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VISA POUR L'IMAGE

Le Grand Incendie, Visa d’Or du webdocumentaire RFI-France 24

«Le Grand incendie», remporte cette année le Visa d’or du meilleur webdocumentaire, décerné chaque année par RFI et France 24, à l’occasion de VISA pour l’image, le festival international de photojournalisme. En France, une personne s'immole en place publique tous les 15 jours. C'est sur ce drame social méconnu qu'ont enquêté les auteurs du Grand Incendie. Un webdocumentaire poignant qui s'articule autour de la parole des témoins.

©SAmuel Bollendorf-Olivia Colo
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Le parking de l’agence France Telecom/ Orange de Mérignac. C'est là que Rémy Louvradoux s’est immolé par le feu le 26 avril 2011.
Le parking de l’agence France Telecom/ Orange de Mérignac. C'est là que Rémy Louvradoux s’est immolé par le feu le 26 avril 2011. ©Samuel Bollendorf-Olivia Colo

«En France, une personne s’immole par le feu tous les 15 jours». C’est ce drame silencieux que Samuel Bollendorff et Olivia Colo abordent dans Le Grand Incendie, lauréat 2014 du Visa d’or RFI-France 24. Et c’est comme si on avait toujours voulu nous le cacher. Parce que, à dire vrai, on ne se souvient plus d’eux, Rémy Louvradoux, Djamal Chaar, Lise Bonnafou. On a bien en tête l’immolation de Mohammed Bouazizi, ce jeune Tunisien qui a déclenché la vague de protestation en Tunisie. Derrière ce fut la chute de Ben Ali.

Mais en France ? Point de chute. Point de révolution. Et on a honte en voyant les premières images du webdocumentaire. Honte de ne pas y avoir prêté attention, au milieu du flot quotidien d’informations. Ainsi, en France, des hommes et des femmes commettent régulièrement cet acte aussi spectaculaire que désespéré. Ils ont perdu leurs droits, ou bien la maîtrise de leur travail. Ils avaient confiance et puis, plus. Ils subissaient les pressions de leur employeur, qui plus est une entreprise publique. Ils ont pris de l’essence, se sont rendus à l’ANPE ou sur leur lieu de travail. Et ils ont mis le feu. Sur eux…

En pleine lumière

«Le feu, c’est mettre la lumière», dit le chirurgien Maurice Mimoun dans le reportage. C’est ce que Rémy, Djamal, Lise, Eric, Manuel ont choisi : un passage à l’acte inéluctable, en pleine lumière. Alors comment expliquer que tout le monde ait oublié ? Samuel Bollendorf et Olivia Colo ont contacté les familles, les employeurs, les collègues. Ils ont retrouvé Eric qui a survécu à son immolation : « Ils n’ont rien compris à mon geste, ils m’ont dit que j’avais pris une année sabbatique. Rien n’a changé, c’est même pire. C’est du gâchis ».

Les auteurs relisent les événements après-coup et font le lien. Confrontation du discours officiel avec les témoignages des familles ou des collègues : les lettres laissées par les victimes : « Aujourd’hui, c’est le grand jour pour moi car je vais me brûler à Pôle emploi. J’ai travaillé 720h et la loi, c’est 610h. Et Pôle emploi a refusé mon dossier ».

Le webdocumentaire s'articule autour de deux voix.
Le webdocumentaire s'articule autour de deux voix. ©Samuel Bollendorf-Olivia Colo

La parole au coeur du Grand incendie

Les auteurs ont choisi une présentation graphique sobre : le graphisme de deux voix qui modulent, deux voix présentes tout au long du webdocumentaire. Cela ressemble un peu à un électrocardiogramme. L'électrocardiogramme d’une société qui va mal, entrecoupée de mots en lettres capitales très évocateurs : « service public », « obéir aux ordres », « le cancer de la société ». Il y a d’une part les faits comme ils ont été relayés dans les médias ou par les politiques et les institutions, d’autre part, les témoignages, les lettres laissées et lues par le comédien Philippe Torreton. La narration s'articule autour de la parole. Les images sont froides, glaçantes même. Le propos est fort, et les deux journalistes ne se sont donc pas encombrés d'effets de style. Le Grand Incendie, c’est l’histoire d’une détresse, d'une contestation. L'histoire d'un déni aussi.

Le Grand Incendie, un webdocumentaire de Samuel Bollendorff et Olivia Colo, une production Honkytonk Films, en coproduction avec France Télévisions.

Fort MAc Money, quand le documentaire devient jeu vidéo

Le jury a souhaité remettre une mention spéciale à Fort McMoney de David Dufresne et Philippe Brault. Tous deux lauréats en 2010 du Visa d'or RFI-France24, David Dufresne et Philippe Brault ont poussé un plus loin l’interactivité et l’aspect ludique déjà très présents dans l'incontournable Prison Valley. Fort McMoney, c’est un jeu au coeur de l’industrie pétrolière « où tout est réel ». L’internaute rencontre les habitants, leur pose des questions, accumule des points et devient ainsi l’acteur essentiel de la destinée de cette ville du Canada, troisième plus grande réserve de pétrole au monde. Une réussite esthétique et une narration originale qui pousse encore un peu plus loin l’exercice du webdocumentaire.

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