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Chili / Venezuela

[Reportage] Le Chili, toujours un eldorado pour les migrants vénézuéliens

Alors que le Venezuela n’en finit plus de toucher le fond, sa population continue de s’exiler massivement dans les pays voisins. Le Pérou, longtemps considéré comme un pays d’accueil a récemment durci sa politique migratoire. Son marché du travail est de plus en plus saturé pour les migrants vénézuéliens qui se tournent désormais vers le Chili.

De nombreux Vénézuéliens qui ont voyagé jusqu'au Pérou ou en Équateur souhaitent maintenant partir au Chili.
De nombreux Vénézuéliens qui ont voyagé jusqu'au Pérou ou en Équateur souhaitent maintenant partir au Chili. REUTERS/Carlos Garcia Rawlins/File Photo
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Dans les rues de Pisco, une petite ville à 250 kilomètres au sud de Lima, José Gómez vient de descendre d’une camionnette. Il n’a pas l’intention de s’attarder sur place.

Ce jeune chef de 25 ans a le regard tourné vers le sud : « Il y a davantage de travail au Chili. La situation économique y est meilleure. Ici au Pérou les opportunités sont moins nombreuses pour les Vénézuéliens. On est beaucoup trop nombreux maintenant et on a saturé le marché. On va essayer de rentrer comme touristes parce qu’au Venezuela on ne peut plus vivre ». Sa sœur Carolina l’accompagne malgré la difficulté du voyage : « On est partis avec peu d’argent, le strict nécessaire, avec un sac à dos et en faisant du stop pour éviter le bus ».

Carlos Andrès Guerrero est lui aussi est arrivé à Pisco en marchant ou en faisant de l’autostop. « On marche de province en province pour aller au Chili, car on a de la famille là-bas. Comme on est seuls, au moins au Chili on aura des gens pour nous aider. Ici au Pérou la situation pour nous est de plus en plus critique ». Étudiant en droit, il a décidé de s’exiler lorsqu’il lui a été impossible de payer ses études dans une université privée.

En recherche de diplômés

Yasmina Hera est journaliste professionnelle. Elle est pour le moment installée en Équateur, mais n’est pas insensible à l’appel du Chili. Pour elle, le Chili souhaite attirer les professionnels et profiter de cette crise migratoire pour obtenir des Vénézuéliens bien formés. Et Yasmina ne le dit pas par hasard : « On a un collègue journaliste au Chili. Il s’est installé là-bas avec tous ses papiers, ses diplômes en règle et au bout de deux mois il a été embauché par la chaîne de télévision Teletrece. Il est devenu reporter et s’est fait une bonne place. Quand il y a de l’actualité au Venezuela, c’est lui qu’on envoie comme envoyé spécial pour cette chaîne chilienne ».

►À lire aussi : Crise migratoire vénézuélienne : une troisième réunion régionale s’ouvre à Quito

Très méticuleux, José David Rondón, journaliste de 40 ans, a organisé son exil autant que faire se peut. Ce dernier a aussi de bons retours concernant la politique chilienne avec les Vénézuéliens : « J’ai un cousin économiste. Deux semaines après son arrivée à Santiago, il a trouvé du travail. C’est une question de droit du travail qui est respecté au Chili dont l’économie est saine. Il y a une bonne perception de la qualité des professionnels vénézuéliens et beaucoup de reconnaissance aussi pour la protection accordée chez nous aux Chiliens fuyant la dictature de Pinochet. C’est un ensemble de facteurs ».

Une politique migratoire plus dure

Pourtant, il n’est pas aussi simple qu’avant de rentrer au Chili pour un migrant vénézuélien. José David s’est arrêté en Équateur pour profiter de l’hospitalité de sa sœur qui y vit depuis longtemps. Le stop a duré plus que prévu, 15 mois, car les conditions d’entrée pour obtenir un visa de travail ont récemment été durcies par Santiago :

« Si tu veux obtenir ce que le Chili appelle le visa de responsabilité démocratique qui te permet de travailler, il faut présenter un casier judiciaire vierge émis de moins de 90 jours et un passeport émis à partir de 2013. Dans mon cas par exemple, mon passeport a été émis en 2008 et donc il m’en faudra un nouveau. Le problème c’est qu’il est très difficile d’obtenir ce document au Venezuela et je me demande si mon pays ne le fait pas exprès pour ralentir la migration. »

►À lire aussi : [Reportage] Chili : les Vénézuéliens bloqués aux frontières en attente de visa

José David souhaite comme de nombreux migrants que les gouvernements de la région revoit leur politique pour aider un peu plus les migrants : « Nous demandons aux pays qui nous soutiennent, à l’Organisation des États américains, au Groupe de Lima de s’asseoir à une table pour revoir leurs politiques quant aux migrants vénézuéliens, de comprendre que nous avons besoin de simplifier les procédures même si nous comprenons que chaque pays souhaite maintenir sa politique migratoire ».

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