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Brésil

Brésil: au cœur de l’Amazonie brûlée à la recherche de remèdes

Face à la résonance internationale des feux en Amazonie, Jair Bolsonaro a finalement interdit pour deux mois la pratique des brûlis en Amazonie. Chaque année durant la période de sécheresse, les agriculteurs brûlent en effet des parcelles de forêt déjà déboisées et asséchées afin de les exploiter. Mais empêcher la déforestation progressive de l’Amazonie demandera des mesures bien plus importantes pour mettre fin à des pratiques devenues coutumes.

Une parcelle de terre brûlée en Amazonie.
Une parcelle de terre brûlée en Amazonie. RFI/Oriane Verdier
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Reportage de notre envoyée spéciale en Amazonie,

Nous pénétrons dans la forêt amazonienne par une petite piste de terre. Autour de nous, la jungle. Soudain, le ciel réapparaît et avec lui un paysage brûlé. Il ne reste que des pointes de bois de ce qui était il y a quelques jours encore une végétation dense. Au milieu de cette étendue noircie, une petite cabane sauvée du feu. C’est là qu’habite José. « C’est la troisième fois que ça m’arrive. Le feu a tout brûlé. Il a brûlé mes arbres fruitiers. Je vais devoir tout replanter. Quand je suis sorti de chez moi, lundi, le feu était sur les terres plus loin. Je pense que c’est ce feu qui est venu tout brûler. Mais personne ne sait qui met le feu. Si vous n’avez pas le temps de faire une séparation entre les deux terres, le feu vient chez vous aussi. »

Pas réseau téléphonique, peu d’électricité

José habite ici depuis 18 ans. Il a bénéficié du programme environnemental du gouvernement de Lula. Ces milliers d’hectares à l’entrée de la forêt amazonienne ont été divisés par parcelles et confiés à de petits paysans. Ces derniers devaient préserver la forêt avec le droit en échange d’en déboiser une partie pour la cultiver. Beaucoup ont dépassé les limites autorisées.

Au loin, nous apercevons une épaisse fumée blanche monter des grands arbres verts. Sur place, Sergio observe consciencieusement la jungle se consumer à petit feu. « Si je recevais une assistance financière je n’aurais eu besoin de déboiser que la moitié de la surface que j’ai déboisée. J’en ai acheté une troisième. C’est-à-dire que je n’ai pas reçu ces terres du gouvernement. Je les ai achetées à quelqu’un qui lui-même avait acheté à une autre personne. Mais ça fait 16 ans que je suis ici. Nous n’arrivons pas à avoir des documents officiels de la terre. Donc on ne peut pas faire de crédit par exemple. On est là complètement abandonnés aussi bien financièrement que techniquement. »

Ici, il n’y a ni hôpital ni école. Pas de réseau téléphonique et souvent pas d’électricité. Avec l’implantation de scieries qui viennent extraire le bois de l’Amazonie, une petite ville s’est tout de même créée : une rue de terre rouge et quelques bâtiments. A la terrasse d’un café, une dame en chemisier à pois et talons noirs discute avec les habitants. Lidia est avocate, et se bat pour le droit des paysans.

« Les personnes qui ont reçu des terres du gouvernement sont fatiguées de vivre sans route, sans école, sans médecin, sans électricité, sans rien. Certains d’entre eux ont donc vendu leurs droits à d’autres personnes. Mais ce qu’il se passe pour la majorité des agriculteurs aujourd’hui c’est qu’ils ont acheté des terres déjà brûlées, exploitées bien au-delà de la limite autorisée. Et ils ont continué à la travailler. »

Un chef indigène sur des terres brûlées, dans l'état du Mato Grosso, le 28 août 2019 (photo d'illustration).
Un chef indigène sur des terres brûlées, dans l'état du Mato Grosso, le 28 août 2019 (photo d'illustration). REUTERS/Amanda Perobelli

La menace des gros producteurs de soja

Pour cette avocate la protection de l’environnement ne pourra se faire sans une régularisation de la situation de ces agriculteurs. « J’aimerais beaucoup que les pays étrangers qui aujourd’hui s’inquiètent pour l’Amazonie, s’inquiètent aussi pour les peuples qui y vivent. Ils vivent sur des terres du gouvernement dont ils n’en sont pas propriétaires et aujourd’hui ils sont sanctionnés. Voilà ce qu’il va se passer : on va couvrir les gens d’amende à payer ou même les arrêter. Il vaudrait mieux venir et dire ‘’Ecoutez voilà la stratégie que nous allons adopter : à partir de maintenant, vous allez être accompagné par telle structure, vous allez replanter un nombreux d’arbre et travailler de telle manière’’. Enfin offrir une base. »

Si la déforestation continue dans quelques dizaines d’années les terres de ces éleveurs de bétail seront rachetées par de gros producteurs de soja. Ainsi aujourd’hui, la capitale de l’État de Rondônia est entourée de longs champs aplanis, là où autrefois s’étendait la forêt amazonienne.

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