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Jordanie

Jordanie: une affaire de contrebande de cigarettes met le feu au gouvernement

Il y a un peu plus de deux mois, les Jordaniens descendaient massivement dans la rue pour protester contre la hausse des taxes, la corruption, et pour réclamer des réformes. Un nouveau gouvernement a été nommé : il doit redresser l’économie alors que le chômage touche 18% de la population et que la dette représente 95% du PIB. Ce gouvernement doit surtout montrer à la population de ce royaume arabe qu’il lutte activement contre la corruption. Justement, une affaire de contrebande de cigarettes fait scandale en ce moment et le nouveau gouvernement communique, agit, et entend faire preuve de détermination.

Sameer al-Mobaideen, le ministre de l’Intérieur jordanien en conférence de presse le 13 août 2018.
Sameer al-Mobaideen, le ministre de l’Intérieur jordanien en conférence de presse le 13 août 2018. REUTERS/Muhammad Hamed
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De notre correspondant à Amman,

La police a arrêté plusieurs suspects, elle a saisi des installations de production de cigarettes de contrebande, a lancé un mandat d’arrêt et demandé l’aide d’Interpol pour localiser et arrêter le principal suspect, qui se trouve à l’étranger. Le nouveau Premier ministre a saisi une juridiction spéciale et, surtout, son gouvernement a tenu plusieurs conférences de presse pour montrer qu’il prenait cette affaire très au sérieux. Le roi Abdallah a même évoqué le scandale et la porte-parole du gouvernement a indiqué que des « noms importants » allaient tomber, laissant entendre que cette affaire impliquait donc des personnes connues. Les autorités ont revu les sanctions en cas de fraude à la législation douanière, les amendes et les peines ont ainsi été alourdies.

Plusieurs faits troublants

Mais malgré ces actions du nouveau gouvernement, les Jordaniens restent assez méfiants, car traditionnellement, ils n’ont pas confiance en leur gouvernement lorsqu’il s’agit de lutter contre la corruption. Ils se sont mobilisés en masse en juin dernier pour exprimer leur colère face aux élites corrompues mais dans le même temps, leur mouvement était marqué par un certain désenchantement. Les manifestants se disaient désabusés et doutaient que la corruption puisse être rapidement éradiquée, car trop ancrée dans les habitudes.

Il y a aussi des faits troublants qui ont alimenté la suspicion de nombreux Jordaniens dans cette affaire de contrebande. La première chose : les noms des trente suspects n’ont pas été révélés. Certes, ces noms sont gardés au secret pour faciliter l’arrestation de ces personnes mais beaucoup se demandent si l’on ne cherche pas à protéger des personnalités. Deuxième chose, le principal suspect a fui le pays la veille de son arrestation. Beaucoup craignent qu’il ait été prévenu. Il s’est réfugié au Liban d’où il a donné des interviews télévisées. On n’a plus de nouvelles de lui depuis plusieurs jours et son avocat indique qu’il ne sait pas où se trouve son client.

La révélation qui a attisé le feu

Pour ne rien arranger pour le gouvernement, un parlementaire affirme que le précédent gouvernement était parfaitement au courant de l’existence de cette filière de contrebande. Le député de la chambre basse a dit à la télévision jordanienne que les autorités savaient tout depuis longtemps et que le principal suspect avait même été exempté de taxes par le précédent gouvernement alors qu’il aurait dû verser, pour ses activités de production et de vente de cigarettes, plus de 180 millions d’euros à l’Etat.
Une révélation qui a déclenché, une nouvelle fois, la colère des Jordaniens. Ils ont le sentiment que certains sont protégés au-dessus des lois. La Jordanie est au 59ème rang dans la liste de 180 pays établie par l’association Transparency International. Une liste qui classe les pays du moins corrompu au plus corrompu.

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