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Thaïlande

Thaïlande: les gaspillages de la junte militaire irritent la population

Le gouvernement militaire est sur la sellette en Thaïlande. La mise hors service d’un dirigeable d’observation après seulement huit ans a déclenché une vague de critiques contre la junte pour gaspillage des fonds publics. Cette affaire n’est pas la première du genre.

Des soldats thaïlandais en plein entraînement à Prachinburi, le 29 juillet 2016.
Des soldats thaïlandais en plein entraînement à Prachinburi, le 29 juillet 2016. REUTERS/Chaiwat Subprasom
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Avec notre correspondant à Bangkok,

C’est un dirigeable d’observation qui a été acheté en 2009 par l’armée pour observer la situation dans le sud du pays où sévit une guérilla séparatiste musulmane. Le dirigeable et ses caméras d’observation ont été achetés pour environ 9 millions d’euros. Le problème est qu’il n’a pratiquement jamais fonctionné. Il a fait trois ou quatre sorties en tout car il y avait un problème de fuite, l’hélium s’échappait du dirigeable. Et quand il a été révélé, il y a une semaine, que le dirigeable était mis hors service, les médias ont pris à partie les généraux au pouvoir pour avoir gaspillé l’argent des contribuables. En effet, les officiers militaires qui ont acheté cet équipement il y a huit ans sont ceux qui dirigent aujourd’hui le pays.

L’intouchable armée

Il y a ainsi une accumulation de frustrations vis-à-vis des militaires à cause d'une série de cas où l’armée a dépensé l’argent public de manière irresponsable. Par exemple, vers 2009 l’armée de terre a dépensé des millions d’euros pour acheter des détecteurs de bombes à une firme britannique. Il s’est par la suite avéré que ces détecteurs étaient une escroquerie : ils ne permettaient absolument pas de repérer les explosifs. Dans un autre cas, un scandale de corruption a entaché l’établissement par l’armée d’un parc historique comprenant des statues géantes des rois du Siam. Le problème est qu’à chaque fois, les militaires refusent qu’une enquête indépendante ait lieu. Ils disent que c’est à l’armée de faire sa propre enquête. Et sans surprise, ces enquêtes internes concluent qu’il n’y a aucune irrégularité.

Le procureur général va enquêter

Des scandales similaires touchent d’autres agences gouvernementales ou des politiciens civils également. Un exemple parlant : celui de l’ex-Première ministre Yingluck Shinawatra, renversée par les militaires lors du coup d’Etat de 2014, qui est en jugement pour négligence dans l’exercice de ses fonctions à propos de sa politique agricole. Yingluck s’est échappée de Thaïlande, craignant d’être condamnée à une lourde peine de prison, mais il n’en reste pas moins qu’il est clair que la lourde main de la justice s’est abattue sur elle dans toute sa rigueur, alors qu’elle épargne systématiquement les militaires. Le grand discours de la junte au pouvoir est de dire qu’il faut réformer les institutions et supprimer la corruption, fléau du pays. Mais le problème est que la seule institution qui ne se réforme pas est l’armée. Et quand celle-ci est compromise dans des affaires de gaspillage d’argent public ou de corruption, le scandale est étouffé.

Aujourd’hui, il y a un faible espoir. Le bureau du procureur général a dit qu’il allait ordonner une enquête et que si des éléments tangibles de gaspillage d’argent public émergent, il transférera le dosser à la commission anti-corruption. Celle-ci a le pouvoir d’engager une procédure judiciaire. Mais la chance pour qu’une procédure judicaire soit engagée est infime, pour une raison simple : les militaires sont intouchables en Thaïlande.

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