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Papouasie

Camps de migrants: la Papouasie résilie le contrat d'une société australienne

La Papouasie-Nouvelle-Guinée a pris lundi 2 septembre une mesure importante vers la fermeture des camps hébergeant les demandeurs d'asile refoulés par l'Australie en annonçant la résiliation du contrat passé avec la société australienne les gérant.

Photographie datée de 2016 obtenue en 2017 montrant un bâtiment d'un camp sur l'ile de Manus, dans le Pacifique.
Photographie datée de 2016 obtenue en 2017 montrant un bâtiment d'un camp sur l'ile de Manus, dans le Pacifique. AFP/Refugee/action/coalition/Handout
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Le ministère papouasien de l'Immigration a annoncé qu'il mettait un terme au contrat passé avec le groupe Paladin Holdings, qui assure la sécurité et d'autres services dans les trois « centres de transition » pour migrants de l'île de Manus, dans le nord de la Papouasie. Cette décision est « la plus importante mesure à ce stade pour mettre un terme aux centres de rétention de la province de Manus », a estimé le ministère.

L'Australie mène depuis 2013 une politique très dure, critiquée par l'ONU, envers les migrants et réfugiés. Elle n'accepte aucun boat people sur son sol, même ceux qui remplissent les critères du droit d'asile. Les réfugiés qui ne sont pas directement refoulés en mer sont envoyés dans des camps sur des îles du Pacifique et de l'océan Indien avec interdiction de s'installer en Australie.

Arrangements anticonstitutionnels

De 2013 à 2017, l'Australie a géré ces camps de rétention. Mais après l'arrêt de la Cour suprême papouasienne qui a jugé ces arrangements anticonstitutionnels, elle a dû remettre ceux de Manus aux autorités locales et transmettre leur gestion à Paladin.

Les autorités et des associations de défense ont fait état d'une hausse des tentatives de suicide à Manus après la victoire surprise en mai de la coalition conservatrice australienne à l'origine de cette politique. Et on ne compte plus le nombre de témoignages sur le désespoir de demandeurs d'asile privés de perspectives.

« Nous vivons donc toujours dans les limbes »

Le ministère papouasien a indiqué que les 64 migrants se trouvant toujours sur Manus seraient transférés à Port Moresby, où 300 autres ont déjà été relocalisés récemment. Parmi eux, l'écrivain kurde iranien Beehrouz Bookhani, auteur du livre Témoignage d'une île prison. Pour lui la fermeture de ces « camps de la honte » sur l'île de Manus n'est pas la fin du drame humain qui se joue.

« Malheureusement nous sommes toujours coincés dans ce pays, alors que nous n’y avons aucun avenir, alerte l'écrivain. Nous ne pouvons pas commencer une nouvelle vie en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Même si nous le voulions, jamais on ne pourra devenir citoyen de ce pays. Nous vivons donc toujours dans les limbes, sans savoir pour combien de temps ils nous retiendrons ici. Nous sommes encore 300 personnes, sans aucune perspective. Aujourd’hui, je nous considère comme des otages politiques, puisque nous n’avons pas le droit de quitter le pays pour aller ailleurs. »

« Enfermer des gens pendant six ans les abime physiquement et mentalement, poursuit Beehrouz Bookhani. Jamais, nous ne devons oublier que sept personnes sont mortes sur cette île. Des organisations non-gouvernementales réputées telles qu’Amnesty International et Human Rights Watch ont publié des rapports à maintes reprises, et elles ont clairement constaté que ce que le gouvernement australien nous a fait subir relève de la torture et d’une violation des droits humains. Nous avons quitté nos pays pour fuir la guerre, la discrimination ou encore la dictature religieuse. Nous avons choisi d’aller vers l’Australie, une démocratie libérale. Mais le gouvernement australien nous a volés nos vies durant six années. »

Questions sur l'attribution

De nombreux Papouasiens se sont plaints d'être depuis des années associés à une politique australienne largement condamnée à l'étranger, en dénonçant aussi le fait que la surveillance des camps confisque des ressources dont le pays a grand besoin ailleurs, comme des effectifs de police. Une entreprise papouasienne sera désignée pour succéder à Paladin et certaines des installations de Manus seront transformées en centres éducatifs.

En avril, le contrôleur général australien Grant Hehir a ouvert une enquête sur les conditions dans lesquelles le contrat de l'île de Manus a été attribué à Paladin, une société peu connue, faiblement capitalisée, sans grande expérience dans son domaine et liée à un influent homme politique de Papouasie-Nouvelle-Guinée.

(avec AFP)

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