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Cinéma / Allemagne / Japon

«Fukushima, mon amour», apprendre à vivre

Comment réinstaller la vie dans une zone irradiée pour toujours ? L’histoire de « Fukushima, mon amour » se déroule dans une région mortifère, condamnée par la double catastrophe du tsunami et de l’accident nucléaire. De cette zone sombre sort ce mercredi 15 février un film en noir et blanc lumineux, un récit rayonnant de vie et d’espoir. Avec humour et finesse, la cinéaste allemande Doris Dörrie entrecroise le destin d’une vieille geisha japonaise avec celui d’une jeune Allemande en crise existentielle.

Rosalie Thomass et Kaori Momoi dans « Fukushima, mon amour », de Doris Dörrie.
Rosalie Thomass et Kaori Momoi dans « Fukushima, mon amour », de Doris Dörrie. Mathias Bothor / Majestic
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Que faire quand on a tout ? Eh bien, rater son mariage, quitter sa famille et ses amis et partir avec un sac à dos au Japon pour se retrouver. Quand la jeune Allemande Marie débarque à l’aéroport de Tokyo, elle met ses nouveaux habits de clown. À bord d'un train à grande vitesse, elle arrivera à sa destination : « Prochain arrêt Fukushima ».  Là-bas, elle s’est engagée comme saltimbanque pour divertir dans un camp de maisons préfabriquées les survivants du tsunami et de la catastrophe nucléaire. En Allemagne, elle s’angoissait sans cesse, sans que l’on sache pourquoi. Arrivée au Japon, elle ne cherche pas la beauté des rizières ou des cerisiers, mais apaiser son âme dans une zone contaminée où il ne reste que des vieillards…

Satomi, la dernière geisha de Fukushima

Inquiète comme son compteur Geiger qu’elle a du mal à quitter, Marie apprendra à Fukushima la vie et la mort : « Ici, ce n’est plus la zone. Le gouvernement nous a dit qu’on peut à nouveau vivre ici », racontent les survivants, sans lui insuffler la confiance. Les habitants sont portraiturés un par un par la caméra de Doris Dörrie avant de s’arrêter sur Satomi. La dernière geisha de Fukushima a décidé de retourner dans la zone contaminée pour finir sa vie dans la maison où elle est née. Et surprise, malgré toutes leurs différences, Marie l’accompagne.

« Si tout votre univers cessait d’exister, que feriez-vous ? » demande Satomi à Marie. Après la catastrophe, sa maison est restée en lambeaux. Les deux femmes essaient alors de la reconstruire, à l’image de leurs vies et leurs âmes déchirées.

« Il n’y a que la tasse et toi »

Entre « Kanpai ! » et « Prost ! », les langues se délitent. « L’éléphante » allemande (incarnée avec subtilité par Rosalie Thomass) apprend les bonnes manières pour approcher le cœur de Satomi : comment s’asseoir convenablement ou comment tenir une tasse de thé : « Tu réfléchis trop. Il n’y a que la tasse et toi. Rien d’autre », assène la geisha en lui apprenant à chasser le passé : « Tu attires les fantômes, parce que tu es malheureuse. » À la fin, au lieu d’en rire, l’Allemande fait volontiers appel aux grains de sel pour éloigner les fantômes des voisins morts qui rôdent autour de la maison.

Doris Dörrie et Kaori Momoi se confrontent à un sujet sensible

Devenue célèbre avec Männer, une comédie loufoque sur les hommes, la cinéaste allemande Doris Dörrie a croisé le chemin du Japon pour la première fois en 1985. Depuis, elle n’a jamais lâché ce pays qu’elle a appris à aimer. Dans nombreux de ses films, le Japon apparaît d’une manière ou d’une autre. Fukushima, mon amour est son deuxième long métrage tourné entièrement au pays du Soleil-Levant. Six mois après la catastrophe nucléaire, la cinéaste s’est rendue à Fukushima et a rencontré un vieil homme assis sur les fondations de sa maison dévastée : « il n’avait toujours pas réalisé ce qui lui était arrivé ». Kaori Momoi, une comédienne vénérée au Japon, a accepté le rôle de la dernière geisha dans une région contaminée par la radioactivité pour une raison simple : « aucun réalisateur japonais n’a osé se confronter à ce sujet sensible ».

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