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Festival de Cannes 2017 / Cinéma

Andrey Zvyagintsev: «Loveless nous pousse à sortir de notre zone de confort»

Il fait partie des plus importants réalisateurs en Russie et se trouve en lice pour la Palme d’or 2017. Le dernier film d’Andrey Zvyaginsev, Léviathan, a été accusé d’être « anti-russe ». Son nouveau film Loveless (Faute d’amour) risque d’enfoncer le clou avec l'histoire d'un couple en plein divorce, prêt à délaisser sa progéniture, un fils de 12 ans, pour « avancer dans la vie ». Entretien avec le cinéaste russe de 53 ans, qui est rarement parti sans prix du Festival de Cannes.

Andrey Zvyagintsev, le réalisateur de «Loveless» («Faute d'amour») au Festival de Cannes 2017.
Andrey Zvyagintsev, le réalisateur de «Loveless» («Faute d'amour») au Festival de Cannes 2017. Siegfried Forster / RFI
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RFI : Dans votre film précédent, Léviathan, vous avez montré des hommes saouls tirant sur des portraits d’anciens présidents russes. Dans votre nouveau film, Loveless, on dirait que vous tirez sur une société qui pousse de plus en plus de gens de devenir égocentriques, sans cœur et sans amour.

Andrey Zvyagintsev : C’est possible, mais c’est tout de même un peu fort comme métaphore. C’est vrai que les films, même les œuvres littéraires de ce genre qui traitent de la morale, nous poussent à sortir de notre zone de confort. J’aime bien votre métaphore. Concernant cette proposition de « tirer sur », dans ce cas-là, pour une courte durée, les spectateurs pourraient être l'une de ces balles qui sont tirées.

Loveless est l’histoire de Boris et Zhelya, un couple qui divorce, qui vend son appartement et veut se débarrasser d'un fils de 12 ans. Est-ce une histoire vraie qui a servi pour votre film ?

Non, ce n’est pas une histoire réelle. Elle a été complètement inventée. Cela aurait été très dur d’être témoin de quelque chose de si rude. La disparition d’un enfant est un ressenti tellement personnel... Dans ce film, tout est concentré, il y a certainement une sorte d’hyperbole. Ceci dit, notre histoire n’était pas basée sur des faits réels.

Mais, en disant cela, je me souviens d’une histoire que j’ai vue à la télévision où une femme, une mère célibataire qui éduquait seule son enfant, a décidé un beau jour de se débarrasser de son enfant de 14 ans. Elle est allée devant un tribunal et elle a émis sa volonté de ne plus être la mère de cet enfant. L’enfant a été alors placé dans un orphelinat, pas loin de là où ils habitaient. Donc cet enfant continuait aller voir ces copains qui vivaient juste à côté à jouer avec eux. Et la mère, lorsqu’elle passait, ignorait complètement l’enfant. Cela montre bien que cette forme d’extrême peut exister.

Dans Loveless, l’héroïne est remplie de haine envers son ex-mari. A un moment, elle lui dit : prends-le ! Elle sait qu’il ne peut pas, parce qu’il a sa vie, sa nouvelle compagne enceinte, donc que faire de cet enfant ? Ils divisent tout : leur bien immobilier, tout, jusqu’à l’indivisible, leur fils qu’ils se rejettent comme un ballon, comme une poupée de chiffon.

Les protagonistes de votre film regardent aussi la télé et écoutent la radio. On a les nouvelles du front de la guerre en Ukraine. Est-ce pour dire qu’il est facile de faire la guerre, mais très difficile de sauver une seule vie, en l’occurrence celle du fils Alyosha ?

C’est votre interprétation, elle est compréhensible et valable. C’est bien que vous soyez arrivé à cette conclusion. Je ne vais pas la commenter. Et c’est une évidence qu’il est bien plus facile de détruire que de construire.

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