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Dossier

Hong Kong, de la rétrocession, le 1er juillet 1997, à la répression

Le 1er juillet 1997, Hong Kong, ancienne colonie britannique, est rétrocédée à la Chine et devient l’un des premiers centres financiers du monde, à la première place des villes les plus chères de la planète. L’histoire récente de cette « région spéciale autonome », dont le nom signifie littéralement « port parfumé », illustre la reprise en main autoritaire de la Chine communiste sur l'ancienne colonie britannique.

La veille de la rétrocession de Hong Kong à la Chine, des Chinois pro-Royaume-Uni se rassemblent devant la résidence du gouverneur sortant Chris Patten, le 30 juin 1997, à Hong Kong.
La veille de la rétrocession de Hong Kong à la Chine, des Chinois pro-Royaume-Uni se rassemblent devant la résidence du gouverneur sortant Chris Patten, le 30 juin 1997, à Hong Kong. © Richard Baker / Getty
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Le 1er juillet 1997, une date spéciale pour Hong Kong

Hong Kong est une ancienne colonie britannique située au sud de la Chine continentale. Occupée par le Royaume-Uni à partir du milieu du XIXe siècle, elle sert de comptoir maritime et de point d’entrée vers l’intérieur des terres, via la rivière des Perles, qui mène à Canton.

L’île de Hong Kong et son vis-à-vis continental, Kowloon, sont d’abord cédés à perpétuité aux Britanniques. Mais les « Nouveaux territoires », ensemble plus vaste de terres (continentales et insulaires) périphériques, dépendent d'un bail temporaire et plus tardif entre la Couronne et la Chine.

À écouter aussi : [Archive sonore] 1er juillet 1997: rétrocession de Hong Kong à la Chine

En 1997, ce bail prend fin. Les « Nouveaux territoires » doivent revenir sous le giron de Pékin. Du fait de la complémentarité entre les « Nouveaux territoires », Kowloon et Hong Kong, décision est prise de « rétrocéder » l’entièreté de la colonie à la Chine. Cette rétrocession est effective le 1er juillet 1997. L'anglais reste, pour autant, une langue officielle à Hong Kong (au même titre que le chinois).

En jaune, l'île de Hong Kong et Kowloon (partie continentale). En blanc, les Nouveaux Territoires. Réunis, ils forment ce que l'on appelle aujourd'hui Hong Kong.
En jaune, l'île de Hong Kong et Kowloon (partie continentale). En blanc, les Nouveaux Territoires. Réunis, ils forment ce que l'on appelle aujourd'hui Hong Kong. © Studio graphique FMM

Hong Kong, l'une des villes les plus chères du monde

Selon The Global Financial Centres, Hong Kong était encore l’an dernier la cinquième place financière mondiale et la troisième en Asie, devant Singapour, même si elle a longtemps occupé le sommet du podium. La Région administrative spéciale est aussi considérée comme le « pays » le plus libéral du monde.

De fait, Hong Kong attire les multinationales et les investisseurs occidentaux… Mais aussi chinois. Après la rétrocession, la ville devait servir, grâce à sa législation très favorable au commerce international et à la finance, de tête de pont pour les entreprises chinoises qui souhaitaient mettre un pied dans la mondialisation. Aujourd’hui, la Chine s’est libéralisée, mais Hong Kong aurait toujours une fonction de coffre-fort pour les milliardaires chinois, qui y sont de plus en plus nombreux.

La présence de cet argent chinois, couplé à la densité de peuplement qui est l’une des plus élevées au monde dans certains quartiers, explique que les prix de l’immobilier à Hong Kong soient les plus hauts de la planète. Pour acheter un logement au prix médian, il faut l’équivalent de 18 années de travail complètes au revenu médian. Près de 50% des Hongkongais vivent en HLM, et récemment des capsules de 2 m², louées plus de 300 euros par mois, ont fait leur apparition pour pallier la crise de logement.

Hong Kong sous souveraineté chinoise

Depuis 1997, le statut de Hong Kong est celui de « Région administrative spéciale » (Special administrative Region ou « SAR »). Hong Kong est donc sous souveraineté chinoise : elle n’a pas d’indépendance sur les questions de défense et de diplomatie.

Cependant, ses 7 millions d’habitants jouissent de systèmes politique, législatif, juridique, économique et financier propres, différents de ceux des Chinois du continent. Les Hongkongais conduisent à gauche, les Chinois du continent à droite ; ils utilisent le dollar hongkongais (indexé sur le dollar américain) et pas le yuan ; ils disposent d’une assemblée pour partie élue au suffrage universel…

L’accord de rétrocession signé en 1984 entre le Royaume-Uni de Margareth Thatcher et la Chine de Deng Xiaoping, et qui entre en application en 1997, est construit sur la base de la théorie « un pays, deux systèmes ». Au moment de la signature, l’idée est de rassurer les Hongkongais : leur ville ne sera pas transformée en régime communiste à marche forcée.

L’accord sino-britannique couvre une période de 50 ans. Après 2047, personne ne sait ce qu’il adviendra de Hong Kong. L’idée de Deng Xiaoping était qu’à la moitié du XXIe siècle, il n'y aurait plus de différences entre la Chine continentale et Hong Kong, qui cesserait de fait d'être une région « spéciale »

Hong Kong, la fin d'une démocratie

Selon la loi fondamentale qui sert de Constitution à Hong Kong, le chef de l’exécutif doit être élu au suffrage universel. Mais ce n’est toujours pas le cas : aucune date précise n’a été fixée pour la mise en place d'un scrutin de ce type. Ainsi Carrie Lam, l’actuelle cheffe de l’exécutif hongkongais, entrée en fonction le 1er juillet 2017, a-t-elle été encore une fois élue par un conseil électoral. Ce conseil est composé de 1200 représentants des « circonscriptions socio-professionnelles », et est largement acquis à Pékin. En mars 2021, une réforme du système électoral hongkongais marginalise encore un peu plus l’opposition et acte la réduction du nombre de sièges élus aux suffrages directs de 35 à 20%.

Le système empêchant les pro-démocratie de prendre le pouvoir par les urnes, ils descendent dans la rue. Ce sont les immenses manifestations de 2003, contre une réforme légale voulue par la Chine qui aurait, selon les manifestants, considérablement réduit leurs libertés ; en 2012, ils protestent contre la volonté de Pékin d’imposer une sorte d’ « éducation patriotique » aux Hongkongais ; en 2014, le mouvement des parapluies s’élève contre la volonté des autorités chinoises de présélectionner les candidats au poste de chef de l’exécutif ; les Hongkongais protestent également contre la disparition de libraires et d'éditeurs pro-démocratie. Enfin, en 2019, pendant des mois, des centaines de milliers de personnes protestent d’abord pour empêcher l’extradition en Chine continentale de personnes arrêtées à Hong Kong, puis plus largement pour la démocratie.

Les manifestants pro-démocratie se rassemblent le 28 octobre 2014 à Hong Kong, pour célébrer un mois de mouvement. Les parapluies étaient originellement utilisés pour se protéger contre les gaz lacrymogènes.
Les manifestants pro-démocratie se rassemblent le 28 octobre 2014 à Hong Kong, pour célébrer un mois de mouvement. Les parapluies étaient originellement utilisés pour se protéger contre les gaz lacrymogènes. REUTERS/Damir Sagolj

Il y avait une certaine liberté d'expression de la presse à Hong Kong. Mais les perquisitions et les arrestations au sein de la rédaction de l'Apple Daily, qui a cessé de paraître le 24 juin 2021, semblent avoir signé, malgré les dénégations de l’exécutif hongkongais, son arrêt de mort. Le fondateur du journal, Jimmy Lai, avait été interpellé et inculpé en vertu de la loi sur la sécurité nationale, en août 2020. Cette loi, votée en juin 2020 en réponse aux gigantesques manifestations de l’année précédentes, entend réprimer le « séparatisme », le « terrorisme », la « subversion » et la « collusion avec des forces extérieures et étrangères », pour à ramener la stabilité dans l'ex-colonie britannique. 

Selon un rapport de l’ONG Amnesty Internationale paru le 30 juin 2021, en un an, au moins 118 personnes ont été arrêtées au nom de la loi sur la sécurité nationale. Joshua Wong, une figure du mouvement pro-démocratie, a été condamné en mai 2021 à dix mois de prison pour sa participation, en 2020, à une veillée « illégale » en souvenir de la répression de la place de Tiananmen. Une peine qui s’ajoute à une autre, de treize mois et demi de prison, pour sa participation à une autre manifestation en 2019. Accusé de troubles à l’ordre public, l’ancien leader étudiant du Mouvement des parapluies Nathan Law a lui dissout son parti Demosisto, et s'est réfugié à Londres. 

Au mépris de l’accord de rétrocession qui prévoyait « un pays, deux systèmes » jusqu’en 2047, Pékin musèle toutes velléités démocratiques en interdisant les candidatures d’opposition aux élections législatives de décembre 2021, détruisant ainsi le système politique local. Le 23 décembre, l’Université de Hong Kong démantèle la statue commémorant les victimes de Tiananmen et, le 29, le site d’information indépendant Stand News est fermé et six de ses dirigeants sont arrêtés. Sous la pression, le média indépendant Citizen News annonce sa fermeture une semaine plus tard.

Malgré la réprobation des démocraties occidentales, avec une opposition réduite au silence ou en exil, la Chine continentale poursuit inexorablement sa politique d’absorption de Hong Kong à travers l’élection, le 8 mai 2022, de John Lee, ancien chef de la sécurité et unique candidat à la succession de Carrie Lam au poste de chef du comité exécutif.

Dans ce contexte tendu, la visite du président chinois Xi Jinping pour la cérémonie du 25e anniversaire de la rétrocession de Hong Kong, le 1er juillet 2022, se prépare sous haute surveillance. Alors qu’il ne s’y est pas rendu depuis 2017, notamment à cause de la pandémie de Covid-19, une organisation draconienne est mise en œuvre par les autorités pour éviter tout risque d’incident et donner l’image d’un peuple hongkongais uni derrière son chef de l’État.

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