Crise des missiles: une mise en garde «peut-être pas assez dure» selon Trump
Donald Trump surenchérit. Le président américain a déclaré, jeudi 10 août 2017, que sa formule sur « le feu et la colère », promis à la Corée du Nord si elle persiste dans ses provocations, n'était « peut-être pas assez dure ». Son secrétaire à la Défense, le général Mattis, a pour sa part choisi d'adopter un ton plus diplomate.
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« Il est grand temps que quelqu'un parle haut et fort pour les habitants de notre pays et les habitants d'autres pays », a déclaré devant la presse le président américain Donald Trump, jeudi depuis son golf de Bedminster, dans le New Jersey, où il passe ses vacances. Il assume ses mots : « feu et colère ».
Ces remarques visaient bien sûr le régime nord-coréen de Kim Jong-un. Pyongyang a en effet présenté un plan détaillé pour tirer quatre missiles balistiques en direction du territoire non incorporé américain de Guam, île stratégique pour les troupes américaines dans le Pacifique.
L'armée nord-coréenne dit qu'un projet sera soumis après la mi-août à Kim Jong-un. Quatre missiles seraient tirés simultanément, survoleraient les préfectures japonaises de Shimane, Hiroshima et Koichi, avant de s'abîmer en mer à 30 ou 40 km de Guam, hors des eaux territoriales américaines.
La prudence de James Mattis
« Nous nous préparons à de nombreux scénarios différents », a déclaré le numéro un américain. « Si la Corée du Nord fait quoi que ce soit - ne serait-ce qu'en songeant à attaquer des gens que nous aimons, ou nos alliés, ou nous-mêmes -, ils devront vraiment s'inquiéter », répond M. Trump.
« Les solutions militaires sont maintenant complètement en place, prêtes à l'emploi, si la Corée du Nord se comporte imprudemment. J'espère que Kim Jong-un trouvera une autre voie ! », a par ailleurs écrit le président américain sur son compte Twitter.
Military solutions are now fully in place,locked and loaded,should North Korea act unwisely. Hopefully Kim Jong Un will find another path!
Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 11 août 2017
Mais le ministre américain de la Défense, James Mattis, joue pour sa part le rôle du « good cop », du gentil, dans cette crise. Il met en garde : le scénario d'un conflit armé serait « catastrophique » à ses yeux. Et d'insister sur le fait que la position américaine repose avant tout sur la diplomatie :
« Il est de ma responsabilité d'examiner toutes les options militaires. Toutefois, à ce stade, avec le secrétaire d'état Rex Tillerson, et l'ambassadrice de l'ONU Nikki Haley, vous pouvez constater que l'effort américain est porté par la diplomatie et cela commence à produire des résultats. »
Guerre psychologique globale autour de la péninsule de Corée
L'affaire rappelle aux experts la crise des missiles à Cuba en 1962, sous la présidence de John F. Kennedy. Ce vendredi matin, signe que les blocs sont en place, l'allié régional australien a tenu à manifester son soutien à Washington en cas d'attaque nord-coréenne sur le territoire de Guam.
Devant la presse, Donald Trump a déclaré que Pékin pouvait faire « beaucoup plus » pour contraindre la Corée du Nord à renoncer à son programme nucléaire et balistique - sanctionné par l'ONU. « Ils savent ce que j'en pense. Cela ne va pas continuer comme ça », a assuré le président américain.
D'aucuns considèrent que M. Trump cherche à faire réagir la Chine. Ce vendredi, le journal officiel chinois Global Times plaide l'équilibre : si les Etats-Unis attaquent le régime de Kim Jong-un, la Chine doit défendre son allié. Mais si la Corée du Nord attaque Guam en premier, alors elle sera seule.
Située à environ 3 500 km de la Corée du Nord, Guam abrite notamment un bouclier anti-missiles américain THAAD. Un test nord-coréen dans cette direction pourrait contraindre Washington à intercepter les missiles, faute de quoi sa crédibilité militaire serait atteinte. Sans parler du risque d'une erreur de calcul...
Les prochains exercices militaires conjoints entre les Etats-Unis et la Corée du Sud sont prévus autour du 21 août. De quoi envisager encore une montée en pression d'ici là. A Séoul, le journal Korea Herald ne prend plus de gant : selon lui, « il est désormais temps » pour le Sud de développer un arsenal nucléaire.
Avec agences
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