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Culture / Allemagne

Ouverture de la Biennale internationale de l’art contemporain de Berlin

« Penser et agir ensemble » semble être le mot d’ordre de la Biennale internationale de l’art contemporain de Berlin qui ouvre ce samedi 9 juin ses portes dans plusieurs lieux de la capitale allemande. Conçue par une équipe de cinq commissaires et dirigée par la directrice artistique sud-africaine Gabi Ngcobo, 48 ans, la dixième édition présente les œuvres de 46 artistes sous le titre « We don’t need another hero » (« Nous n’avons pas besoin d’un autre héros »). Entretien.

L’équipe de commissaires de la 10e Biennale de l’art contemporain de Berlin : (de g. à dr.)Thiago de Paula Souza, Gabi Ngcobo, Nomaduma Rosa Masilela, Yvette Mutumba, Moses Serubiri.
L’équipe de commissaires de la 10e Biennale de l’art contemporain de Berlin : (de g. à dr.)Thiago de Paula Souza, Gabi Ngcobo, Nomaduma Rosa Masilela, Yvette Mutumba, Moses Serubiri. F. Anthea Schaap
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RFI : Parmi les grands rendez-vous internationaux de l’art contemporain, de Dak’Art en passant par la Frieze à Londres, la Fiac à Paris ou la Biennale de Lyon, quelle est la place de la Biennale internationale de l’art contemporain de Berlin ?

Gabi Ngcobo : La Biennale de Berlin est très importante, parce qu’elle a lieu dans une métropole où beaucoup d’artistes habitent. Cela donne une scène artistique très vivante et des connexions avec le monde entier.

Le titre de la Biennale est« We don’t need another hero ». En même temps, vous venez de l’Afrique du Sud qui s’est débarrassée de l’Apartheid aussi grâce à un héros, Nelson Mandela. Et en France, il y a deux semaines, Mamoudou Gassama, un jeune sans papiers malien qui, en escaladant un immeuble, a sauvé un enfant suspendu dans le vide, est devenu un héros acclamé en France et au Mali. Pourquoi la Biennale est intitulée « Nous n’avons pas besoin d’autres héros » ?

Le titre « We don’t need another hero » n’est pas forcément le thème de la Biennale. Par exemple, on ne l’avait pas communiqué aux artistes. Pour nous, c’est plutôt une position ou un message envoyé en direction de l’Histoire et du futur. C’est aussi une prise de position : si on n’a pas besoin d’un autre héros, donc, qu’est-ce qu’on a besoin ? Chaque contexte va produire une réponse différente. Et le Malien sans papiers, le fait qu’il a eu cette intuition de sauver l’enfant, bien sûr, c’est un acte héroïque. Mais notre titre renvoie plutôt à des subjectivités malsaines : une blancheur toxique, des masculinités toxiques, des féminités toxiques… J’ai le sentiment que leurs jours sont comptés. J’espère que c’est bientôt fini, l’époque de ce genre de héros et de pouvoirs hiérarchiques qui nous rendent malades. On a besoin d’une conversation où l’on peut penser et agir ensemble.

Grada Kilomba, ILLUSIONS Vol. II, OEDIPUS, 2018, 2-channel video, color, sound, 32′, Installation view, KW Institute for Contemporary Art, Berlin, courtesy Grada Kilomba; Goodman Gallery, Johannesburg/Cape Town.
Grada Kilomba, ILLUSIONS Vol. II, OEDIPUS, 2018, 2-channel video, color, sound, 32′, Installation view, KW Institute for Contemporary Art, Berlin, courtesy Grada Kilomba; Goodman Gallery, Johannesburg/Cape Town. Timo Ohler

Parmi les artistes, vous présentez Feelings de la Sud-Africaine Dineo Seshee Bopape, mais aussi l’œuvre Illusions de l’artiste portugaise Grada Kilomba et Voices Unheard d’Elsa M’Bala, artiste camerounaise ayant vécue en Allemagne avant de retourner au pays. Pourquoi avez-vous choisi ces artistes ?

Avec Grada Kilomba, je suis en contact et en conversation depuis la Biennale de Sao Paulo où j’étais commissaire en 2016. On a travaillé ensemble pour créer sa performance Illusions qui s’est transformée pour la Biennale de Berlin en installation vidéo. Donc, avec la plupart des artistes sélectionnés ici, je suis en conversation depuis des années. Elsa M’Bala est une artiste obsédée par le son et elle fera aussi une performance dans le cadre de cette Biennale. La sélection des artistes ne suit pas véritablement une stratégie. Parfois, je sens tout simplement que cela sera une bonne décision. D’autres œuvres sont choisies pour créer une discussion. Donc, le travail du curateur n’est pas toujours de promouvoir quelque chose, mais aussi de provoquer des débats qui me semblent urgents.

Dans l’art contemporain, ces dernières années, de nombreux curateurs d’expositions ou de biennales comme Simon Njami, Okwui Enwezor, Marie-Ann Yemsi ou Bisi Silva ont souligné l’importance d’une approche postcoloniale ou décoloniale qui embrasse la création du monde entier. Vous-mêmes vous êtes artiste, commissaire et pédagogue, quelle est votre approche de l’art contemporain ?

Mon approche dépend de la situation et n’est pas toujours la même. Bien entendu, cela m’intéresse de découvrir quels discours historiques ne sont pas racontés ou quelle hiérarchie existe dans le récit historique. Ou comprendre le processus comment le savoir est produit et introduit dans les discussions.

Pour vous, l’art, c’est de l’espace et des expériences. De quelle façon le choix des artistes et le thème de cette Biennale sont-ils liés à la ville de Berlin ?

Cela est très important. Cette exposition peut uniquement avoir lieu à Berlin. Même à Munich ou dans une autre ville allemande, cela serait une autre exposition. La Biennale est conçue comme une conversation avec Berlin pour se connecter avec le reste du monde.

Las Nietas de Nonó, « Ilustraciones de la Mecánica », 2016. Ansicht aus der Produktion / Production still.
Las Nietas de Nonó, « Ilustraciones de la Mecánica », 2016. Ansicht aus der Produktion / Production still. Courtesy Las Nietas de Nonó

La 10e Biennale de l’art contemporain de Berlin, du 9 juin au 9 septembre 2018

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