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Colombie / Ivan Duque

Colombie: la démission du ministre de la Défense ne met pas fin au scandale

En Colombie, Guillermo Botero, qui faisait face à un déluge de critiques sur sa gestion du ministère de la Défense depuis plusieurs jours, a annoncé sa démission. Plus largement, c’est la politique de défense mise en place par le président Ivan Duque qui est pointée du doigt.

Le ministre de la Défense colombien Guillermo Botero, à Bogota, le 7 mars 2019.
Le ministre de la Défense colombien Guillermo Botero, à Bogota, le 7 mars 2019. Juan BARRETO / AFP
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La démission de Guillermo Botero était une question urgente à résoudre pour le gouvernement d’Ivan Duque, au cœur d’un scandale, depuis qu’un sénateur de l’opposition a révélé la réalité concernant un bombardement qui avait coûté la vie à 8 mineurs dont une fillette de 12 ans, début septembre.

Jeudi, le président Ivan Duque a fait une fois encore l’éloge de son ex-ministre, chaleureusement remercié pour ses services, rapporte notre correspondante à Bogota, Marie-Ève Detoeuf. Le ministre est parti, les questions restent. Les généraux qui, fin août, ont décidé de bombarder un camp de rebelles près du village de San Vicente del Caguan savaient-ils qu’ils y avaient là des adolescents ? Un fonctionnaire de la municipalité affirme qu’il avait informé ses supérieurs et les militaires de la disparition de plusieurs jeunes de la région, recrutés de force par les rebelles.

Deuxième question : le président Ivan Duque a-t-il été informé, après l’opération, de la mort de ces adolescents qui a été dissimulée à l’opinion publique pendant deux mois ? Interrogé à brûle-pourpoint par un journaliste du quotidien El Heraldo, le chef de l’État a répondu méprisant : « de quoi tu me parles, vieux ? ». Inutile de dire que la vidéo est devenue virale sur les réseaux sociaux.

Le gouvernement est accusé d’avoir remis en place la politique des faux positifs, c’est-à-dire d’assassinats de civils innocents que l’on fait passer pour des guérilleros.

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Une politique qui a été mise en place par l’ancien président Alvaro Uribe, comme le détaille Roy Barreras, sénateur et membre du Parti social d'unité nationale, à l’origine de ces révélations : « L’ancien président Uribe a souhaité modifier la dynamique de paix pour un retour à la guerre, ce qui incluait à l’époque de son mandat des faux positifs. Ce ministre de la Défense respecte cette ligne idéologique et c’est la raison pour laquelle il exerce des pressions sur les forces militaires ; il trompe, il ment. Il a même mis en place une circulaire qui avait été dénoncée, pour stimuler le contrôle de l’armée, en précisant que les promotions seraient liées au nombre de morts. »

La démission de Guillermo Botero ne va certainement pas mettre un terme au scandale. Au-delà de la mort des adolescents, c’est toute la politique de sécurité du gouvernement qui fait question. Car les dérapages s’accumulent du côté des autorités. L’armée semble incapable de reprendre le contrôle des territoires aux mains des narcotrafiquants et des rebelles multiplient les bavures et les mensonges, avec l’aval apparemment du pouvoir. La résurgence de la violence est prégnante dans le département du Cauca, où là aussi les autorités sont pointées du doigt pour leur inefficacité et la mort de civils. Une situation dénoncée par de nombreuses ONG, mais que le président Ivan Duque ne semble pas prendre à sa juste mesure.

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