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Festival de Cannes 2015 / Cinéma / Philippines

Brillante Mendoza filme le typhon aux Philippines en mode fiction

Comment continuer à vivre après une catastrophe ? Le réalisateur Brillante Mendoza, chef de file du nouveau cinéma philippin, aborde dans son nouveau film « Taklub » la tragédie après le passage du Typhon Hayan qui avait causé en 2013 dans la seule ville Tacloban plus de 10 000 morts. Montrée au Festival de Cannes dans la section officielle Un certain regard, la fiction intrigue par sa réalisation en mode documentaire.

«Taklub», du réalisateur philippin Brillante Mendoza, a été présenté en sélection officielle, dans la section Un certain regard du Festival de Cannes.
«Taklub», du réalisateur philippin Brillante Mendoza, a été présenté en sélection officielle, dans la section Un certain regard du Festival de Cannes. Siegfried Forster / RFI
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RFI : Le titre Taklub se traduit par « piège ». De quel piège parle-t-on ?

Brillante Mendoza : Aux Philippines, « taklub » peut vouloir dire beaucoup de choses. Cela vient du mot « takloban », c’est un lieu ou un panier avec lequel on capte des poissons, mais cela peut aussi signifier un piège qui se renferme sur vous pour toujours.

Au Festival de Cannes, vous avez dédié votre film aux victimes du typhon Hayan. Quel est pour vous le rôle du cinéma et de votre film après une telle catastrophe ?

Dans le film, je ne voulais pas montrer au reste du monde combien les victimes et les Philippins souffrent. Je voulais montrer comment ces gens font face à ces tragédies survenues dans leur vie. Nous sommes habitués à ce type de catastrophes naturelles, mais la manière dont nous gérons ces difficultés est si unique et si particulière que le reste du monde devrait le savoir et comprendre la résilience des Philippins. C’est une qualité dont le reste du monde peut apprendre des choses.

Au début du film, vous filmez l’incendie d’une tente, une catastrophe après la catastrophe. De cette famille de six personnes, seul le père échappera à la mort. Est-ce pour montrer ce que les médias ne montrent que rarement, la vie après le drame ?

Tout ce que vous voyez dans le film s’est vraiment passé dans la vie des gens là-bas. Il y a plusieurs sortes de catastrophes : celles provoquées par l’homme, d’autres par la nature... Mais dans les deux cas, les gens souffrent et doivent continuer à vivre. Le récit dans le film est plutôt une sorte miroir de ce qu'il s’est passé. Dans mon film, je montre une famille qui souffre, mais en réalité il y a des milliers de familles qui ont vécu cela. Avec mon film, on peut s’imaginer ce qu’elles ressentent et comment elles souffrent.

Vous montrez des choses qui se sont réellement passées d’une manière très naturelle. Est-ce que la fiction est finalement plus « réelle » qu’un documentaire ?

Je ne dirais pas cela, mais j’essaie de mêler dans mes films fiction et vie réelle. Quand vous montrez dans le film une scène comme « réelle » ou très près de la réalité, cela devient plus crédible et plus efficace, parce que l’émotion suscitée est si forte et si près de la réalité.

« Il y a un temps pour tout ». A la fin de Taklub, vous citez la Bible. Dans quel temps se trouvent les Philippins aujourd’hui, un an et demi après le typhon ?

Je pense qu’il y avait un temps pour le deuil, un temps pour avancer, et maintenant il y a le temps pour construire. On est dans un processus de rassembler les différents fragments. Avec leurs qualités, les Philippins vont surmonter cette catastrophe.

Il s’agit alors d’un film sur la vie et pas sur la mort ?

Ce film peut dire tellement de choses. Je ne veux pas généraliser. La vie continue. Pour certains, c’est une nouvelle vie, pour d’autres il s’agit d’accepter la réalité douloureuse de leur vie.

Dans une autre scène, on voit un homme qui avait perdu sa femme dans le typhon. Maintenant, il porte une grande croix blanche dans les rues pour prier et pour collecter de l’argent pour les victimes de la catastrophe. Avec votre film, qu’est-ce que vous avez appris sur la religion ?

Aux Philippines, la religion est une grande partie de notre vie. Nous sommes à 90 % des chrétiens. Beaucoup de Philippins s’accrochent à leur foi pour être capables de continuer leur vie et affronter leurs difficultés. Pour les Philippins, la religion est une partie majeure de leur vie. Je voulais montrer cela comme un ingrédient indispensable de notre vie quotidienne.

Scène de « Taklub », un film du réalisateur philippin Brillante Mendoza.
Scène de « Taklub », un film du réalisateur philippin Brillante Mendoza. Festival de Cannes 2015

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