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Corée du Nord

Missile nord-coréen: pas de nouvelle sanction en vue à l'ONU

Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni en urgence, mercredi 29 novembre 2017, pour condamner le dernier tir de missile effectué par la Corée du Nord. Un engin qui aurait, selon les experts, la capacité d'atteindre l'ensemble du territoire américain. L'ambassadrice des Etats-Unis s'est montrée très ferme, mais aucune nouvelle sanction n'a été adoptée malgré le souhait émis par le président Trump. La Chine et la Russie s'opposent à la position de Washington.

L'ambassadrice américaine auprès des Nations unies, Nikki Haley, le 29 novembre 2017 à New York en compagnie de son homologue sud-coréen Cho Tae-yul.
L'ambassadrice américaine auprès des Nations unies, Nikki Haley, le 29 novembre 2017 à New York en compagnie de son homologue sud-coréen Cho Tae-yul. REUTERS/Lucas Jackson
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Kim Jong-un, numéro un nord-coréen, déclare désormais que son pays est devenu un Etat nucléaire à part entière, après le test réussi, mardi 28 novembre, d'un missile intercontinental qui met selon Pyongyang « la totalité du continent américain » à portée de tir de la Corée du Nord.

Aussi, au bout de huit trains de sanctions, qui n'ont pas eu les effets escomptés, les Américains veulent frapper très fort. A leurs yeux, tous les Etats membres de l'ONU doivent couper leurs relations diplomatiques et commerciales avec Pyongyang, relate notre correspondante à New York, Marie Bourreau.

Dans un tweet, Donald Trump avait assuré avoir parlé au président chinois Xi Jinping, et disait que des sanctions majeures seraient imposées dans la journée à Pyongyang. Mais en fait, il n'en a rien été au Conseil de sécurité ce mercredi 29 novembre. Les Russes et les Chinois ne l'ont pas souhaité.

De son côté, Barack Obama a rencontré à Pékin le président chinois et exprimé l'espoir de voir les relations entre les deux pays s'améliorer, a annoncé ce jeudi la télévision chinoise. L'ancien président américain a souligné qu'il était dans l'interêt des deux pays de développer des relations constructives, selon la chaîne.

Le statu quo de la Chine

Comme à chaque fois que la Corée du Nord tire un nouveau missile, Pékin a pourtant condamné cette énième provocation. La dénucléarisation de la péninsule coréenne, le maintien de la paix et de la stabilité restent l’inébranlable objectif de la Chine, aurait dit le président Xi Jinping à son homologue Donald Trump.

Geng Shuang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères :

« Nous exprimons notre vive inquiétude et notre opposition. Nous exhortons fermement la Corée du Nord à respecter les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et à stopper toute action entraînant une hausse des tensions dans la péninsule coréenne. Nous espérons que toutes les parties concernées puissent agir avec prudence et travailler de concert pour la paix et la stabilité de la région. »

Mais pas question d’une approche chinoise plus ferme vis-à-vis de Pyongyang, ni dans cette conversation téléphonique rapportée par l’agence Chine nouvelle, ni au Conseil de sécurité à New York. Pékin ne change pas d’un iota son discours, analyse notre correspondante à Pékin, Heike Schmidt.

Ce jeudi à Pékin, « il ne fait aucun doute que la diplomatie américaine n’est rien d’autre qu’un échec abyssal », peut-on même lire dans un éditorial du journal officiel Global Times. Et cet éditorial d'ajouter : « Il est temps pour les Etats-Unis de réaliser que de nouvelles sanctions n’auront pas l’effet désiré. »

Les Russes chargent Washington

Pas question pour Moscou non plus de couper les liens avec Pyongyang, malgré la demande de Washington. La Russie condamne le tir de missile, mais refuse également toute nouvelle sanction à l'égard de la Corée du Nord, estimant qu'il faut négocier et non jouer la surrenchère.

La réaction de Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères :

« Notre opinion est négative. Nous avons à plusieurs reprises souligné que les sanctions ne marchent plus, et qu’il fallait que ces sanctions soient accompagnées d’un processus politique et de négociations. C’est cette demande qui est ignorée par les Américains, et je pense que c’est une grande erreur.

En outre, les dernières actions des Etats-Unis semblent avoir pour objectif de provoquer de nouvelles actions brusques de Pyongyang. En organisant de nouvelles manœuvres militaires dans la région, les Etats-Unis nous donnent l’impression que tout est fait pour que Kim Jong-un sorte de ses gonds. C’est triste !

Les Américains doivent expliquer à chacun d’entre nous ce qu’ils cherchent à accomplir. S’ils veulent trouver un prétexte pour "détruire" la Corée du Nord, comme l’a dit la représentante des Etats-Unis à l’ONU, qu’ils le disent directement ! Et que cela soit confirmé au plus haut niveau. Ensuite, nous verrons comment nous réagirons. »

Nikki Haley menace

Washington avait plusieurs fois indiqué que toutes les options, y compris militaires, étaient sur la table pour résoudre la crise. Après le test du système ICBM Hwasong-15, mardi, la réaction des Etats-Unis était donc très attendue.

Elle a été tout de même très ferme, au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. Il faut traiter la Corée du Nord comme un paria, a indiqué l'ambassadrice américaine Nikki Haley, qui a regretté au passage que malgré les sanctions imposées, sévères, le régime communiste continue d'exporter son charbon.

Et Nikki Haley de menacer à nouveau Pyongyang :

« Le dictateur nord-coréen a fait un choix, hier, qui rapproche un peu plus le monde de la guerre au lieu de nous en éloigner. Nous n'avons jamais cherché la guerre avec la Corée du Nord, et aujourd’hui encore nous ne la cherchons pas.

Si la guerre arrive, ce sera à cause de ces actes d'agression continus dont nous avons encore été témoins hier. Et si la guerre vient, ne vous y trompez pas, le régime nord-coréen sera complètement détruit. Les nations du monde ont le pouvoir d'isoler, de diminuer et, si Dieu le veut, d'inverser le cours dangereux du régime nord-coréen. Nous devons tous faire notre part pour que cela se produise. »

Un espoir de retour à des négociations directes ?

Face à cette fuite en avant des Nord-Coréens, l'ambassadrice américaine a exhorté la Chine, principal partenaire commercial du régime communiste, à montrer son leadership en cessant tout approvisionnement de pétrole.

C'est une ligne rouge que Pékin a toujours refusé de franchir, pour éviter une crise humanitaire dévastatrice. Mais il s'agit, aux yeux de Washington, d'une manière d'entamer des négociations pour essayer de trouver un compromis sur de nouvelles sanctions très fermes.

L'objectif reste de tenter de geler le programme balistique nord-coréen. Car si la fenêtre d'opportunité se réduit à chaque nouveau tir de missile, le risque d'une guerre, lui, se rapproche, ont clairement prévenu les Américains.

Aussi, ce nouveau pas en avant de Pyongyang pourrait-il faciliter le retour à des discussions directes ?  Oui, estime Jean-Marie Collin, vice-président d'Initiative pour le désarmement nucléaire qui s'est exprimé sur RFI (écouter ci-dessous).

La négociation est la seule solution. Il faut arriver à discuter avec les Nord-Coréens, il faut arriver à leur proposer un certain nombre de solutions; il faut bien évidemment continuer les mesures de sanctions, être attentif, il faut poser des questions à la Chine sur les raisons qui font qu'elle continue de ne pas appliquer de manière pleine et entière un certain nombre de sanctions. Voilà aujourd'hui les réelles questions

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Jean-Marie Collin, vice-président de l'association Initiatives pour le désarmement nucléaire

Juliette Gheerbrant

► à lire sur le même sujet: la revue de la presse française du jour : La Corée du Nord, Etat nucléaire

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