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Colombie

Colombie: Ivan Duque met fin au dialogue avec l'ELN après l'attentat de Bogota

Fin des négociations de paix entre le gouvernement colombien et l’ELN. Bogota attribue à cette guérilla marxiste l’attentat de jeudi qui a fait 20 morts et plus de 60 blessés, dans l’école de la police nationale de la capitale. Les négociations de paix avaient été engagées par le précédent gouvernement, elles étaient de fait suspendues depuis l’arrivée au pouvoir d’Ivan Duque, il y a cinq mois. L’organisation armée n’a ni revendiqué, ni démenti sa participation dans l’attentat.

Le président colombien Ivan Duque a annoncé la réactiation des mandats d’arrêt contre des responsables de l'ELN, le vendredi 18 janvier.
Le président colombien Ivan Duque a annoncé la réactiation des mandats d’arrêt contre des responsables de l'ELN, le vendredi 18 janvier. Courtesy of Colombian Presidency/Handout via REUTERS
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Le président Ivan Duque a pris son temps. Il a consulté ses ministres, ses militaires et, dit-il, la communauté internationale avant d’annoncer sa décision vendredi soir à la télévision; rapporte notre correspondante à BogotaMarie-Eve Detoeuf.

« A ces messieurs de l’ELN, je dis : "Ça suffit, les morts, les enlèvements, les attentats, ça suffit". La Colombie vous dit "ça suffit". Aujourd’hui j’ai mis fin à la suspension des mandats d’arrêt contre les dix délégués de l’ELN qui se trouvent à Cuba. Je remercie le gouvernement de Cuba pour la solidarité qu’il nous a exprimée hier. Aujourd’hui, je lui demande d’arrêter les terroristes qui sont sur son territoire et de les livrer à la police colombienne ».

Pas de réponse officielle du gouvernement cubain, mais un tweet du ministre des Affaires Etrangères, Bruno Rodriguez : « Cuba respectera le protocole du dialogue de paix ». Un protocole qui prévoit qu'un pays ami se charge du retour de la délégation en Colombie.

Négociations au point mort

De fait, les pourparlers entre l'ELN et le gouvernement d'Ivan Duque étant au point mort depuis 6 mois, il n'est pas certain que les 10 négociateurs en question soient toujours à Cuba. La réactivation des mandats d’arrêt met, quoiqu'il arrive, un terme à ces négociations.

Le professeur Jorge Restrepo y voit un véritable tournant. « Ce discours marque une rupture, de la part du président Ivan Duque, non seulement du processus de négociation avec l’ELN, mais de façon plus générale de la politique qui prétend trouver une issue négociée au conflit armé. Cela crée un contexte où le risque de terrorisme urbain est plus grand. »

Le Parquet colombien a par ailleurs dénoncé le fait que des guérilléros de l'ELN se réfugiaient au Venezuela voisin. Le président a donc lancé un avertissement : « Aussi, nous dénoncerons tout Etat qui protège ou permet la présence de ce groupe sur son territoire. Nous poursuivrons l'ELN avec toutes ses capacités offensives de l'Etat colombien ».

L’ELN n’a pas encore réagi à la décision du gouvernement. Dans la journée de vendredi tous les comptes Twitter de l’organisation ont été suspendus.

Une ELN radicalisée

La hache de guerre est donc déterrée. La gauche colombienne, le centre et tous les partisans du dialogue s’en désolent. La paix semble compromise et les prochains mois s’annoncent compliqués, analyse Frédéric Massé, chercheur et spécialiste de la Colombie.

« Suite à la démobilisation des FARC, l’ELN a occupé le terrain laissé vacant par les Farc dans un certain nombre de régions. Donc l’ELN s’est renforcé militairement, ce qui explique aussi pourquoi certains membres les plus radicaux de l’ELN considèrent que les négociations ne sont pas utiles, en tout cas ne sont pas utiles en ce moment. Je pense qu’on va devoir retourner dix ou vingt ans en arrière. »

Le chercheur estime que l’attaque du 17 janvier pourrait préfigurer les temps à venir. « Ce que cet attentat montre, c’est un petit peu ce qui pourrait se produire dans les prochains mois, dans les prochaines années ; une radicalisation au sein de l‘ELN, un renforcement de la politique sécuritaire, de la lutte frontale contre l’ELN de la part du gouvernement, une sorte de ni paix, ni guerre dans un certain nombre de régions du pays, et une population profondément divisée entre ceux qui insistent pour une solution négociée et ceux qui persistent dans la voie militaire pour essayer de mettre fin à l’ELN ».

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