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Brésil: Jair Bolsonaro, de lourds défis économiques

Jair Bolsonaro est officiellement le nouveau président brésilien depuis le 1er janvier 2019. Le dirigeant d’extrême droite dit s’inspirer de Donald Trump et promet de redresser le pays. Mais il le reconnaît lui-même : il ne connaît rien à l’économie. La mise en œuvre de son programme est dans les mains de son ministre ultralibéral Paulo Guedes. Leur gouvernement devra faire face à plusieurs équations complexes.

Des partisans du nouveau président brésilien brandissent un drapeau à son effigie, à Brasilia, le 1er janvier 2019.
Des partisans du nouveau président brésilien brandissent un drapeau à son effigie, à Brasilia, le 1er janvier 2019. REUTERS/Sergio Moraes
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Réduire la dette abyssale du Brésil (76% du PIB en octobre) : c’est la priorité affichée par Jair Bolsonaro qui a promis de libéraliser le pays. Paulo Guedes, chargé de diriger un « super ministère » de l’économie est un ultra-libéral, formé à l’université américaine de Chicago. Pour renflouer les comptes publics, il a prévu de privatiser 150 entreprises. La compagnie pétrolière Petrobras sera présidée par Roberto Castello Branco qui s'est dit par le passé favorable à la privatisation du groupe.

Embûches politiques

Pendant la campagne électorale, le nouveau ministre de l’Economie disait espérer faire rentrer grâce aux privatisations 1 000 milliards de réais (environ 230 milliards d'euros) dans les caisses de l'État. Ce ne sera pas de trop dans un Brésil qui ne s’est pas remis de la récession de 2015-2016 : le PIB s’était rétracté de 3,5%. La croissance a repris depuis, mais elle n’a pas retrouvé sa puissance d’antan. Elle stagne autour de 1%.

Autres éléments du programme économique du nouveau président du Brésil: une refonte fiscale et la réforme des retraites. Ce plan implique de toucher à la Constitution : les 3/5 des votes du Congrès seront nécessaires. Mais le parti de Jair Bolsonaro dispose de moins d’un dixième des sièges. Il lui faudra donc nouer des alliances avec d’autres groupes politiques pour faire passer ces mesures controversées. Vont-elles accentuer les disparités sociales ? La Banque mondiale estime que le Brésil est le 9e pays le plus inégalitaire de la planète.

Contexte défavorable

Défi supplémentaire : la conjoncture économique mondiale défavorable aux exportations du Brésil. Ses sous-sols regorgent de pétrole : une manne en temps normal. Mais depuis octobre, le cours de l’or noir chute. Et le pays pourrait souffrir du ralentissement économique de la Chine, son principal partenaire commercial. La nouvelle équipe au pouvoir entend d’ailleurs encourager l'investissement étranger.

Parmi les atouts du Brésil, outre ses ressources naturelles abondantes : un secteur industriel dynamique (construction automobile, aéronautique, électroménager, textile...). C'est l’un des principaux producteurs et exportateurs mondiaux de café, de sucre, de jus d'orange, d'éthanol, de minerai de fer, de soja, de viande bovine et de volaille. Le tourisme est également un filon pour la première économie du continent.

Eléments encourageants

Malgré les doutes et les critiques, le monde des affaires est plutôt enthousiaste. Beaucoup d’entreprises se sont réjouies des promesses de Jair Bolsonaro. Et sur l’ensemble de l’année 2018, la Bourse de Sao Paulo (à l’opposé des autres grandes places financières) s'est envolée de plus de 13%, dans l’attente d’une politique ultralibérale.

Les marchés tablent sur une accélération de la croissance pour 2019 - de 2 à 2,5%. Signe encourageant : la publication des chiffres officiels de l’emploi, quelques jours avant l’investiture du chef de l’Etat. Le taux de chômage a légèrement reculé à 11,6% sur le trimestre de septembre à novembre. C’est la huitième baisse consécutive. Le Brésil compte encore 12,2 millions de chômeurs.


Paulo Guedes, le « Chicago boy »

Surnommé « Chicago Boy », parce que formé dans cette ville américaine, dans une université privée réputée pour son enseignement ultralibéral, Paulo Gudes, nouveau ministre de l'Economie, âgé de 69 ans, est le mentor de Jair Bolsonaro.

Paulo Guedes étudie aux côtés d'économistes chiliens proches du régime d'Augusto Pinochet. C'est d'ailleurs au Chili, en pleine dictature militaire, qu'il part enseigner les thèses libérales. C'est l'un des épisodes les plus controversés de sa carrière. Il se lance ensuite dans les affaires et fait fortune en pariant sur la baisse des marchés financiers.

Pendant la campagne électorale, le candidat Bolsonaro en fait son conseiller économique. Une priorité : réduire les déficits grâce aux privatisations d'entreprises. Aujourd'hui à la tête de la première économie du continent, Bolsonaro a placé Guedes aux commandes d'un ministère aux compétences élargies englobant l'économie, la planification, l'industrie, et le commerce extérieur.

Connu pour son indépendance d'esprit et son fort ego, cet ancien banquier né à Rio espère réduire la dette, relancer la croissance et faire baisser le chômage. Une thérapie de choc que les marchés financiers semblent tous appeler de leurs voeux.
RFI

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