[Reportage] Des enfants vénézuéliens retournent à l'école en Colombie
Cela fait une semaine que la frontière piétonne entre le Venezuela et la Colombie a été rouverte après plus de trois mois de fermeture. Depuis, le flux migratoire a repris de plus belle et le commerce informel aussi. Mais pour beaucoup d’enfants vénézuéliens, c’est aussi l’occasion de retourner à l’école. Dans la ville frontalière de San Antonio, plus de 1 200 enfants sont inscrits à l’école en Colombie, car les écoles vénézuéliennes sont aussi touchées par la crise et fonctionnent au ralenti.
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Avec notre envoyé spécial à San Antonio del Tachira, Benjamin Delille
Aymara, 32 ans, habite un quartier populaire de San Antonio. Cette ancienne enseignante assure que les écoles vénézuéliennes n’ont plus suffisamment de professeurs, et pas même de quoi nourrir leurs élèves.
Elle a profité de la nationalité colombienne de son mari pour envoyer ses deux enfants étudier de l’autre côté de la frontière. « L'avantage de l’école où vont mes enfants, c’est qu’ils ont un goûter et un déjeuner. Ils ont aussi un psychologue qui les aide beaucoup, car la plupart des enfants vénézuéliens ont des traumatismes psychologiques », confie-t-elle.
À la frontière colombienne, les passeurs illégaux longe le pont Simon Bolivar sous le regard de la police et des militaires. #14Jun pic.twitter.com/3HwIHj1Tw8
Benjamin Delille (@BenjiDelylo) 14 juin 2019
L’inconvénient selon Aymara, c’est le passage de la frontière, matin et soir. « C’est un sacrifice de les faire traverser le pont tous les jours, car il y a de plus en plus de monde. Surtout en ce moment avec les conteneurs qui ralentissent le passage… Les militaires nous retiennent parfois pendant 20 minutes. »
Pendant toute la durée de la fermeture de la frontière, ses enfants n’ont pas pu aller à l’école. Selon la mère de famille, passer clandestinement est trop dangereux. « Je ne les ai jamais fait traverser clandestinement par la rivière. On y voit des hommes armés, ce n’est pas un endroit pour les enfants. D’autant qu’ils risqueraient de se faire emporter en cas de crue », explique Aymara.
Avec la réouverture des ponts piétons entre le Venezuela et la Colombie, rares sont ceux qui s’aventurent dans « les trochas », les passages clandestins. Ils sont contrôlés par des groupes irréguliers qui s’affrontent régulièrement (paramilitaires, colectivos, guérillas). #14Jun pic.twitter.com/OL1YAsgyFY
Benjamin Delille (@BenjiDelylo) 14 juin 2019
La situation est si critique au Venezuela que les écoles colombiennes acceptent désormais des élèves qui n’ont pas la nationalité colombienne. Encore faut-il qu’ils arrivent à passer la frontière.
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