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Maldives

L'homme fort des Maldives, Abdulla Yameen, lâche le pouvoir

Au lendemain de la victoire surprise du candidat de l'oppoition, Ibrahim Mohamed Solih, à l'élection présidentielle du 23 septembre, le président sortant a reconnu sans ambage sa défaite et accepte de quitter un pouvoir qu'il n'a eu de cesse de durcir durant son mandat de cinq ans.

Le 24 septembre 2018, après cinq années d'un mandat de fer, le président maldivien Abdulla Yameen quitte le pouvoir.
Le 24 septembre 2018, après cinq années d'un mandat de fer, le président maldivien Abdulla Yameen quitte le pouvoir. President Media//Handout via REUTER
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Contre toute attente, le challenger Ibrahim Mohamed Solih, peu connu des électeurs, a obtenu dimanche 23 septembre 58,3% des voix, selon des résultats provisoires de la commission électorale maldivienne. Le taux de participation s'est élevé à 89,2%. Une avance nette, que peu avaient anticipée.

Deuxième surprise ce lundi, l'homme fort du pays Abdulla Yameen a reconnu noir sur blanc sa défaite. « Les citoyens des Maldives ont décidé de ce qu'ils souhaitent. J'ai accepté les résultats d'hier », a déclaré Abdulla Yameen, dans d'une allocution télévisée survenant après une nuit de suspens. Il a indiqué avoir rencontré et félicité son rival. « J'assurerai une transition en douceur », a ajouté le président maldivien qui quittera son poste le 17 novembre au terme de son mandat.

Cet homme de 59 ans a mené une féroce répression de toute dissidence et muselé la société civile depuis son arrivée au pouvoir en 2013. En cinq ans de mandat, le président sortant a suspendu le Parlement, déclaré deux fois l’état d’urgence, et mis en prison deux juges de la Cour suprême qui avaient ordonné la libération de dirigeants de l'opposition. Maumoon Abdul Gayoom, 80 ans, qui a dirigé les Maldives de 1978 jusqu'à la transition vers la démocratie en 2008 et qui est le demi-frère de Abdulla Yameen, aurait également déposé une demande de libération avec deux de ses proches. Il est incarcéré depuis février sous l'accusation d'avoir entravé une enquête sur une tentative de renversement supposée de Abdullah Yameen.

Vers un rééquilibrage Inde-Chine ?

L'autoritarisme dont a usé le chef d'État de cette micro-nation de l'océan Indien durant ses cinq années de pouvoir faisait ainsi craindre à l'opposition et à la communauté internationale que cet habitué des coups de force ne rejette les résultats du vote défavorable. Opposition et observateurs avaient exprimé leur inquiétude de voir le chef de l'État maldivien « voler » le scrutin. La plupart des journalistes étrangers se sont vu refuser l'accès au pays pour couvrir l'élection.

Au niveau international, c'est aussi une perte d'influence pour la Chine. Le président sortant affichait clairement sa proximité avec Pékin alors que l'Inde tente de conserver son autorité historique dans l'océan Indien.

« Même si les Maldives, c'est 400 000 habitants, c'est un des pions sur le grand échiquier de la compétition Inde-Chine dans l'océan Indien, explique Jean-Luc Racine, directeur de recherche émérite au CNRS. C'est pas seulement les routes du pétrole ou les routes des grands conteneurs venus de Chine et du Japon qui vont vers l'Europe, c'est aussi une compétition entre l'Inde et la Chine pour, la première garder et développer des liens qu'elle a avec de nombreux Etats insulaires sur lesquels la Chine est en train de s'implanter. La Chine est de plus en plus présente aux Maldives. On avait accusé le président sortant d'avoir reçu des financements chinois pour la campagne. Le président actuel, contrairement à son prédécesseur qui jouait vraiment la carte de la Chine, essaie de revenir à un équilibre entre New Delhi et Pékin. »

→ RELIRE : Les Maldives, un pion sur l’échiquier de l'Inde et de la Chine

Puissance régionale traditionnelle, qui a vu d'un mauvais oeil le rapprochement des Maldives avec la Chine sous le mandat d'Abdulla Yameen, l'Inde a « félicité de tout coeur » le candidat de l'opposition.

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