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Corées

La question des droits de l’homme en Corée du Nord embarrasse Séoul

Malgré le processus de détente entre les deux Corées, les violations des droits de l’homme en Corée du Nord restent toujours aussi préoccupantes : c’est ce qu’a affirmé la semaine dernière le rapporteur spécial de l’ONU sur cette question. Une question embarrassante pour le gouvernement sud-coréen.

Le président sud-coréen Moon Jae-in (d.) et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, le 21 septembre 2018.
Le président sud-coréen Moon Jae-in (d.) et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, le 21 septembre 2018. KCNA via REUTERS
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De notre correspondant à Séoul Frédéric Ojardias,

Le rapporteur pour les droits de l’homme en Corée du Nord, Tomas Ojea Quintan, reconnaît que le processus de dialogue initié cette année est encourageant pour la sécurité et la paix dans la région. Néanmoins, il affirme aussi que la situation des droits de l’homme au Nord ne s’est pas du tout améliorée. Le représentant onusien rappelle que les crimes perpétrés par le régime et décrits en 2014 dans un long rapport de la commission d’enquête de l’ONU sont toujours d’actualité : arrestations arbitraires, internement dans des camps, exécutions, tortures, viols, absence totale de liberté d’expression et de religion, etc.

Si depuis quelques années de légères améliorations sont à noter, notamment concernant la liberté de circuler à l’intérieur du pays, il y aurait toujours 120 000 prisonniers politiques détenus dans des camps de concentration.

Tomas Ojea Quintana fait remarquer que les récentes déclarations conjointes signées par la Corée du Nord, la Corée du Sud et les Etats-Unis ne mentionnent jamais les droits de l’homme et demande que la question ne soit pas oubliée.

Avec la diplomatie des sommets cette année, Kim Jong-un a beaucoup amélioré son image et s’est donné une stature d’homme d’Etat tout à fait respectable. On se souvient des déclarations du président américain Donald Trump, qui après le sommet de juin avait déclaré que Kim Jong-un était « un type marrant, très intelligent », et qui « aime son peuple ».

La Corée du Sud quant à elle, tout occupée à améliorer ses liens avec Pyongyang, évite soigneusement le sujet pour éviter de froisser le régime. Un silence très critiqué par les conservateurs et les associations de réfugiés nord-coréens à Séoul. La presse conservatrice souligne que le budget du ministère de la Réunification consacré aux droits de l’homme au Nord est passé de 10,8 milliards de wons à 800 millions. Un journaliste sud-coréen d’origine nord-coréenne s’est même récemment vu refuser par le Sud l’autorisation d’aller couvrir des négociations intercoréennes sur la frontière.

De son côté, le Nord menace ouvertement le Sud : Pyongyang a déclaré la semaine dernière que si Séoul participait à la prochaine résolution de l’ONU condamnant ses violations des droits de l’homme, ce serait contraire à l’esprit de réconciliation et de paix entre les deux Corées.

Le silence de Séoul jugé anormal

Alors que le président sud-coréen Moon Jae-in a été pendant des décennies avocat des droits de l’homme, son silence sur la situation des droits humains en Corée du Nord est paradoxal. C’est pour cela que les images de la bonne relation personnelle entre les deux dirigeants coréens, ces embrassades, ces sourires, ces longues poignées de main, font grincer quelques dents à Séoul.

Moon Jae-in a répondu à ces critiques : dans une interview donnée à la BBC, il assure que le sujet des droits de l’homme est « très important », mais que pour améliorer la situation, les pressions internationales ne sont pas efficaces. Il estime que la coopération entre le régime et la communauté internationale permettra de « pousser la Corée du Nord sur le chemin de la réforme et de l’ouverture », ce dont bénéficiera, selon lui, la population au Nord.

Mais le problème n’est pas nouveau. Cela fait des décennies que la gauche sud-coréenne est accusée de glisser sous le tapis la question toujours brûlante des droits de l’homme au Nord.

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