Accéder au contenu principal
Indonésie

Indonésie: le président interdit un parti islamiste rival du pouvoir

En Indonésie, le pays à majorité musulmane le plus peuplé au monde, un décret présidentiel vient d’ordonner la dissolution d’un parti islamiste international, le Hizbut Tahrir, qui comptait jusqu’à présent plusieurs dizaines de milliers de membres à travers l’archipel. Officiellement, le groupe a été interdit en raison de la menace qu’il représenterait pour l’unité du pays.

Un membre du parti islamiste Hizbut Tahrir lors de la manifestation contre le décret autorisant le gouvernement indonésien à dissoudre cette organisation politico-religieuse, le 28 juillet 2017, à Jakarta.
Un membre du parti islamiste Hizbut Tahrir lors de la manifestation contre le décret autorisant le gouvernement indonésien à dissoudre cette organisation politico-religieuse, le 28 juillet 2017, à Jakarta. REUTERS/Beawiharta
Publicité

De notre correspondant à Jakarta,

Le Hizbut Tahrir, littéralement Parti de la Libération, est une organisation politico-religieuse qui a été fondée dans les années 1950 au Proche-Orient, avant que le mouvement ne s’étende progressivement dans plusieurs dizaines de pays à travers le monde, comme, par exemple, en Indonésie.

Concrètement, il s’agit d’un parti islamiste, à savoir une organisation politique désireuse de mettre en œuvre des lois inspirées par le Coran. Cette organisation est aussi panislamiste, c’est-à-dire qu’elle considère que, dans l’absolu, toutes les communautés de croyants musulmans devraient être réunies dans un même ensemble, qui dépasserait le cadre des différentes frontières nationales.

Dans le cas de l’Indonésie, l’objectif affiché du Hizbut Tahrir était, en tout cas dans un premier temps, de transformer le pays en califat et d’y faire régner la charia, donc un ensemble de lois issues de l’interprétation du Coran.

Le Hizbut Tahrir contre l’ancien bras droit du président

Officiellement, ce groupe est accusé de représenter une possible menace pour le Pancasila, l’un des principes essentiels de la constitution indonésienne, qui défend la tolérance religieuse entre les différences confessions.

Cependant, et quoi qu’on puisse penser, par ailleurs, de ce type d’organisations rigoristes, cette interdiction fait avant tout penser, au vu du calendrier, à un retour de bâton.

En effet, le Hizbut Tahrir est l’une des organisations qui a mené campagne contre Ahok, l’ancien gouverneur chrétien de Jakarta, en l’accusant de blasphème, un activisme qui a fini par mener ce dernier en prison, il y a trois mois.

Il se trouve que le président indonésien Joko Widodo a été lui-même politiquement affaibli par la chute du gouverneur qui était son ancien bras droit et que c’est justement le président qui a initié le décret d’interdiction de ce parti islamiste, en partie responsable de son affaiblissement politique.

Des prétextes « moraux » pour faire chuter des hommes ou des organisations influents

Il existe d’autres groupes susceptibles de subir ce type de « punitions » de la part des autorités indonésiennes et certains d’entre eux ont même déjà été « punis ».

C’est le cas du Front des défenseurs de l’islam, une autre organisation fondamentaliste, elle aussi très en vue durant les manifestations contre l’ancien gouverneur chrétien. Son dirigeant, Rizieq Shihab, en exil depuis le mois de mai, est ainsi poursuivi par la justice pour avoir envoyé des textos et des photos à caractère sexuel, ce qui transgresserait une loi indonésienne dite « anti-pornographie ».

Cette accusation ressemble fort à un prétexte pour faire chuter un homme et une organisation devenus trop influents, à l’image des accusations de blasphème que ces groupes islamistes avaient eux-mêmes colportées pour faire tomber le gouverneur de Jakarta.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.