Pakistan: la police porte plainte après un nouveau crime d'honneur sanglant
Une nouvelle affaire de crime d’honneur au Pakistan : un jeune homme a égorgé sa sœur à Karachi. Mais, fait inhabituel, la police a décidé de saisir elle-même la justice pour éviter que l’affaire échappe aux tribunaux.
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Avec notre correspondant à Islamabad, Michel Picard
Le jeune homme avait surpris sa sœur en train de parler au téléphone avec un garçon. Il l’a égorgée puis jetée sur le pas de la porte de la maison familiale. Une vidéo particulièrement violente montre la jeune fille allongée, agonisant en silence devant un attroupement de voisins du quartier parmi lesquels de nombreux enfants. Sumaira, 16 ans, est morte dans la voiture qui l’emmenait à l’hôpital.
L’an dernier, plus de 1 000 femmes sont mortes tuées par des proches au Pakistan, au prétexte qu’elles auraient déshonoré leurs familles. Les familles préfèrent souvent étouffer des affaires qui apporteraient l’opprobre sur leur nom.
La justice face au pardon
Mais aujourd’hui, fait rarissime, la police, qui a arrêté le jeune homme, a saisi la justice afin qu’un procès ait lieu. Ainsi, ce meurtre ne se règlera pas en famille même si le père, affirmant que « ce qui est fait est fait », avait déjà pardonné à son fils d’avoir tué sa fille.
En 2005, le Code pénal du pays a été modifié pour empêcher aux meurtriers de se soustraire à la justice sous couvert d’un pardon familial. Mais les condamnations restent soumises à la discrétion des juges qui accordent beaucoup d’importance au pardon des parents.
En février dernier, le Premier ministre Nawaz Sharif a promis de mettre fin à cescrimes d’honneur. Et voir la police saisir la justice pourrait marquer un tournant dans l’éradication de ce fléau répandu au cœur de la société conservatrice et patriarcale pakistanaise.
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