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Nicaragua

Nicaragua: la police empêche violemment les opposants de manifester

Au Nicaragua, l’opposition avait appelé samedi 16 mars les habitants de Managua à descendre dans les rues pour exiger la libération de tous les prisonniers politiques. Mais la police a coupé court à tout rassemblement en interpellant des opposants et des journalistes avant même le début des manifestations.

La police anti-émeute nicaraguayenne a procédé à de nombreuses interpellations au début d'une manifestation contre le président Daniel Ortega, samedi 16 mars 2019.
La police anti-émeute nicaraguayenne a procédé à de nombreuses interpellations au début d'une manifestation contre le président Daniel Ortega, samedi 16 mars 2019. REUTERS/Oswaldo Rivas
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Avec notre correspondant régional, Patrick John Buffe

Il est décidément impossible de manifester au Nicaragua. Les habitants de la capitale l’ont appris une fois encore à leurs dépens. Pour éviter que l’opposition ne proteste dans les rues de Managua, la police anti-émeute s’est déployée tôt le matin dans les zones stratégiques de la ville pour empêcher toute manifestation. Dès que les opposants se sont approchés des points de réunion, ils ont été violemment réprimés. Les forces de l'ordre s'en sont également pris à des journalistes venus couvrir cette marche.

« Beaucoup de personnes ont dû se réfugier à l’intérieur d’une banque, surtout plusieurs journalistes. Nous, plus de 70 étudiants, nous nous sommes réfugiés dans une station-service et d’autres, un groupe assez nombreux aussi, ont dû se cacher dans le centre commercial pour échapper à la répression policière », raconte Dolly Mora, étudiante et membre de l’Alliance universitaire du Nicaragua.

Elle considère aujourd'hui vivre dans « un état policier qui ne nous permet pas de manifester, ce qui est pourtant notre droit constitutionnel selon l’article 54 ». « Il est très important aujourd’hui que les yeux du monde se tournent vers le Nicaragua et que les Etats-Unis, l’Union européenne et d’autres pays imposent des sanctions au gouvernement de Daniel Ortega. Il faut que le président sache que nous n’allons pas nous arrêter. Nous allons continuer à manifester et à demander la libération de tous les prisonniers politiques de ce régime assassin », prévient l'étudiante.

Des dizaines d'arrestations

Une centaine d'opposants ont été arrêtés, parmi lesquels des représentants de l’Alliance civique qui participent aux négociations entre le gouvernement et l’opposition. Tous devaient être libérés dans le courant de la soirée, selon les déclarations de la police.

L'ancienne guérilléra sandiniste Monica Baltonado fait partie des personnes arrêtées. « Ma mère, Monica Baltonado, et ma soeur, Sofana Arce, étaient en train d'arriver à la manifestation avec leur drapeau du Nicaragua, quand elles ont été violemment prises à partie par des unités anti-émeutes de la police nationale. Elles ont été arrêtées de manière arbitraire, tout comme plus d'une centaine d'autres personnes hier, comme si elles étaient des criminelles. Et c'est seulement grâce à l'intervention du nonce apostolique, qui est l'ambassadeur du Vatican au Nicaragua, que le régime a finalement libéré toutes les personnes qui ont été arbitrairement détenues », affirme l'opposante.

Pour elle, ces faits sont d'autant plus graves qu'ils interviennent « alors que des soit-disant négociations sont actuellement en cours au Nicaragua pour trouver une issue à 11 mois de crise socio-politique. Cela indique que Daniel Ortega n'a aucune intention de respecter les droits de la population nicaraguayenne, qu'il ne souhaite pas vraiment négocier et que la seule chose qu'il cherche c'est d'éviter d'être frappé par des sanctions de la communauté internationale ».   

Interdiction de manifester

C’était la première fois depuis fin 2018 que les opposants tentaient de descendre dans les rues. Ils bravaient ainsi l’interdiction prononcée par la police en application d’une loi votée en novembre dernier qui empêche les Nicaraguayens de manifester sans l’autorisation des autorités.

Quant aux arrestations de ce samedi, elles interviennent un jour après la libération par le gouvernement de cinquante prisonniers politiques. Des libérations par lesquelles Daniel Ortega prétendait montrer sa bonne volonté pour que se poursuive le dialogue visant à trouver une solution à la crise socio-politique qui dure depuis près d’une année. Un dialogue fragile qui risque bien d’être à nouveau interrompu après ces nouveaux actes de violence perpétrés par le régime de Daniel Ortega.

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