Inde: Rahul Gandhi démissionne de la présidence du Parti du Congrès
Rahul Gandhi a officiellement démissionné mercredi 3 juillet de son poste de président du Parti du Congrès. L’arrière-petit-fils de Nehru pourrait être le dernier héritier du parti historique de l’indépendance de l’Inde, qui a essuyé en mai pour la seconde fois consécutive une défaite cinglante aux législatives. Quel avenir pour le parti du Congrès après démission de Rahul Gandhi ?
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C’était attendu depuis plusieurs semaines. Rahul Gandhi est resté fidèle à sa décision. Celle d’assumer la responsabilité de l’humiliation de son parti aux dernières législatives. Dans une lettre publiée sur Twitter, Rahul Gandhi a donc déclaré qu’il n’était plus président du Congrès, rapporte notre correspondant à New Delhi, Antoine Guinard. Il a précisé que cela avait été un honneur pour lui de servir le parti qu’il a décrit comme « le poumon de ce beau pays qu’est l’Inde ».
It is an honour for me to serve the Congress Party, whose values and ideals have served as the lifeblood of our beautiful nation.
Rahul Gandhi (@RahulGandhi) 3 juillet 2019
I owe the country and my organisation a debt of tremendous gratitude and love.
Jai Hind 🇮🇳 pic.twitter.com/WWGYt5YG4V
Rahul Gandhi a exhorté son parti à nommer rapidement un nouveau président et a assuré qu’il continuerait à travailler en son sein. L’héritier, comme on l’appelle, de la dynastie Nehru Gandhi, dont le père, la grand-mère et l’arrière-grand-père ont été Premiers ministres, avait annoncé dès le 25 mai sa décision de démissionner et d’endosser ainsi la responsabilité de la défaite de son parti aux élections.
Mais il s’était heurté à l’opposition des cadres du parti qui l’avaient supplié de revenir sur sa décision. Il n’a pas fléchi. Il a décidé de donner l’exemple. Il avait d’ailleurs encouragé plusieurs hauts responsables à démissionner à leur tour. Une sorte d’« auto-purge » nécessaire, selon lui, à la survie du plus vieux parti d’Inde, dont l’avenir reste plus que jamais trouble.
Célibataire de 49, Rahul Gandhi avait pourtant été préparé par sa famille à devenir Premier ministre. Petit-fils de Nehru, héros de l’indépendance indienne, Rahul n’a que 14 ans lorsque sa grand-mère Indira, Première ministre, est assassinée, et seulement 20 ans lorsque son père est à son tour tué dans un attentat suicide. C’est finalement sa mère Sonia, d’origine italienne, qui va reprendre le flambeau et qui va former Rahul à la politique.
Etudiant dans les plus prestigieuses écoles d’Inde, il va ensuite parfaire sa formation à Harvard puis Cambridge. Il entre officiellement en politique en 2004 en se présentant dans le fief familial d’Amethi, dans l’Uttar Pradesh. En 2017, sa mère Sonia lui confie la direction du parti avec la mission de le rajeunir et de le ramener aux portes du pouvoir. Une mission qu’il n’aura su mener à son terme.
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La dynastie Ghandi est «out»...La question est : peut-on faire un aggiornamento avec un nouveau personnel ? Rahul Gandhi va rester dans l'ombre dans le sens où il avait constitué par contre un vrai groupe de jeunes très actifs mais en tout état de cause, c'est un renouvellement beaucoup plus profond et qui doit être en particulier orienté vers les basses castes...
Jean Joseph Boillot, chercheur associé à l'IRIS spécialiste de l'Inde, auteur de l'«Inde pour les nuls»
Rahul Gandhi brosse un tableau très sombre de l'Inde de Narendra Modi en disant 'on n'a pas été battu par un parti', 'on a été battu par un parti qui a mis la main sur la totalité de l'appareil d'État'. Et donc là, c'est une question aussi pour l'avenir. Et il appelle du coup à un renouveau profond de son parti, le Congrès, le plus vieux parti de l'Inde. La question est de savoir si reconstruire le Parti du Congrès sera possible.
Jean-Luc Racine, directeur de recherche au CNRS: «La question est de savoir si reconstruire le Parti du Congrès sera possible»
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