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Philippines / Droit de l'homme

Philippines: Amnesty dénonce la «guerre» de Duterte contre la drogue

Six mille six cents. C'est le nombre officiel de victimes qu'aurait fait la « guerre contre la drogue » aux Philippines depuis trois ans. Des chiffres qui seraient bien en deçà de la réalité, selon les ONG et défenseurs des droits de l'homme. Le président Rodrigo Duterte, qui a lancé cette campagne répressive en 2016, ne compte pas y mettre un terme. Il a récemment promis que les « trois prochaines années de son mandat seront les plus dangereuses pour les usagers et trafiquants de drogue ». Dans un rapport publié ce lundi 8 juillet, l'ONG Amnesty International dénonce la façon dont cette « guerre » est menée, et met en avant une stratégie bien huilée.

Le président philippin Rodrigo Duterte le 8 août 2018 à Manille lors des célébrations du 117e anniversaire de la police philippine.
Le président philippin Rodrigo Duterte le 8 août 2018 à Manille lors des célébrations du 117e anniversaire de la police philippine. TED ALJIBE / AFP
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Cette stratégie consiste d'abord à s'en prendre aux Philippins les plus pauvres, explique Rachel Chhoa-Howard qui a coécrit le rapport d'Amnesty : « Ils sont visés tout simplement parce que n'ayant pas les moyens de se défendre, ce sont des cibles faciles. La police publie régulièrement des statistiques sur le nombre de gens qui ont été tués lors d'opérations. Il s'agit de démontrer que cette prétendue " guerre contre la drogue " est un succès »

Cibles privilégiées des forces de l'ordre, ces Philippins pauvres ont paradoxalement, selon la police, les moyens de posséder une arme. À chaque exécution, les mêmes explications : venus procéder à une arrestation, les policiers ont dû tirer, car la personne était armée. En somme, ils plaident systématiquement la légitime défense.

Une version contestée par Amnesty. « Nos recherches ont montré que la version de la police n'est pas crédible, souligne Rachel Chhoa-Howard. Elle est d'ailleurs à chaque fois contestée par les familles qui décrivent le même scénario : des policiers qui démolissent les portes des maisons en pleine nuit, abattent des personnes tout juste sorties de leur sommeil, qui les implorent de leur laisser la vie sauve. »  

Les policiers ne terrorisent pas uniquement la population, mais aussi les autorités locales sommées de leur fournir les noms de potentiels consommateurs ou trafiquants de drogue. Un refus équivaut à un soupçon d'implication dans le trafic de drogue.


► Escadrons de la mort

Amnesty rappelle également dans son rapport l'existence d'escadrons de la mort, qui auraient exécuté jusqu'à 23 000 personnes. Qui sont vraiment ces hommes armés ? « Notre rapport et nos recherches effectués en 2017 avaient déjà établi des liens entre la police et ces escadrons armés. Nos interlocuteurs nous avaient souvent expliqué qu'ils étaient constitués de policiers habillés en civil, et que c'était une façon d'exonérer la police de toute  responsabilité dans ces meurtres. Nous pensons que ces hommes armés continuent d'assassiner aujourd'hui, et le gouvernement ne reconnaît toujours pas officiellement l'existence de ces escadrons. Nous avons aussi montré dans nos recherches que la police paye ces assassins et leur donne des instructions. Donc tout cela continue sans doute aujourd'hui, et augmente le degré d'impunité dans un pays où n'importe quel policier ou n'importe quel autre individu peut tuer sans qu'il n'y ait de conséquences », confie Rachel Chhoa-Howard.

À lire aussi : Philippines: plongée dans la guerre contre la drogue du président Duterte

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