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Pérou

[Entretien] Bataille politique au Pérou: quel scénario pour les jours à venir?

Le Pérou s’est réveillé ce 1er octobre avec deux présidents. Lundi soir, le président Martin Vizcarra a dissous le Parlement, dominé par l’opposition, et convoqué des élections législatives. En réaction, les parlementaires ont voté la suspension du chef de l’Etat. Eclairage de Lissell Quiroz, docteure en histoire et maître de conférences à l'université Rouen-Normandie.

Cordon policier aux abords du Congrès à Lima, le 1er octobre 2019.
Cordon policier aux abords du Congrès à Lima, le 1er octobre 2019. REUTERS/Guadalupe Pardo
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RFI : Ils étaient lundi soir des milliers à célébrer la décision du président Vizcarra de dissoudre le Parlement. Que pensez-vous de cette réaction populaire ?

Lissell Quiroz : Les Péruviens sont vraiment excédés depuis des années par les scandales de corruption qui touchent la magistrature et les partis politiques traditionnels. Les Péruviens sont sortis dans la rue pour manifester leur attachement à une démocratie réelle et ouverte à tous. Ils veulent exclure ces personnes qui ont montré leur incapacité à instaurer un climat politique apaisé et constructif. C’est un courant majoritaire au sein de la population. Le référendum de fin 2018 l’a bien montré : les Péruviens ont voté massivement pour des réformes constitutionnelles afin de limiter les pouvoirs des députés et des magistrats, qui sont en grande partie impliqués dans ces scandales de corruption.

Comment en est-on arrivé à cette dissolution du Parlement ?

Depuis que Martin Vizcarra assume la présidence, il se présente comme celui qui vient mettre de l’ordre, qui renouvelle la politique péruvienne. Il s’est immédiatement retrouvé dans une situation de bras de fer avec le Parlement, qui résistait aux réformes. C’est l’instance la plus puissante du système politique péruvien et elle est dominée par l’opposition fujimoriste. Face à ce blocage, le président Vizcarra soutient n’avoir eu d’autre choix que de crever l’abcès en utilisant la dernière possibilité que la Constitution lui donnait : dissoudre le Parlement.

En réaction, le Congrès a voté la suspension du président pendant un an et nommé sa vice-présidente, Mercedes Araoz, présidente par intérim. Quel peut être le scénario des prochains jours ?

La situation est vraiment très complexe. Le Parlement essaye de résister, mais l’armée et la police se sont rangées du côté du président Vizcarra, ce qui assure une forme de stabilité politique. Le président a convoqué des élections législatives le 26 janvier. Martin Vizcarra compte sur la mobilisation citoyenne de tous les anti-fujimoristes pour que les parlementaires se plient à ce scénario.

L’autre scénario possible, c’est que le Parlement maintienne la suspension de Martin Vizcarra. Pour ce faire, les parlementaires vont s’appuyer sur tous les textes juridiques et législatifs possibles, et faire appel aux instances internationales comme l’Organisation des États américains (OEA) pour prouver qu’ils ont le droit avec eux. Le dernier scénario, c’est que Martin Vizcarra, poussé à bout, soit obligé de mobiliser la force pour investir le Parlement. Mais il prendrait alors le risque d’apparaître comme celui qui rompt un Etat constitutionnel.

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