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Philippines

Médias: les Philippines ordonnent la fermeture du site d'information Rappler

Les Philippines ont décidé ce lundi 15 janvier d’ordonner la fermeture de l’un des journaux les plus lus du pays, le site d’information indépendant «Rappler», perçu aussi comme l’un des médias les plus critiques envers le président Rodrigo Duterte. C'est une première dans l’archipel des Philippines, jusqu’ici considéré comme l’un des pays d’Asie du Sud-est les plus libres pour la liberté de la presse.

Le président des Philippines Rodrigo Duterte (ici en novembre 2017 à Manille) est accusé par les organisations de défense des droits de l'homme d’atteinte à la liberté de la presse.
Le président des Philippines Rodrigo Duterte (ici en novembre 2017 à Manille) est accusé par les organisations de défense des droits de l'homme d’atteinte à la liberté de la presse. REUTERS/Linus Escandor II/Pool
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Avec notre correspondante à Manille, Marianne Dardard.

Lancé en 2011, le pure player [média exclusivement sur internet - NDLR] Rappler est devenu en quelques années le premier site d’informations indépendant du pays. Depuis l’arrivée au pouvoir de Rodrigo Duterte, Rappler a réalisé une série d’enquêtes dénonçantla guerre antidrogue du président philippin ainsi qu’une campagne de propagande orchestrée directement par Manille par le biais de trolls, des blogueurs inondant le Net de fausses informations à la faveur du président et harcelant de messages de haine les opposants au pouvoir.

À cause de leurs articles, des journalistes de Rappler ont déjà indiqué faire l’objet de menaces de mort récurrentes. Aujourd’hui aux Philippines, Rappler constitue probablement le journal le plus critique envers le pouvoir.

Pour Manille, pas de censure

Officiellement, Manille avance qu’il s’agit d’un motif purement administratif et non politique. Il est surtout reproché à Rappler d’avoir enfreint la Constitution réglementant la participation étrangère au capital des entreprises philippines de certains secteurs, notamment les médias. Cette fermeture a d’ailleurs été ordonnée par la Commission gouvernementale chargée de l'enregistrement des noms d'entreprises.

Pour sa part, Rappler n’a jamais caché percevoir des investissements étrangers comme c’est le cas d’autres médias, notamment de la part la fondation Omidyar du patron américain d’Ebay, Pierre Omidyar. Mais selon Rappler, qui affirme être une société détenue à 100% par des Philippins, ces investissements sont mineurs.

Une atteinte à la liberté de la presse, selon les ONGs

Le journalisme de Rappler ne fait pourtant pas l’unanimité auprès de toute la population. Si le média est salué pour son travail d’investigation, d’autres dénoncent une ligne éditoriale trop à charge. Malgré cela, beaucoup voient dans la volonté de fermer l’organe de presse une décision politique et une atteinte flagrante à la liberté de la presse, voire à la démocratie, et accusent directement Rodrigo Duterte d’être derrière cette décision.

Ce que le président philippin dément. Par le passé, Rodrigo Duterte, avait accusé Rappler d’être sous la coupe des Etats-Unis, dont les Philippines sont une ancienne colonie.

C’est ce que reprochent les ONG de défense des droits de l’Homme qui dénoncent la fermeture de Rappler. Pour James Gomez, directeur d'Amnesty International pour l'Asie du Sud-Est et le Pacifique, il s’agit « d’une tentative alarmante de musellement du journalisme indépendant »,a-t-il déclaré sur le site de l'ONG. Rappler a pour sa part annoncé qu’il poursuivra ses activités le temps de faire appel de cette décision.

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