Frappe sur l'hôpital de Kunduz: MSF veut une enquête indépendante

Deux jours après le bombardement d'un hôpital dirigé par Médecins sans frontières (MSF) à Kunduz, en Afghanistan, le Pentagone a reconnu et confirmé que c'était bien une frappe américaine qui avait largement détruit ce centre hospitalier. Deux enquêtes distinctes, de la part de l'Otan et de Washington sont actuellement en cours, tandis que MSF évoque la possibilité d'un crime de guerre et demande la tenue d'une enquête indépendante.

L'entrée du centre de soins de MSF à Kunduz (Afghanistan). REUTERS/Stringer

Quelques jours après les frappes américaines sur l'hôpital de Médecins sans frontières (MSF) de Kunduz, la thèse initiale du dommage collatéral semble de moins en moins tenir la route, indique notre correspondant en Afghanistan, Joël Bronner. La question est aujourd'hui la suivante : les frappes menées par l'armée américaine ont-elles pu viser sciemment et volontairement ce centre hospitalier ?

C'est, en tout cas, la conviction de MSF lorsque l'ONG évoque la présomption d'un « crime de guerre ». Très discret jusqu'à présent sur la question, le gouvernement afghan a abandonné la communication sensible au ministère de la Défense, un ministère dénué de ministre, qui a insinué, dimanche, la présence d'insurgés actifs depuis l'hôpital, une accusation catégoriquement rejetée par MSF.

La faute à Kaboul ?

Lundi 5 octobre, le commandant américain John Campbell, à la tête des forces de l'Otan en Afghanistan a de son côté commencé à rejeter la responsabilité de ces frappes sur Kaboul, laissant entendre qu'elles ont été menées à la suite de renseignements communiqués par les militaires afghans au sol.

De son côté, MSF souligne l'intentionnalité apparente de ce bombardement. L'ONG a indiqué que le bâtiment principal de l'hôpital a été visé à de multiples reprises pendant plus de trente minutes alors que les armées américaine et afghane disposaient des coordonnées GPS du site. MSF a également précisé que Kaboul et Washington ont été prévenus des frappes en cours sur l'hôpital, sans que cela les fasse cesser.