ans - fait la sieste à côté de sa machine Mebus.

On découvre alors que c’est bien sûr lui le plus mal chaussé parmi tous ceux entrant dans son petit magasin. Et il y en a pleins : du petit Timor qui adore le piano jusqu’à la vieille dame abonnée aux sandales blanches de Birkenstock. Il y a aussi le monsieur distingué, venu aller chercher ses bottes de cuir noires tout en racontant ses expériences d’écuyer. Ou le SDF à qui Léon avait permis pendant tout un mois de dormir dans la boutique.

Des chaussures et des mots tendres

Ce monde créé par Léon (« Lévon en arménien ») disparaîtra avec lui quand il fermera ses volets pour toujours. Pour cela, un gâteau géant en forme de chaussure et des mots tendres l’attendent de la part de ses clients à la fin de cette histoire touchante.

Un flux de mots et d’images cueilli d’une manière très naturelle par la caméra bienveillante d’Alain Cavalier. Le cinéaste apparaît brièvement dans le miroir de la boutique de Léon et une deuxième fois, quand il lui annonce d’interrompre le tournage pendant un certain temps, parce que sa « maman vient de mourir ce matin, à 102 ans ».

Guillaume, le deuxième portrait dans le premier épisode de « Six portraits XL » d’Alain Cavalier.
Guillaume, le deuxième portrait dans le premier épisode de « Six portraits XL » d’Alain Cavalier. Tamasa Distribution

Guillaume, le boulanger parisien qui voit grand

Avec la deuxième histoire racontée par Alain Cavalier, on s’en rend compte ô combien une histoire tient à son protagoniste. On y rencontre Guillaume, un personnage ayant hâte de changer de vie, mais qui apparaît un peu trop égocentrique pour réellement s’y attacher. Car l’ambitieux boulanger parisien voit grand. Avec une nouvelle boutique, totalement à rénover, quatre fois plus grande que l’ancienne, dans un quartier huppé de Rueil-Malmaison.

« Son défaut ? Il travaille trop » raconte sa fille chérie pour laquelle il sacrifie une demi-heure pour son entrée en 6e. En effet, du 4h le matin jusqu’à minuit, il paie de sa personne pour réussir sa vie. Sa femme Jasmine et sa fille Mathilde tournent autour de lui pour nettoyer et aménager la boutique pour la grande ouverture.

La main à la pâte, le doigt dans le gâteau

Entre deux sacs de farine, Guillaume cherche la bonne élasticité de la pâte, sent venir la pointe d’acidité si attendue au début de la fermentation et fait tout pour réussir la ganache parfaite pour ses pâtisseries…

Cavalier filme tout, néanmoins, cette fois-ci, il n’arrive pas à rendre palpable la passion de son protagoniste qui met la main à la pâte. Parfois, il apparaît avec des ongles un peu trop sales à l’écran où l’on découvre aussi sa fille s’asseoir pieds nus sur un plan de travail ou sa femme laissant traîner ses doigts dans les pâtisseries des clients. Du coup, le côté documentaire prend le dessus sur la poésie de la vie…

► Les portraits 1 et 2 de Six portraits XL sortent le 17 octobre dans les salles, les portraits 3 et 4 le 24 octobre, les portraits 5 et 6 le 31 octobre.

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