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Chine

Le récit de Fan Yusu fascine le web chinois

Fan Yusu est devenue en quelques heures la star des réseaux sociaux chinois. Elle vivait pourtant il y a encore quelques jours dans l’anonymat le plus complet. Cette femme de 44 ans, était en effet employée comme domestique chez un milliardaire à Pékin. Son parcours, de l'enfance dans un village pauvre du centre de la Chine à son arrivée à Pékin à l'âge de 20 ans et ses années de dur labeur en tant que travailleuse migrante précaire passionne les Chinois.

Les réseaux sociaux sont très développés et très contrôlés en Chine (photo d'illustration).
Les réseaux sociaux sont très développés et très contrôlés en Chine (photo d'illustration). Getty Images
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De notre correspondante à Shangaï,

Fan Yusu vient de publier sur un réseau social chinois un texte de 3 pages dans lequel elle raconte sa vie et celle de sa famille. Le titre de ce récit c’est « Je suis Fan Yusu ». Et en 24 heures à peine, il a été partagé plus de 100 000 fois et on dénombre 20 000 commentaires. La toile s’est enflammée pour l’histoire douloureuse de cette femme.

La lecture comme seule échappatoire

Le texte est un récit autobiographique très touchant. Fan Yusu commence par raconter son enfance dans un village pauvre du centre de la Chine dans les années 70 sous la Révolution culturelle de Mao Zedong. Fan a grandi dans une famille de 5 enfants, a commencé à travailler à 12 ans, a vu l’une de ses sœurs contracter le virus de la polio, une autre devenir handicapée à la suite d’une fièvre mal soignée. Pour échapper à son quotidien difficile, la jeune femme lit beaucoup, dévore des grands classiques littéraires et décide à 20 ans de quitter son village pour « voir le monde », écrit-elle, et s’installer à Pékin, la capitale.

Coup de projecteur sur le sort des travailleuses migrantes

Cette histoire fait écho à une situation que connaissent de nombreux Chinois. En fuyant la campagne pour la ville, Fan Yusu est devenue une travailleuse migrante, le pays en compte au total près de 300 000. Ces « mingong » comme on les appelle ici, sont la face cachée du miracle économique chinois. Son histoire émeut les internautes parce qu’elle est comme un symbole pour cette frange de la population qui souffre de précarité. Fan Yusu, en arrivant à Pékin devient domestique, s’installe dans un appartement de 8m², sans eau courante, avec deux enfants à élever seule puisqu’elle a divorcé de son mari alcoolique et violent.

L'histoire de cette femme soulève beaucoup de questions sur les inégalités entre les riches et les pauvres, entre la ville et la campagne, sur les méfaits de la croissance aussi. Fan Yusu l’écrit elle-même : « Ma vie est tellement misérable que cela en fait un récit touchant ». Son récit dans un premier temps relayé dans la presse officielle chinoise a aujourd’hui disparu des réseaux sociaux, et cela est probablement lié à la censure. Dans une interview donnée à un média chinois, elle explique vivre désormais cachée. 

Une nouvelle vie grâce aux réseaux sociaux ?

Des dizaines de journalistes font le pied de grue devant sa porte pour essayer de la rencontrer. Elle a reçu par ailleurs plusieurs offres de la part d’éditeurs qui flairent la bonne affaire, mais Fan Yusu ne semble pas vouloir changer de vie, en tous cas pas tout de suite. « Je n’ai pas de talent » a-t-elle déclaré, « je n’ai jamais rêvé changer de vie à l’aide d’un stylo ». Elle se décrit plutôt comme une femme luttant pour sa survie,  et c’est la littérature, jure-t-elle, qui l’a toujours sauvée. « Quand la vie devient vraiment difficile, je lis pour échapper aux difficultés ! »

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