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Festival d’Avignon / Théâtre / « Off »

«Plus rien ne m’arrête», Antoine Zebra affronte le «off» du Festival d’Avignon

C’est l’histoire d’Antoine, une de ces nombreuses histoires procurant au Festival d’Avignon son charme irrésistible. En tant que DJ, il a connu la gloire avec jusqu’à 50 000 spectateurs subjugués par ses remixages et ses bootlegs. À 45 ans, il a décidé de changer de vie, d’arrêter de mixer la musique des autres et de raconter sa propre histoire au théâtre. Il a donc monté sa première pièce «Plus rien ne m’arrête». Antoine Zebra fait partie des 1480 spectacles programmés dans le Festival «off» qui démarre ce vendredi 7 juillet. Et il sera très content d’aguicher assez de festivaliers dans la rue pour remplir sa petite salle de 50 places. Portrait.

Antoine Zebra raconte sa vie dans «Plus rien ne m’arrête» dans le «off» du Festival d’Avignon 2017.
Antoine Zebra raconte sa vie dans «Plus rien ne m’arrête» dans le «off» du Festival d’Avignon 2017. Marie Monteiro
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Il n’a jamais mis un pied au Festival d’Avignon. Pour se donner du courage, il a rodé sa pièce et enthousiasmé son public au théâtre Essaïons à Paris. Là, dans cette cave de 50 places, il s’est souvenu d’où il vient, de Ham, ce « petit trou de la Picardie » où il rêvait de faire un album. Trente ans sont passés. Il s’est fait un nom comme DJ Zebra, il est devenu musicien, chanteur, a produit ses propres disques…

C’est sa prof de philo qui lui a donné ce surnom de Zebra, un animal totem censé désigner quelqu’un d’impulsif et à la limite schizophrène. Aujourd’hui, il constate que seul le théâtre lui permet de faire oublier son passé de DJ pour se redonner un prénom, devenir Antoine Zebra : « Je suis surtout venu au théâtre pour exprimer mes idées. Exprimer mon idée du rock et de l’art en général, aussi de la fonction de l’artiste, il y avait que le théâtre qui permet de le faire. Il fallait le personnifier, l’incarner physiquement et en plus le jouer, jouer du rock, avec ma guitare électrique. »

Les ronds-points du rocker Antoine Zebra

Son jeu d’acteur est encore un peu hésitant, mais avec ses pattes très effilées sur les joues et sa guitare électrique dans la main, il est visiblement à l’aise sur scène, titille son public, chante ses échecs, raconte ses folies avec le groupe Billy Ze Zick et les Gamins en folie jusqu’aux Transmusicales. Il a souvent fait le contraire de ce qu’on attendait de lui. Quand les autres voulaient un chemin qui mène droit au but, il a installé des « ronds-points » pour ouvrir le débat. Il a mixé le rock avec du hip-hop, aujourd'hui il tente d'emmener des rockeurs au théâtre. Mais il a toujours conservé deux choses : son esprit de rockeur et sa guitare électrique blanche dotée de boutons dorés assortis à son alliance qui danse sur les barrettes.

Son rêve dans le théâtre ? « Déjà faire le Festival d’Avignon, d’y jouer… C’est une aventure un peu effrayante, parce que je n’y suis jamais allé ! Même en touriste. Je ne sais pas à quoi cela ressemble. On me dit que c’est épuisant, on me fait peur là-dessus. Moi, je n’arrive pas à m’imaginer qu’il y ait 1 400 spectacles par jour. Et moi, j’arrive comme un profane, du milieu rock. Dans le milieu du théâtre, on ne me connaît pas du tout. Et ça, ça m’excite beaucoup. Je suis devenu DJ, parce que je n’aime pas les DJ. Et finalement je suis comédien, parce que je n’aime pas les comédiens. C’est un peu la même démarche. »

« 50 spectateurs, c’est plus intense »

Comment se prépare-t-il pour Avignon ? N’a-t-il pas peur de se retrouver seul le soir de la représentation ? « En tant que DJ, j’avais 50 000 spectateurs, mais c’est une masse. Dans mon spectacle, je viens d’avoir 50 spectateurs, mille fois moins, mais c’est plus intense. Je préfère ces 50 là que les 50 000 que je ne connais pas. Deuxièmement, en tant que DJ, je vendais une prestation. Je fixais un prix. Là, au théâtre, c’est différent. Par exemple, je suis auteur, comédien, metteur en scène, producteur de mon spectacle. J’ai aussi la licence d’entrepreneur pour le théâtre : je loue les murs et gère la billetterie. C’est un enfer au niveau administratif. Je n’étais pas préparé à ça. Au théâtre, c’est vraiment un monde d’auto-entrepreneurs. »

Selon lui, la situation de nombreux artistes est symptomatique du monde d’aujourd’hui : « Moi, je suis auto-entrepris, auto-géré, auto-produit, auto-financé, auto-promu, auto-vendu… Bienvenue au Salon de l’auto… C’est aussi l’histoire des temps modernes. On le voit avec l’élection de Macron à la présidence, on est dans une ère de l’auto-entreprise. C’est celui qui a la bonne idée qui avance plus vite que les autres. Moi, j’ai envie de faire du théâtre, alors je fais du théâtre. »

Antoine Zebra : «Plus rien ne m’arrête», dans le «off» du Festival d’Avignon 2017.
Antoine Zebra : «Plus rien ne m’arrête», dans le «off» du Festival d’Avignon 2017. Siegfried Forster / RFI

Plus rien ne m’arrête, spectacle écrit, interprété et mis en scène par Antoine Zebra, présenté dans le « Off » du Festival d’Avignon, du 7 au 29 juillet à 22h30 au Théâtre BO Avignon, Novotel Centre, Salle 2, Avignon, 20 boulevard Saint-Roch, 84000 Avignon.

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