En Chine, les paparazzi font aussi les frais de la censure
Les 700 millions d’internautes chinois ont l’habitude de voir des contenus internet disparaître sous leurs yeux lorsqu’ils s’intéressent à des sujets politiquement sensibles. Mais une nouvelle loi sur la cybersécurité vise désormais des sites de divertissement qui ne sont plus eux-mêmes à l’abri.
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De notre correspondante à Pékin,
Des millions d’internautes s’en mordent les doigts : les cyber-contrôleurs chinois ont fermé une soixantaine de comptes en ligne dont le fond de commerce était la vie privée des stars. Il y avait par exemple celui de Zhuo Wei, surnommé le premier paparazzi de Chine, un photographe suivi par 7 millions d’abonnés avides d’apprendre les derniers ragots sur les affaires extraconjugales des vedettes du cinéma. Les autorités ont donc fermé son compte et des dizaines d’autres, et ceci pour préserver « les valeurs centrales du socialisme et pour assainir le cyberespace », comme nous l’apprend le très officiel journal Global Times.
La porte grande ouverte pour plus de censure
Mais aucune muraille numérique ne semble assez haute pour dissuader ces paparazzi. Plusieurs d'entre eux ont déjà créé de nouveaux comptes, comme « Changchun Guomao » qui dit avoir appris sa leçon et promet: « dorénavant, je vais transmettre de l’énergie positive ».
La nouvelle loi de cyber-sécurité est entrée en vigueur le 1er juin. Et les premières victimes sont ces comptes people qui « séduisent les bas instincts du public » et qui exhibent le train de vie ostentatoire des célébrités. « Internet ne doit pas nuire à la réputation et à la vie privée d’autrui », stipule la loi qui a pour ambition de mieux protéger les informations personnelles des utilisateurs. Mais elle va encore bien plus loin et interdit toute publication qui « porte atteinte à l’honneur national, trouble l’ordre économique et social ou renverse le système socialiste ». C’est donc la porte ouverte pour contrôler encore un peu plus la toile chinoise qui est déjà totalement sous la coupe de la censure.
Une loi floue
Cette nouvelle loi inquiète aussi les entreprises étrangères qui opèrent en Chine. Elles dénoncent le grand flou qui entoure le texte et la difficulté alors de se mettre en conformité. Comment accepter l’exigence de Pékin de garder toutes les données personnelles des clients sur le territoire chinois ? Ces entreprises craignent que Pékin puisse se servir de ce nouveau dispositif pour les écarter du marché chinois. Mais pour cela, il faudrait qu’une enquête constate que telle ou telle entreprise viole cette nouvelle loi sur la cybersécurité.
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