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COP22

COP22: les populations autochtones ont du mal à faire entendre leur voix

Estimés à au moins 370 millions d'individus répartis sur 70 pays, les peuples autochtones sont parmi les plus exposés au changement climatique. Faute de constituer une force unie, ils peinent à se faire entendre, car ils manquent de soutien et œuvrent en ordre dispersé. La COP22 leur offrait la possibilité de faire avancer leur cause, mais le processus n’est pas simple.

La chercheuse anglaise Krystyna Swiderska estime que les populations autochtones sont les plus affectées par le réchauffement climatique.
La chercheuse anglaise Krystyna Swiderska estime que les populations autochtones sont les plus affectées par le réchauffement climatique. Christophe Carmarans/RFI
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De notre envoyé spécial à Marrakech,

Elles représentent à peu près 5% de la population mondialeet sont parmi les plus affectées par le réchauffement climatique, mais pourtant on les entend peu. Trop peu pour qu’elles pèsent sur l’échiquier mondial, car pas encore assez soudées entre elles, trop éloignées les unes des autres pour s’organiser (elles sont réparties sur 70 pays), et confrontées à des problématiques différentes sous des latitudes diverses. Les populations autochtones, certains disent indigènes, sont pour le moment les grandes oubliées des conférences sur le climat, car elles ne font souvent partie que d’une région ou d’un territoire sur une scène internationale, où ce sont d’abord et avant tout les pays qui comptent et les Etats qui se font entendre.

Un exemple : avant-hier, ici à Marrakech, ils n’étaient que cinq pays – Bolivie, Equateur, Canada, Australie et Guatemala – présents à une consultation informelle visant à établir une plateforme de propositions pour la sécurisation des droits territoriaux des populations autochtones. A ces cinq pays s’étaient également joints des représentants de l’Union européenne, l’UE qui justement ne compte pratiquement  plus de populations autochtones – hormis les Sami tout au nord – du moins pas telles qu’elles sont définies par les Nations unies : « les descendants de ceux qui habitaient dans un pays ou une région géographique à l'époque où des groupes de population de cultures ou d'origines ethniques différentes y sont arrivés et sont devenus par la suite prédominants, par la conquête, l'occupation, la colonisation ou d'autres moyens », avouez que l’on fait plus simple, mais c'est ainsi qu'on les identifie...

Des droits à faire respecter

Badia Sahmy coordonne des programmes de microfinancement depuis Rabat.
Badia Sahmy coordonne des programmes de microfinancement depuis Rabat. Christophe Carmarans / RFI

« Apparemment les instances de la COP22 n'ont pas bien fait passer l’information » tente, pour justifier ce manque d'engouement, l’Anglaise Krystyna Swiderska, qui est chercheuse en chef àl’Institut International pour le développement de l’environnement, organisme basé à Londres. Bien que déjà contrariée par les effets contre-productifs de l’élection de Donald Trump, Krystyna ne veut désespérer, car ce n’est pas sa nature, mais elle est inquiète. « Après avoir été exploités pour certains pendant des siècles, les peuples indigènes (terminologie anglaise NDLR) demandent simplement que leurs droits soient respectés autrement, sinon ils ne vont pas pouvoir s’adapter au changement du climat. Ils font face à des problèmes multiples, car ils vivent souvent dans un environnement difficile (montagnes, déserts, zones inondables, régions polaires) et sont plus affectés par les variations du climat que les populations qui vivent dans les villes ou dans des zones où la vie est plus facile ».

« Pour les populations qui vivent dans les montagnes ou dans des zones arides, reprend Krystyna Swiderska, le réchauffement climatique rend la réduction alimentaire de plus en plus difficile, car il vient amplifier les phénomènes de sécheresse, les chutes de pluie intempestives ainsi que l’apparition des nuisibles et la propagation des maladies ». A cela viennent parfois s’ajouter la construction de barrages ou l’exploitation minière, ce que certains ont appelé le « piratage biologique ». Alors que faire ? Les leviers à actionner pour faire bouger les choses sont pour le moment quasi inexistants, ce qui n’est pas une raison pour désespérer de l’avis de Krystina : « Il y a une clause de l’Accord de Paris signé l’an dernier lors de la COP21 qui propose l’établissement d’une plateforme afin que les populations autochtones participent aux prises de décision, mais aussi pour que les solutions qu’elles proposent soient prises en compte ». Raison de plus pour se mobiliser alors que la COP22 a déjà bien entamé sa deuxième semaine.

Régionale de l’étape pour ainsi dire, Badia Sahmy a une idée assez précise des politiques à mener : il faut créer des alliances, se fédérer en réseaux. Basée à Rabat, Badia assure pour le Maroc la coordination nationale des programmes de micro financement provenant du Fonds pour l’environnement mondial, soutenu entre autres par la Banque mondiale et les Nations unies. « Si je peux parler de notre expérience au Maroc, à l’échelle de chaque zone géographique comme par exemple la zone des montagnes ou celle des oasis, les agriculteurs constituent une communauté délimitée dans l’espace, une communauté qui échange avec les autres son savoir traditionnel, comme par exemple pour les semences ». Reste à développer ce système sur une échelle beaucoup plus large, au-delà les frontières. Bien que les choses tardent à avancer, Badia estime quand même que l’Accord de Paris signé à la COP21 a eu un effet déclencheur, un effet qui s’est poursuivi au Maroc avec la tenue de la COP 22 à Marrakech. « L’impact sur la population a été énorme ici » se félicite-t-elle.

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