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Chine / Hong Kong

Hong Kong: Carrie Lam, la cristallisation des mécontentements

Des heurts ont de nouveau éclaté mercredi 12 juin à Hong Kong, malgré le report de l'examen d'un texte controversé par le Parlement. Les manifestants réclament l'abandon d'une réforme de l'extradition qui faciliterait le transfert de suspects en Chine pour y être jugés. Mardi, la dirigeante de l'exécutif, Carrie Lam, a condamné les violences et s'est dite déterminée à faire adopter ce projet de loi. Après deux ans au pouvoir, à 62 ans, elle est devenue la bête noire d'une partie des Hongkongais.

Carrie Lam, le 10 juin 2019 lors d'une conférence de presse à Hong Kong.
Carrie Lam, le 10 juin 2019 lors d'une conférence de presse à Hong Kong. REUTERS/Tyrone Siu
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Dans une œuvre de Badiucao, le célèbre caricaturiste chinois, les traits du visage de Carrie Lam, cheffe de l'exécutif de Hong Kong, se confondent avec ceux du président Xi Jinping. C'est cette proximité supposée avec l'homme fort de Pékin qui est d'abord reprochée à la dirigeante hongkongaise, en poste depuis 2017.

« Dame de fer », « combattante », les superlatifs n'ont jamais manqué au sujet de Carrie Lam, qui s'est imposée à la tête du territoire dix ans après sa rétrocession à la Chine par Londres, en 1997, avec des garanties à l'époque sur l'autonomie et les libertés, notamment celle d'un système judiciaire distinct.

En 2014, Carrie Lam avait déjà soutenu un projet de réformes politiques défendu par Pékin, ce qui avait déclenché la célèbre « révolte des parapluies ». Cette catholique pratiquante a ensuite été élue en juillet 2017 sur un programme de réduction des inégalités, avec pour mission d'apaiser les tensions politiques.

Après une longue carrière dans la fonction publique, l'actuelle dirigeante hongkongaise s'était fait une place en politique pendant le gouvernement de Leung Chun-ying, dans lequel sa loyauté et son efficacité à éliminer le désordre lui avaient valu d’être qualifiée de « nounou ».

Première femme à diriger le gouvernement de Hong Kong, Carrie Lam a été désignée par un collège de grands électeurs acquis à Pékin, qui l'ont adoubée par 777 voix sur 1 200. Elle a prêté serment en présence du président Xi Jinping, et n’a jamais été considérée comme légitime par les défenseurs des droits civiques.

Un « pont » entre la Chine et Hong Kong, mais lequel exactement ?

À 62 ans, elle se présente depuis sa nomination très critiquée comme un « pont » vers la Chine et comme la garante du principe « un pays, deux systèmes » cher aux Hongkongais. Mais le début de son mandat a coïncidé avec un renforcement de la mainmise de Pékin sur cette « région administrative spéciale ».

Plusieurs activistes pro-démocratie ont été arrêtés ou frappés d'inéligibilité. Carrie Lam traîne aussi l'image d'une élue distante, voire déconnectée de la réalité. Lors de sa campagne, elle semblait ignorer comment utiliser la carte Octopus, utilisée au quotidien par les Hongkongais dans les transports et dans les commerces.

Les partisans de la dirigeante louent son expérience, sa ténacité. Mardi soir, elle a laissé entendre, en larmes sur une chaîne de télévision nationale, qu'elle avait sacrifié sa vie personnelle pour Hong Kong. Elle a aussi dit qu'en tant que mère de famille, elle ne cédait pas quand ses fils lui demandaient quelque chose.

« Les gens disent que j'ai trahi Hong Kong. Comment aurais-je trahi Hong Kong ? Je suis née et j'ai été élevée ici. J'ai grandi avec les gens de Hong Kong. J'ai fait beaucoup de sacrifices personnels pour cet endroit », a-t-elle lancé pendant l'entretien, évoquant son mari, désintéressé par la politique.

Aujourd'hui, la « dame de fer » reste néanmoins sourde aux inquiétudes portées par la société hongkongaise dans la rue, déterminée, dit-elle, à porter ce projet de loi jusqu'au bout. Quitte à définitivement incarner, face aux manifestants, qu'elle privilégie la politique autoritaire de Pékin à leurs aspirations libérales.

► À lire aussi : Le « jour le plus long » organisé sur les réseaux sociaux à Hong Kong

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