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Hong Kong

Hong Kong: Carrie Lam annonce le retrait du texte sur les extraditions

Depuis juin, la foule habillée de noire fait la Une des médias du monde entier. Et ce mercredi 4 septembre, la cheffe de l’exécutif à Hong Kong a annoncé le retrait du projet de la loi qui a mis le feu aux poudres. Un projet de loi sur l’extradition qui a fait descendre des millions de hongkongais dans la rue.

Après treize semaines de manifestations, parfois violentes, la cheffe de l'exécutif hongkongais, Carrie Lam, a annoncé le retrait du texte controversé..
Après treize semaines de manifestations, parfois violentes, la cheffe de l'exécutif hongkongais, Carrie Lam, a annoncé le retrait du texte controversé.. REUTERS/Ann Wang
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La cheffe de l'exécutif hongkongais a annoncé que le projet de loi controversé sur les extraditions vers la Chine allait être définitivement retiré, une concession majeure aux manifestants pro-démocratie.

« Le gouvernement retirera officiellement le projet de loi afin d'apaiser complètement les inquiétudes de la population. Le secrétaire d'État chargé de la sécurité déposera une motion en ce sens dès la reprise des travaux parlementaires », a déclaré Carrie Lam dans une vidéo diffusée par ses services.

« Ensuite, nous soutiendrons résolument le travail de l'Inspection générale de la police nationale : en plus des experts étrangers, j'ai nommé deux nouveaux membres au sein de cette institution et je m'engage à ce que le gouvernement suive au plus près les recommandations qui seront contenues dans son rapport. », a expliqué la dirigeante pro-Pékin.

« Troisièmement, mes principaux conseillers et moi-même allons nous rapprocher de la population afin d'engager un dialogue direct : les citoyens venus de tous les horizons, de toutes les classes sociales, sont invités à exprimer leur opinion et à partager leurs difficultés. Nous devons trouver un moyen de soulager les maux de la société et d'imaginer les bonnes solutions, car après deux mois de mouvement social, il est évident que le mécontentement s'étend bien au-delà de ce projet de loi. »

Avant de prendre la parole, souligne notre envoyé spécial à Hong Kong, Stéphane Lagarde,Carrie Lam a pris soin de « border » sa décision auprès de son camp, et d’éviter la gaffe de juin 2019, quand elle avait annoncé la suspension et non le retrait du texte sans prévenir ses soutiens. Cet après-midi, la cheffe de l’exécutif avait rendez-vous à la résidence officielle avec une quarantaine de parlementaires pro-establishment selon le quotidien anglophone South China Morning Post. Des députés pro-Pékin qui, a plusieurs reprises, avaient déjà laissé entendre qu’ils étaient favorables à un retrait formel de la loi si cela permettait d’apaiser les tensions et de relancer l’économie hongkonaise.

Une annonce très attendue

L’annonce était très attenduecar elle a été très longue à venir, notamment pour de nombreux Hongkongais croisés ces derniers jours. Il aurait fallu le faire dès le début de la contestation, estiment-ils. Cela aurait permis d’apaiser les angoisses d’une grande partie des Hongkongais vis-à-vis de la Chine continentale. Ce qui est considéré ici par les opposants comme une emprise de plus en plus forte de Pékin sur les institutions.

Un million de Hongkongais ont défilé dans la rue le 9 juin dernier pour dire non déjà ce projet de loi. Carrie Lam a alors décidé de suspendre et non de retirer la loi, provoquant la colère des opposants. Le dimanche d’après, c’est une marée humaine qui a repris le chemin du bitume où deux millions de personnes, 30% des Hongkongais, se sont retrouvées dans la rue.

« La loi est morte »...

Mais là encore, Carrie Lam ne cède pas. En juillet, elle jure « que la loi est morte », mais sans techniquement la retirer. Ce qui va durcir le mouvement, et donc provoquer les violences qui ont émaillé les rassemblements, la semaine dernière notamment.

Des manifestants pro-démocratie marchent dans Hong Kong, le 31 août, portant une bannière rouge où est dessiné un swastika nazi.
Des manifestants pro-démocratie marchent dans Hong Kong, le 31 août, portant une bannière rouge où est dessiné un swastika nazi. Anthony WALLACE / AFP

La Bourse, elle, avait déjà réagi avant en s'envolant dans la perspective de cette annonce. L'indice a bondi de plus de 3% après la publication des articles dans la presse locales faisant état de la décision de l'exécutif. Ce retrait formel de la loi est donc une victoire pour les opposants au texte, mais rien ne dit qu’il annonce automatiquement la fin des manifestations. Certains rappelant sur les réseaux sociaux qu’il ne s’agit que d’une des cinq revendications formulées par les protestataires et notamment les jeunes qui demandent également l’établissement d’une  commission d’enquête indépendante sur les violences policières.


Comment le projet de loi sur les extraditions a mis le feu aux poudres ?

En 2018, un homme tue sa petite amie enceinte à Taïwan. L’assassin fuit vers Hong Kong. Il avouera son crime ; mais, faute d’accord d'extradition, il ne pourra pas être renvoyé vers Taïwan pour y être jugé. En février 2019, l'exécutif décide alors d’amender « l’ordonnance de délinquants en fuite » qui doit permettre l’extradition de suspects vers Taïwan, Macao, mais aussi vers la Chine continentale. La Chine, où le parti communiste au pouvoir contrôle la justice et où plus de 99% des prévenus sont condamnés.

Ce projet déclenchera la crise la plus grave que Hong Kong ait connu depuis la rétrocession de l’ex-colonie britannique à Pékin, en 1997. L’opposition et nombre de juristes craignent que cette nouvelle loi mette en cause l’indépendance de la justice hongkongaise, pourtant garantie jusqu’en 2047 en vertu du principe « un pays, deux systèmes ». Car, si la loi est adoptée, qui pourra encore protéger les dissidents, les travailleurs sociaux, les prêtres ou les journalistes qui osent critiquer le géant chinois ?

Pendant trois mois, des millions de jeunes et moins jeunes descendent donc dans la rue et réclament le retrait de cette loi qui'ils considèrent comme une menace contre leurs libertés et l'État de droit à Hong Kong.

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