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Chine

Shangri-La: un forum sur la sécurité en Asie sous le signe de la Chine

A Singapour débute ce vendredi le dialogue Shangri-La, un forum annuel sur la sécurité en Asie. Y participent de nombreux ministres de la Défense de la région, mais aussi les Américains ainsi que des Européens qui ont une présence en Asie du Sud-Est, comme la France. Cette année, la détente intercoréenne occupe tous les esprits, avant le sommet entre Donald Trump et Kim Jong-un, prévu le 12 juin toujours à Singapour. Mais les relations avec la Chine son aussi, comme souvent, en toile de fond.

Le dialogue Shangri-La se tient dans l'hôtel du même nom, à Singapour, début juin 2018.
Le dialogue Shangri-La se tient dans l'hôtel du même nom, à Singapour, début juin 2018. REUTERS/Edgar Su
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La seconde session plénière ce samedi 2 juin au matin sera consacrée à la Corée du Nord, sous le titre « Désamorcer la crise nord-coréenne ». Un intitulé certainement choisi l’an dernier, alors que les tensions entre les Etats-Unis et la Corée du Nord étaient au plus haut.

Pour autant, les relations entre Pyongyang, Séoul et Washington ne devraient pas monopoliser le forum. Difficile en effet pour les pays asiatiques qui ne sont pas directement impliqués dans le dossier (contrairement à la Chine, la Corée du sud, et dans une moindre mesure le Japon) de se positionner, puisque les contours d’un éventuel accord Etats-Unis / Corée du nord n’ont pas encore été définis.

« L’accent, en tous cas à court terme, va être mis sur l’importance de poursuivre les négociations et de trouver un accord, notamment sur la définition des concepts-clé comme celui de la dénucléarisation », prédit Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique. Par contre s’il y un accord, « là la Corée du sud se rendra dans les pays de la région pour demander une coopération ».

Dans son discours d’ouverture du forum, le Premier ministre indien Narendra Modi ne devrait d’ailleurs pas s’étendre sur la Corée du nord. Mais ses raisons sont un peu différentes : sur la question nucléaire, l’Inde est un peu « gênée aux entournures », explique Christophe Jaffrelot du Ceri-Sciences Po, auteur du livre L’Inde contemporaine : « Voilà un pays qui n’a toujours pas signé le traité de non-prolifération, qui est une puissance nucléaire de fait, et qui aurait mauvaise grâce de reprocher aux autres de procéder à des essais quand elle-même a procédé à des essais qui n’étaient pas autorisés… et alors qu’elle se laisse la possibilité d’en mener de nouveaux ». Narendra Modi devrait donc parler de la Corée du nord mais sur un mode diplomatique,« sans hypothéquer les positions traditionnelles de l’Inde ».

Une Chine critiquée

Du coup la Chine, régulièrement critiquée lors du dialogue Shangri-La, ne devrait pas bénéficier d’un passe-droit pour une aide qu’elle aurait apporté sur le dossier nord-coréen.

Sa politique expansionniste dans la région devrait donc une nouvelle fois se retrouver dans la ligne de mire de nombreux pays d’Asie et des Etats-Unis. Car Pékin continue de militariser ses ilots artificiels en mer de Chine méridionale, « alors que le secrétaire général Xi Jinping s’était engagé à ne pas le faire », souligne Antoine Bondaz. La Chine aurait ainsi, selon la chaîne américaine CNBC, déployé début mai des missiles dans l’archipel des Spratleys. Il y a dix jours, des mouvements de bombardiers chinois sur l’archipel des Paracels ont par ailleurs été dénoncés par les Etats-Unis, le Vietnam et les Philippines.

Pékin dénonce de son côté les opérations de « liberté de navigation » menées par Washington dans la zone. En début de semaine, les Chinois affirmaient que deux bâtiments américains s'étaient approchés de cet archipel des Paracels revendiqué par la Chine.

L’Inde devrait elle aussi critiquer Pékin au Dialogue Shangri-La. New Delhi se sent encerclée par la Chine qui progresse dans sa nouvelle « route de la soie », terrestre et maritime : « Il faut vraiment prendre la mesure de l’inquiétude indienne vis-à-vis de l’expansion chinoise, notamment dans l’Océan indien : de voir les Maldives, de voir le Sri Lanka en un sens basculer dans le camp chinois tétanise les indiens ».

C’est pour ces raisons que, comme l’an dernier, la délégation chinoise sera de faible niveau : ni ministre ni vice-ministre. La Chine a d’ailleurs créé des sommets de sécurité parallèles, en Chine, pour essayer d'entrer en compétition avec ce grand forum de Singapour.

Un commandement « Indo-Pacifique » américain

De son côté, Washington s’active pour contrer l’influence grandissante de la Chine dans la région : on a appris il y a deux jours que le commandement Pacifique américain devenait le commandement Indo-Pacifique. Cela fait déjà plusieurs mois que les Etats-Unis insistent sur la notion d’indo-pacifique explique Antoine Bondaz : « l’objectif c’est de lier une réalité géographique : l’Océan indien et l’Océan pacifique sont en réalité un même continuum, lié par l’Asie du sud-est et son espace maritime. ».

Mais il s’agit surtout de mettre en avant la notion de « Quads », « le Quadrilateral security dialogue », qui réunit quatre puissances de l’Indo-Pacifique (les Etats-Unis, l’Australie, le Japon et l’Inde), pour envoyer un message à la Chine : ses ambitions dans la région feront face à l’opposition, notamment, de ces pays. « Il y a quelques mois, lors d’un dialogue stratégique, les chefs de marines de ces quatre pays s’étaient affichés lors d’une conférence », rappelle Antoine Bondaz : « est-ce que ce sera le sujet principal du Shangri-La ? Peut-être pas, mais en tous cas ce sera un des sujets abordés, ou en tous cas la toile de fond ».

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