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Festival de Cannes 2017 / Iran

Le cinéaste iranien Mohammad Rasoulof est «un homme intègre»

Il a présenté « Un homme intègre » au Festival de Cannes le jour de l'élection présidentielle en Iran et il va nous dire ce qu’il en pense. Son œuvre cinématographique, dotée d’une grande finesse et justesse, a été projetée en sélection officielle dans la prestigieuse section Un certain regard. Se trouvant toujours en liberté sous caution, après un film jugé par la censure iranienne « hostile à la République islamique d'Iran », le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof s’attaque cette fois à la corruption dans tous les domaines subie par un homme qui voulait tranquillement vivre de son élevage de poissons d’eau douce. Entretien.

Le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof a présenté au Festival de Cannes « Un homme intègre ».
Le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof a présenté au Festival de Cannes « Un homme intègre ». Siegfried Forster / RFI
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RFI : Votre film s’intitule Un homme intègre ? L’intégrité, est-ce pour vous la valeur la plus précieuse dans la société d’aujourd’hui ?

Mohammad Rasoulouf : [Remarque de la traductrice* : « Le mot "intègre" n’existe pas en persan, donc je suis en train de lui expliquer d’abord votre question, ndlr.]
Le titre original du film est Lerd qui a aussi une dimension métaphorique. Un homme intègre était suggéré par le distributeur français, puisque cela correspondait à leur vision du film. C’est une vision qui m’a beaucoup intéressée et que je partage tout à fait, donc j’ai donné mon accord pour ce titre. Mais si vous voulez vraiment connaître la justification du titre, il faut demander à eux… Mais, en effet, c’est l’aspect le plus important du personnage : son intégrité et surtout l’atteinte portée à cette intégrité par le système en place.

Vous racontez l’histoire de Reza. Cet homme vit retiré dans le nord de l’Iran pour y vivre en paix avec sa femme et son fils. Hélas, la société autour de lui est totalement corrompue et l’injustice est partout. Selon sa femme, il y a deux manières d’affronter les problèmes : d’un côté la fierté et la violence des hommes, de l’autre côté l’intelligence et le dialogue chez les femmes. Est-ce une métaphore pour la situation en Iran ?

Je veux montrer la façon dont une structure corrompue inculque son mode de fonctionnement aux individus qui vivent dans cette structure. Comment elle pénètre dans le cercle intime et familial. Comment elle met à mal un couple qui fonctionne bien. Ce sont des gens qui arrivent à s’entendre et à vivre ensemble. Pourtant, il y a une dissonance qui se crée entre eux. Il y a d’une part Reza qui a des valeurs auxquelles il tient à s’accrocher, alors que Hadis, en raison de l’amour qu’elle porte envers sa famille, et les soucis qu’elle a à maintenir sa famille, cède plus vite que lui aux exigences du système et donc à l’intérieur de son métier de directrice d’école.

Par exemple, elle contribue à la violence faite en renvoyant de l’école une élève qui appartient à une minorité religieuse. Et pourtant, elle ne fait qu’accomplir son devoir professionnel : appliquer la circulaire qu’elle a reçue du ministère. Dans un deuxième temps, elle change la destinée de la fille de la personne avec qui elle est en difficulté. C’est très intéressant à voir comment elle-même devient un maillon de ce système. Elle exerce à son tour cette oppression à ceux qui lui sont soumis. Elle cède beaucoup plus vite que son mari. Je ne juge pas son attitude. Je ne dis pas si c’est bien ou si c’est mal, mais je relève cette différence entre les deux membres du couple.

En 2011, vous avez fait sortir votre film Au revoir illégalement de l’Iran pour le présenter au Festival de Cannes. Vous-même aviez une interdiction de quitter l’Iran après une condamnation à six ans d’emprisonnement [condamnation depuis réduite à un an] pour « actes et propagande hostiles à la République » d’Iran. Cette année, le Festival de Cannes a projeté votre nouveau film Un homme intègre le jour de l'élection présidentielle en Iran. La réélection d’Hassan Rohani, est-ce une bonne nouvelle pour le cinéma en Iran ?

Bien sûr que c’est une bonne nouvelle pour l’Iran et pour le cinéma iranien. La modération et la réforme fonctionnent et elles sont souhaitables. A titre tout à fait personnel, pour moi, dans ma situation, le résultat des élections d’un camp ou de l’autre ne crée pas de différences fondamentales pour ma situation.

*Traduction simultanée réalisée par Massumee Lahidji

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